Faut-il avoir peur des franchises de cliniques à l’anglo-saxonne ? - La Semaine Vétérinaire n° 1294 du 14/12/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1294 du 14/12/2007

Entre nous

FORUM

Pourquoi interdire les financements privés ?

Jean-Mathieu Ricard, praticien salarié à Nuits-Saint-Georges (Côtes-d'Or).

L’idée d’introduire en France des franchises qui regrouperaient des cliniques vétérinaires, comme cela se fait dans certains pays anglo-saxons, ne me choque pas a priori. Nos structures sont des entreprises comme d’autres qui, pour assurer leur mission de service de soins, doivent investir en permanence, en moyens humains et matériels. Ces investissements indispensables sont de plus en plus lourds. Pour pouvoir les réaliser, il faut faire des bénéfices et trouver des solutions : regrouper des structures, réunir les compétences, déplafonner le nombre d’associés et de salariés par associé pour agrandir nos entreprises, faire entrer de l’argent “non vétérinaire” dans le capital, etc. Au Royaume-Uni, j’ai rencontré un confrère qui possède trois cliniques, dans lesquelles neuf praticiens salariés travaillent. Aujourd’hui, il existe même des cliniques qui appartiennent à des auxiliaires et qui emploient des praticiens salariés. Pourquoi pas ? L’exercice de la médecine et de la chirurgie vétérinaires n’implique pas obligatoirement d’être libéral. Si des financements privés sont disponibles, pourquoi les interdire et s’en priver ? La France compte bien des structures en partie financées par de l’argent public… Et l’article 43 du Code de déontologie garantit au praticien salarié son indépendance dans tous les actes qui relèvent de la possession de son diplôme (indépendance d’exercice et de prescription).

Ce serait tirer la profession vers le bas

Rémi Gellé, président du Syndicat national des vétérinaires d'exercice libéral (SNVEL).

Les franchises ? Ce serait perdre notre indépendance, notre liberté d’exercice et de prescription. Si le but est d’avoir une enseigne, de type “clinique du laboratoire Untel” en Grande-Bretagne, où tout est soumis à l’emprise de la marque, des médicaments prescrits à la blouse des vétérinaires, non merci ! Cela revient à lier toute l’activité du vétérinaire au seul chiffre d’affaires d’un laboratoire. C’est tirer la profession vers le bas.

Quant aux cliniques spécialisées qui ne font que des vaccinations ou des stérilisations, est-il possible de dire que ce sont encore des vétérinaires qui y travaillent ? Non, ce sont des sous-vétérinaires. Cela est inimaginable en France, encore moins à l’heure de la formation continue. Je me souviens d’avoir lu, il y a quelques années, la lettre d’une consœur qui expliquait n’avoir pas exercé depuis quinze ans et demandait à l’Ordre la possibilité d’ouvrir un cabinet qui ne ferait que de la vaccination. Bien entendu, cela lui a été refusé, car aller dans ce sens donne raison à ceux qui veulent perdre la profession. Il est envisageable de déréglementer, mais alors il ne faut pas demander aux gens d’avoir un niveau bac + 7. Il est possible d’estimer qu’un vétérinaire n’est pas nécessaire pour faire une vaccination ou réaliser un vêlage. Mais que se passe-t-il en cas de complications cardiaques ou lorsqu’une artère vaginale se rompt ? Nos concitoyens ne peuvent pas nous demander toujours plus de sécurité dans les actes, de transparence, de conseils et souhaiter en même temps des prix cassés.

Je ne suis pas personnellement opposé à l’ouverture du capital, sous certaines conditions

Christian Rondeau, président de l'Ordre des vétérinaires.

Le Conseil national n’a pas encore débattu de ces questions et je ne peux donc pas donner la position officielle de l’Ordre.

Je ne m’exprime qu’en mon nom. Je considère que nous devons éviter la création de réseaux de cliniques, car nous devons respecter le libre choix du client.

Or les réseaux pèseraient justement sur leur choix en les rendant captifs. Il faut également refuser la création de cliniques qui n’effectueraient que des actes spécifiques, comme la stérilisation ou la vaccination. La médecine vétérinaire est une et indivisible. Cependant, je ne suis pas personnellement opposé à l’ouverture du capital des sociétés d’exercice libéral à des capitaux non vétérinaires, sous certaines conditions. Le premier impératif est d’éviter le conflit d’intérêt entre capital et compétence. L’argent doit être neutre pour ne pas remettre en cause l’indépendance et la liberté du vétérinaire. Ainsi, la participation au capital d’industriels du médicament est inacceptable. Il en est de même pour les éleveurs, car qu’en serait-il de la certification ? Nous devons donc réfléchir à un dispositif qui permettra de “cadrer” l’origine du capital, ce qui n’est pas si simple. Comment être certain que derrière une holding d’apparence purement financière, ne se cache pas, grâce à de multiples sociétés écrans, tel ou tel groupe industriel ? C’est la réflexion que va devoir mener l’Ordre dans les mois à venir.

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