La notion de douleur passe encore mal en clientèle rurale - La Semaine Vétérinaire n° 1289 du 02/11/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1289 du 02/11/2007

Symposium. Autour de la souffrance chez les bovins

Actualité

Auteur(s) : Jean-Pascal Guillet

Pour 50 à 75 % des actes qu’ils subissent, les bovins ne reçoivent pas ou peu d’antalgiques. Ce résultat provient d’une enquête anglaise réalisée auprès de six cent quinze praticiens ruraux britanniques(1). En France, aucune étude de ce genre n’a encore été réalisée. « Mais la situation est certainement comparable », selon Arnaud Darnis, vétérinaire technique rural chez Vétoquinol. Notre confrère s’est exprimé en préambule du symposium sur la douleur chez les bovins, organisé le 11 octobre dernier, à Paris(2). Marc Gogny, de l’école de Nantes, était bien placé pour animer cette manifestation. En effet, professeur de physiologie, de pharmaco-dynamie et de thérapeutique, notre confrère est l’un des fondateurs de l’Association vétérinaire pour l’anesthésie et l’analgésie animale (4aVét), avec Patrick Verwaerde (école de Toulouse), Christophe Desbois (école d’Alfort) et Eric Troncy (université de Montréal, Canada). Ce dernier faisait également partie des intervenants, aux côtés de Nathalie Bareille, Delphine Holopherne (école de Nantes) et Arnaud Bohy, praticien à Epinac (Saône-et-Loire).

Les effets de la douleur sur les performances sont peu documentés

« Chez les bovins, les praticiens disent avoir du mal à se persuader de la réalité de la douleur, a expliqué Marc Gogny. Tous les arguments convergent pour montrer qu’il existe une noci-ception et probablement un ressenti douloureux identiques chez tous les mammifères, même s’il se traduit de façon différente dans le comportement. » Convaincre le vétérinaire, mais aussi l’éleveur, de la réalité de la douleur chez les bovins et de ses répercussions sur la santé et les performances de l’animal est l’objectif de Vétoquinol, qui avait d’ailleurs convié la presse professionnelle agricole à son symposium.

« Les effets de la douleur sur les performances des bovins sont peu documentés », a souligné Nathalie Bareille. De récentes expérimentations visant à mieux appréhender la souffrance dans cette espèce ont été réalisées par Eric Troncy. Les résultats montrent que la VPS(1) (grille de douleur multiparamétrique vétérinaire, qui repose sur l’observation de critères physiologiques, de réactions aux soins et de critères comportementaux), l’algésimétrie mécanique (tests nociceptifs) et la noradrénaline céphalorachidienne peuvent constituer des outils de diagnostic et de quantification de la douleur fiables et valides chez les bovins.

Par ailleurs, une autre étude menée par notre confrère met en évidence l’existence d’un contrôle central de la douleur par l’acide tolfénamique et valide son efficacité lorsqu’il est administré préventivement à une procédure traumatique. L’expérimentation valide également l’efficacité de la molécule utilisée en situation post-traumatique. « Toutefois, l’analgésie post-traumatique semble produire de meilleurs effets lorsqu’une analgésie est réalisée préventivement à la procédure douloureuse. »

Donner des preuves simples et chiffrables de l’intérêt de lutter contre la douleur

Delphine Holopherne a donné aux praticiens ruraux des stratégies analgésiques utilisables sur le terrain. « Afin d’optimiser la gestion de la douleur, il est souhaitable d’utiliser non pas un, mais plusieurs analgésiques », a-t-elle indiqué. La gestion de la douleur chez les bovins se heurte toutefois à un problème d’acceptabilité par les vétérinaires et les éleveurs, notamment en raison du coût des produits employés. Cette difficulté a été soulignée par Arnaud Bohy. Notre confrère a mené deux suivis pratiques dans sa clientèle. Ils mettent en évidence que l’anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) administré de façon préventive à une intervention chirurgicale (“gros nombril” et césarienne), puis renouvelé en phase postopératoire, permet une meilleure récupération de l’animal et une limitation des effets néfastes de la chirurgie. Mais Arnaud Bohy a insisté sur la nécessité de présenter des preuves simples et chiffrables de l’intérêt de l’utilisation d’AINS, de manière à faire accepter la facturation du produit à l’éleveur, principal frein à son utilisation.

  • (1) J.N. Huxley et coll. : « Current attitude of cattle practitioners to pain and the use of analgesics in cattle », Vet. Rec., 2006, n° 159, pp. 662-668.

  • (2) « La douleur chez les bovins. Quelles réalités ? Ou comment le vétérinaire peut optimiser la prise en charge de la douleur et limiter ses conséquences cliniques zootechniques. »

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