La chenille processionnaire du pin est une nouvelle nuisance urbaine

La chenille processionnaire du pin (Thaumetopoea pityocampa) est responsable, chez l’animal qui entre en contact avec ses poils urticants, de lésions sévères, principalement des glossites. Ce type d’envenimation touche surtout le chien. La proximité de résineux ou les promenades dans les forêts de pin sont de règle dans le recueil des commémoratifs. Cette envenimation est également un problème de santé publique majeur chez l’homme (lésions cutanées, oculaires, respiratoires, choc anaphylactique). Cette chenille ne se rencontrait traditionnellement que dans les zones méditerranéennes (présence de résineux dont elle se nourrit et climat favorable à son développement). Son aire de répartition varie rapidement selon l’évolution du climat, car elle est sensible à l’élévation de la température durant l’hiver, saison pendant laquelle elle se développe. Son alimentation nocturne est en effet conditionnée par la succession d’une température supérieure à 9 °C dans le nid durant le jour et d’une température de l’air supérieure à 0 °C la nuit suivante.

Une progression en latitude et en altitude

La chenille du pin progresse depuis plusieurs décennies vers le nord de la France. Avec une augmentation moyenne de 1 °C de la température hivernale, le bassin parisien est devenu favorable à son développement entre 2000 et 2004. La processionnaire se trouve désormais à 36 km de Paris, profitant de l’augmentation des jours favorables à l’alimentation entre octobre et mars. Les chercheurs de l’Inra d’Orléans ont montré que l’expansion latitudinale moyenne sur les trente dernières années a été de 27,1 km par décade dans le bassin parisien, avec une forte accélération à 55,6 km pour la période 1994-2004. Ils prédisent qu’avec un réchauffement climatique de 3 °C et un doublement du taux de CO₂ entre 1975 et 2100, Paris sera atteint en 2025. La plantation systématique de pins noirs le long des autoroutes au sud de Paris favoriserait cette expansion. La chenille processionnaire gagne également de la hauteur : la progression moyenne en altitude s’établit à 49,7 m/décade dans les Alpes. Un peu partout en Europe fleurissent des observatoires pour améliorer la prévention. La lutte est pilotée en France par les fédérations de défense contre les organismes nuisibles, en relation avec les communes et les Directions départementales des affaires sanitaires et sociales (DDASS). Toutefois, le réchauffement climatique présente des effets contrastés, car la plupart des œufs de chenilles processionnaires ont été détruits lors de la canicule de 2003.