Une mise au point, concernant quelques affections orthopédiques, est utile - La Semaine Vétérinaire n° 1288 du 26/10/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1288 du 26/10/2007

Orthopédie

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Patrice Rault

En dix ans, les connaissances sur la dysplasie coxo-fémorale et la rupture du ligament croisé antérieur ont beaucoup évolué, de même que leur prise en charge.

Pour faire la chasse aux idées reçues et confirmer l’intérêt de nouveau concepts, notre confrère Bernard Bouvy a réalisé une brève mise au point concernant la dysplasie coxo-fémorale, ainsi que la rupture du ligament croisé antérieur.

L’idée que le diagnostic de certitude de la dysplasie coxo-fémorale ne peut être établi que chez un chien âgé d’un an au moins est fausse. Un indice de subluxation latérale (DI) supérieur à 0,7 chez un chiot indique une probabilité supérieure à 95 % qu’il soit dysplasique à l’âge adulte. Cet indice peut être calculé dès l’âge de trois mois (voir schéma). L’incidence de la dysplasie est linéaire tout au long de la vie (donc bien au-delà d’un an). Chez le labrador, l’arthrose, en tant que signature d’une dysplasie coxo-fémorale, apparaît à la radiographie à un âge médian de six ans. Celui-ci est reporté à douze ans lors de restriction alimentaire(1). Selon notre confrère, tout n’est donc pas joué à un an, comme tend à le faire penser le système de sélection officiel.

De multiples moyens de gérer efficacement la coxarthrose sont disponibles

Pour un chien, le fait d’être dysplasique et coxarthrosique n’est certainement pas une fatalité clinique. La corrélation entre les lésions radiologiques et les signes cliniques est nulle. La situation ne doit jamais être envisagée comme catastrophique. Il est important de rassurer les propriétaires et de leur assurer que leur animal n’est pas condamné à la paralysie. Il ne s’agit en aucun cas d’une indication d’euthanasie. De multiples moyens de gérer efficacement la coxarthrose et ses conséquences sont disponibles. La symphysiodièse pubienne (cautérisation du cartilage pubien) est une intervention de choix chez un chiot dysplasique âgé de moins de vingt semaines (idéalement moins de dix-huit) à DI supérieur à 0,6. A un âge plus avancé, un chiot bien sélectionné bénéficiera d’une triple ostéotomie du bassin à long terme, sur les plans fonctionnel et lésionnel. Une radiographie permissive (pas d’arthrose importante ni de comblement de cotyle), ainsi qu’une arthroscopie favorable (cartilages préservés, en particulier le rebord acétabulaire ou Labrum) permettent la meilleure sélection possible de ces chiots.

La chirurgie n’est pas à envisager dès la découverte radiologique d’une coxarthrose chez un chien adulte. En pratique, elle est toujours réalisée en dernier recours chez l’adulte. Une bonne prise en charge de la douleur chronique est en revanche essentielle. Les cures longues, d’au moins six semaines de traitement, sont à privilégier. Une alimentation diététique, de l’exercice régulier, ainsi qu’une rééducation adaptée permettent de gérer la plupart de ces cas sans recours à la chirurgie.

En outre, huit à dix implants d’or métallique (Goldtreat®) peuvent être instillés autour de l’articulation coxo-fémorale. Ils agiront comme un anti-inflammatoire local à long terme et permettront également d’éviter l’opération (voir photo ci-dessus).

Ainsi, en une dizaine d’années, la gestion de la dysplasie coxo-fémorale, en médecine vétérinaire, a bien évolué. Tout d’abord, le diagnostic peut être obtenu précocement, dès l’âge de trois mois. Les chirurgies correctrices ciblées (symphysiodièse pubienne, triple ostéotomie du bassin) occupent désormais une place de choix. En outre, chez l’adulte, l’approche chirurgicale n’est envisagée qu’en dernier recours.

La radiographie de profil du genou sert au diagnostic de rupture du ligament croisé

Un grand chien adulte qui boite subitement du train arrière ne souffre pas obligatoirement de dysplasie coxo-fémorale. Il s’agit plus probablement d’une rupture du ligament croisé antérieur. « Even if it is not a cruciate IT IS a cruciate », affirme Don Hulse, spécialiste et professeur d’orthopédie canine au Texas, en parlant du diagnostic des boiteries de membres pelviens chez les grands chiens adultes. Lors de rupture du ligament croisé antérieur, même débutante, le genou est gros et, lorsque le chien s’accroupit, il ne fléchit pas autant le membre atteint. Ces signes d’appels doivent interpeller le clinicien. La radiographie de profil du genou est intéressante pour le diagnostic. Elle permet de repérer les signes d’arthrose et de synovite, présents dans presque toute rupture. L’idée que cette affection est souvent d’origine traumatique est erronée. En effet, la plupart des chiens sont arthrosiques au moment du diagnostic. La rupture du ligament croisé antérieur est aujourd’hui plutôt considérée comme un phénomène dégénératif. Lors du diagnostic, une intervention chirurgicale en première intention est de mise. Le nivellement du plateau tibial par ostéotomie est indiqué chez les chiens de grande taille, actifs et obèses. Il s’envisage pour les ruptures du ligament croisé antérieur partielles, bilatérales, pour les genoux hyperétendus et lorsque la pente tibiale est supérieure à 25°.

En dix ans, le diagnostic de la rupture du ligament croisé antérieur s’est affiné et est devenu plus précoce. Cette affection n’est plus systématiquement associée à un traumatisme. En outre, la chirurgie osseuse plutôt que ligamentaire a bien progressé comme traitement des ruptures du ligament croisé antérieur.

  • (1) G.K. Smith et coll. : « Lifelong diet restriction and radiographic evidence of osteoarthritis of the hip joint in dogs », JAVMA, 2006.

CONFÉRENCIER

Bernard Bouvy, Centre hospitalier vétérinaire Frégis, service de chirurgie.

« Vraies et fausses idées : hanche et grasset du chien », table ronde à Frégis du 2 octobre 2007.

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