Ouvrir les vannes et fabriquer des vétérinaires en grand nombre serait un non-sens - La Semaine Vétérinaire n° 1291 du 23/11/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1291 du 23/11/2007

Entre nous

VOUS AVEZ LA PAROLE

Auteur(s) : Vicent Coupry

Fonctions : praticien à Cholet (Maine-et-Loire)

Je souhaite réagir au récent courrier de ma consœur Anne Decuyper(1).

Je suis en profond désaccord avec elle. Pour quelles raisons les jeunes vont-ils se former en Belgique ? Pour ne pas passer le concours français, d’un niveau particulièrement élevé et assorti, comme tout concours, d’un numerus clausus selon le nombre de places disponibles. Ma consœur évoque le niveau des études françaises. Dois-je lui rappeler que l’instauration d’un concours à l’entrée des universités belges n’a rien changé à la proportion d’étudiants français admis, leurs résultats étant meilleurs que ceux des Belges ? Quant à la formation dans les écoles, je ne suis pas certain qu’elle soit plus performante en Belgique, dans des amphithéâtres surpeuplés. Ces étudiants reviennent-ils en France parce que nous manquons de vétérinaires ? Je pense que la première raison de leur retour tient d’abord à leur nationalité française. Ce retour est prévu dès le départ. La France ne manque pas de vétérinaires. En dix ans, leur nombre a augmenté de 80 %, tandis que le “gâteau” qu’ils se partagent ne s’est accru que de 30 %. En revanche, l’évolution de notre société entraîne un déséquilibre entre les ruraux et les canins, avec un manque flagrant de confrères et de consœurs intéressés par le secteur rural. La féminisation de la profession ne me semble pas non plus étrangère à ce déséquilibre. Ma consœur se plaint des difficultés à trouver un remplaçant, un aide ou un associé.

En effet, ce problème doit se rencontrer dans la pratique rurale, mais pas en canine. Quoique ! L’analyse des annonces(2) montre que les offres d’aide ne concernent souvent qu’un ou deux jours par semaine, ce qui est difficilement viable. Quant aux remplacements, ils ne sont aussi proposés que pour quelques jours ou sont regroupés au moment des congés scolaires. Je ne critique pas, car j’agis également ainsi, je dresse simplement un constat. Lorsque je suis sorti de l’école, en 1990, il y avait environ 5 000 vétérinaires pour 750 assistants. L’effectif actuel est de 8 000 pour 3 500(2), soit près d’un assistant pour deux praticiens installés. Il ne me semble donc pas y avoir un manque de vétérinaires en France. La plupart des jeunes confrères font part de leur difficulté à trouver un emploi suffisant pour vivre, déclaré à l’Urssaf, situé à une distance acceptable de leur domicile. La pléthore d’assistants favorise une “maltraitance” des jeunes de la part de certains confrères. Il existe quatre écoles vétérinaires en France, avec leurs défauts certainement, et une seule en Belgique, avec des amphithéâtres surpeuplés et une telle production de diplômés par habitant que la situation des confrères belges n’est pas enviable (40 % des structures en Belgique ne sont pas rentables(2)). Qui est responsable d’un déséquilibre ? La France qui cherche à éviter une paupérisation de la profession en limitant le nombre de vétérinaires ou la Belgique qui forme sans limite aucune des vétérinaires en surnombre, comme le font aussi l’Italie, l’Espagne et le Portugal ? Ma consœur affirme qu’elle aurait pu s’installer à des centaines d’endroits sans difficulté. Quelle chance ! Moi, j’ai eu du mal à trouver une clinique correspondant à ma recherche, pourtant peu exigeante : une ville moyenne (avec collège et lycée) du grand Ouest. Les praticiens et les praticiennes qui “galèrent”, attendent le client, voire déposent le bilan, doivent être contents de savoir qu’il y avait des centaines d’endroits où ouvrir leur clinique sans problème. Oui, c’est un non-sens que 60 % des vétérinaires inscrits à l’Ordre en 2006 aient obtenu leur diplôme en Belgique. Mais le non-sens serait aussi d’ouvrir les vannes, de fabriquer des vétérinaires en grand nombre, qui s’installeraient un peu partout, de façon anarchique, simplement pour pouvoir travailler, à l’image de ce qui se passe en Italie ou en Espagne.

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1289 des 2 et 9/11/2007 en page 9.

  • (2) Source : La Semaine Vétérinaire.

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