Les changements climatiques déboussolent les migrateurs - La Semaine Vétérinaire n° 1289 du 02/11/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1289 du 02/11/2007

Oiseaux sauvages

À la une

Auteur(s) : Nathalie Devos

Le réchauffement climatique a une réelle influence sur la biologie des oiseaux migrateurs, expliquent les ornithologues et autres spécialistes. De nombreuses populations ou communautés d’oiseaux sont suivies à travers le monde par des scientifiques, parfois depuis plus de cinquante ans. Or ces derniers font état de changements multiples et convergents de leurs aires de distribution, de leurs systèmes de migration, ainsi que des calendriers de leur reproduction et de leur migration.

Pas moins de cent quatre-vingt-seize des quatre centre trente-cinq espèces qui se reproduisent en Europe ont avancé leur aire de distribution vers le nord ou le nord-ouest depuis la fin du siècle dernier, alors que trente-deux seulement se sont retirées vers le sud ou le sud-est, indique le Cemagref(1).

Le réchauffement climatique change totalement les habitudes de certains oiseaux

Par ailleurs, certains oiseaux migrateurs reviennent de plus en plus tôt de leurs lieux de migration et repartent parfois plus tard, comme le confirme une étude publiée en octobre 2003(2). Elle s’appuie sur des relevés effectués dans l’Oxfordshire, au centre de l’Angleterre, entre 1971 et 2000. Elle compile des données récoltées chez vingt espèces qui traversent le Sahara et pour lesquelles au moins vingt-cinq dates de départ et d’arrivée sont disponibles depuis trente ans. Les résultats mettent en évidence que dix-sept de ces espèces arrivent plus tôt dans l’Oxfordshire (en moyenne avec huit jours d’avance par rapport à 1971). Quinze d’entre elles partent également plus tôt de cette région.

Certains oiseaux migrateurs modifient même totalement leurs habitudes. Ils écourtent leur migration, en faisant l’impasse sur la traversée du Sahara, et hivernent sur le pourtour méditerranéen ou le long des côtes Atlantiques. Certains migrateurs transsahariens, comme la cigogne blanche, le milan noir, l’échasse blanche, la guifette moustac et même parfois les hirondelles, commencent à hiverner en petit nombre en France. D’autres, comme l’oie cendrée, qui ne faisaient que passer entre l’Europe boréale et l’Afrique tropicale, s’arrêtent désormais en France et en Espagne.

Probablement à la suite du réchauffement de la planète, des espèces comme le pouillot véloce ou la fauvette à tête noire commencent, pour leur part, à hiverner de plus en plus souvent sous nos latitudes. A l’avenir, peut-être pourraient-elles même devenir sédentaires !

Le gobemouche noir, oiseau migrateur au long cours, est particulièrement affecté par le réchauffement. Il ne remonte du fin fond de l’Afrique que sous l’effet de son horloge interne et arrive souvent trop tard par rapport au pic d’émergence des chenilles dont il se nourrit, lequel est avancé en raison des températures plus douces. Il se produit alors un décalage entre la présence maximale des insectes et la période de nourrissage des petits, d’où un stress physiologique, une faiblesse plus grande vis-à-vis des prédateurs et une mortalité accrue de ce migrateur.

En revanche, les spécialistes soulignent que le réchauffement peut profiter aux espèces non migratrices. Les merles et les rouges-gorges seraient favorisés. Leur reproduction débuterait plus précocement, ce qui permettrait l’apparition de plusieurs nichées ou, au moins, un meilleur succès dans l’élevage des jeunes.

Au-delà des changements observés dans les comportements de certains oiseaux migrateurs et de leurs écosystèmes, il est légitime de s’interroger sur les éventuelles conséquences épidémiologiques que cela peut entraîner sur les parasites et/ou les agents pathogènes qu’ils hébergent. La question se pose pour le virus hautement pathogène de l’influenza aviaire (même si le portage de ce virus divise les scientifiques) ou celui de la fièvre de West Nile.

  • (1) Institut de recherche pour l’ingénierie de l’agriculture et de l’environnement.

  • (2) Peter A. Cotton : « Avian migration phenology and global climate change », PNAS, 2003, vol. 100, n° 21, pp. 12219-12222.

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