En élevage biologique, un, deux, voire trois traitements allopathiques sont autorisés - La Semaine Vétérinaire n° 1293 du 07/12/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1293 du 07/12/2007

Pratique vétérinaire en productions animales “bio”

À la une

Auteur(s) : N. D.

Le calcul des traitements autorisés pour les animaux destinés à la production de viande et pour les poules pondeuses est réalisé animal par animal, et par groupe d’animaux pour la production laitière.

Dans les années 90, à la suite de différentes crises sanitaires, celle de la “vache folle” notamment, l’élevage biologique a commencé à s’imposer, en Europe comme en France. Le terme d’agriculture biologique apparaît en 1991 dans un règlement européen qui reconnaît officiellement ce mode de production (voir encadré en page 35). Les ministres européens ont adopté, en 1999, le règlement pour les productions animales biologiques (appelé Repab-E), entré en application en août 2000. Comme cela était autorisé, la France a élaboré son propre cahier des charges pour compléter ce règlement, le Repab-F (dont la dernière mise à jour date d’avril 2007). Il prévoit des dispositions plus strictes que le règlement communautaire. De la vache à l’escargot en passant par l’abeille, toutes les productions animales (ou presque) sont concernées. L’élevage, dans le cadre de l’agriculture biologique, est une production liée au sol et les animaux doivent avoir accès à des espaces en plein air. Outre les conditions d’origine des animaux, d’alimentation (les aliments doivent être biologiques, etc.), de surfaces allouables à l’élevage, le Repab-F détaille, dans son chapitre 5, les dispositions à respecter concernant les prophylaxies et les soins vétérinaires. Ainsi, en élevage biologique, la prévention des maladies animales repose sur plusieurs principes :

- le choix de races et de souches appropriées (adaptabilité des animaux et résistance aux maladies notamment) ;

- l’application de pratiques d’élevage adaptées aux besoins des différentes espèces (faciliter une bonne résistance aux maladies et prévenir les infections) ;

- l’utilisation d’aliments de qualité, couplée à la pratique régulière d’exercice et à l’accès aux pâturages, de façon à stimuler les défenses immunitaires naturelles de l’animal ;

- le maintien d’une densité de peuplement appropriée, pour éviter le sureffectif et les zoopathies qui peuvent en découler.

Le Repab français a en outre ajouté des mesures de précaution lors de l’introduction d’animaux extérieurs à l’exploitation.

Phytothérapie, homéopathie et oligo-éléments sont à privilégier

Selon le Repab-F, ces premiers principes doivent permettre de limiter les problèmes sanitaires pour que la santé des animaux puisse être gérée dans un cadre principalement préventif. Si, malgré tout, un animal venait à être malade ou blessé, il doit être soigné immédiatement (chapitres 5.2 et 5.3).

Le chapitre 5.4 du Repab explique, lui, les principes d’utilisation de médicaments vétérinaires. Ainsi, les produits phytothérapiques (notamment extraits de plantes), les produits homéopathiques, ainsi que les oligo-éléments et les substances énumérées en annexe du règlement doivent être utilisés de préférence aux médicaments vétérinaires allopathiques chimiques de synthèse ou aux antibiotiques, à condition qu’ils aient un effet thérapeutique réel sur l’espèce animale concernée et aux fins spécifiques du traitement. Si ces produits se révèlent inefficaces, il est possible de recourir à des médicaments vétérinaires allopathiques chimiques de synthèse ou à des antibiotiques, sous la responsabilité d’un vétérinaire (et de l’éleveur dans le Repab-F). Mais l’utilisation de telles substances à des fins de traitement préventif est interdite.

Le chapitre 5.5 précise que l’emploi de substances destinées à stimuler la croissance ou la production (y compris les antibiotiques, les coccidiostatiques ou d’autres auxiliaires artificiels), ainsi que l’utilisation d’hormones ou de substances analogues, entre autres pour maîtriser la reproduction (par exemple pour synchroniser les chaleurs), sont prohibées. Toutefois, des hormones peuvent être utilisées, pour un animal déterminé, dans le cadre d’un traitement curatif.

En outre, lorsqu’une zoopathie est constatée dans une zone déterminée où se trouve l’unité de production, les soins vétérinaires aux animaux, ainsi que le traitement des bâtiments et des installations, y compris l’emploi de médicaments vétérinaires à des fins d’immunisation, sont autorisés.

Le délai d’attente lors de l’utilisation de médicaments allopathiques est doublé

Sous la référence du mode de production biologique, le temps d’attente lors de recours aux médicaments vétérinaires allopathiques est doublé par rapport au délai légal (ou en l’absence de ce dernier), fixé à quarante-huit heures (chapitre 5.7). En dehors des vaccinations non interdites (chapitre 5.8.1, point 5.9.2) et des plans d’éradication obligatoire mis en place par les Etats membres, si des animaux reçoivent plus de traitements à base de médicaments vétérinaires allopathiques chimiques de synthèse ou d’antibiotiques (voir tableau), ils (ou leur viande) ne peuvent être vendus en tant que produits biologiques et ils doivent être soumis à des périodes de conversion, sous réserve de l’accord de l’organisme de contrôle. Le Repab-F précise que le calcul du nombre de traitements autorisés (y compris les antiparasitaires) pour les animaux destinés à la production de viande se fait animal par animal, de même que pour les poules pondeuses. En revanche, le calcul du nombre de traitements autorisés (y compris les antiparasitaires) pour les animaux destinés à la production laitière se fait par groupe. Cependant, pour chaque animal, le nombre de traitements autorisés ne peut être supérieur que d’un au nombre de traitements autorisés pour le groupe d’animaux. En cas de dépassement, la production laitière est déclassée et l’animal subit une période de conversion d’une durée de six mois. Le Repab-F risque d’être bientôt bouleversé. En effet, le 12 juin dernier, les ministres de l’Agriculture de l’Union se sont mis d’accord sur un projet de nouveau règlement européen sur la production biologique. Il devrait autoriser que la limite de 0,9 % de présence accidentelle fortuite et inévitable d’organismes génétiquement modifiés s’applique aussi aux produits “bio”. Or cette disposition n’est pas du goût des adeptes de l’agriculture biologique.

RÉGLEMENTATION

• Règlement CEE n° 2092/91 qui concerne au départ les productions végétales

• Règlement CE n° 1804/99 qui complète le règlement CEE n° 2092/91

• Le Repab-F est consultable à l’adresse http://agriculture.gouv.fr/sections/thematiques/alimentation/signes-de-qualite/les-signes-d-identification-de-la-qualite-et-de-l-origine/l-agriculture-biologique

• Règlement CE n° 834/2007 du 28/6/2007 relatif à la production biologique et à l’étiquetage des produits biologiques qui abroge le règlement CEE n° 2092/91.

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