« La blue tongue force notre vigilance pour le futur » - La Semaine Vétérinaire n° 1288 du 26/10/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1288 du 26/10/2007

Entretien avec Thierry Baldet, entomologiste au Cirad(1)

À la une

Auteur(s) : Michel Bertrou

La Semaine Vétérinaire : En quoi consiste la surveillance entomologique concernant l’épizootie actuelle au nord de l’Europe ?

Thierry Baldet : Dans cette partie du continent, où le vecteur de la blue tongue le plus étudié, Culicoides imicola, n’est pas présent, nous réalisons un inventaire des espèces locales de moucherons dans les élevages et nous suivons la dynamique de leurs populations. Notre objectif est notamment de préciser les périodes d’inactivité vectorielle (durant lesquelles nous espérons un allégement des mesures d’interdiction des mouvements d’animaux). Dans les zones proches des foyers, nous recherchons le virus chez les moucherons, afin d’identifier le ou les vecteurs responsables. Cinq espèces sont actuellement suspectées d’être vecteurs du virus de sérotype 8 (BTV-8). Des différences sont notées entre elles en termes de gîte, de reproduction, de comportement de piqûre. Nous devons les étudier.

S. V. : Cette maladie vectorielle a-t-elle des particularités épidémiologiques ?

T. B. : Le BTV-8, responsable de l’épizootie au Nord, est d’origine subsaharienne. Nous ignorons comment il a été introduit si haut en Europe. Comme pour nombre de maladies vectorielles émergentes, il faut mettre cela sur le compte des activités humaines et de la multiplication des échanges. Mais, une fois le virus introduit, nous avons des raisons de penser que les changements climatiques ont joué un rôle dans le développement de l’épizootie.

En termes d’expansion, nous avons montré une corrélation entre l’augmentation des moyennes de températures et l’installation du vecteur dans de nouveaux territoires. Au Sud, il est par exemple avéré que le vecteur africain C. imicola s’est installé dans le Var, alors qu’il n’y existait pas avant 2004.

En termes de capacité vectorielle, les températures exceptionnellement douces de 2006 auraient favorisé la capacité des espèces locales de Culicoides à multiplier et à transmettre l’agent pathogène. L’extension actuelle, malgré un été moins chaud, montre cependant que les interactions sont particulièrement complexes entre les facteurs climatiques et anthropiques.

La réémergence de la maladie cette année soulève encore de nombreuses interrogations. Le climat a-t-il permis une présence résiduelle de Culicoides et une circulation à très bas bruit du virus en hiver, ou des virémies ont-elles persisté chez certains vertébrés ? Ces points restent à éclaircir. Ils font de la blue tongue un cas d’école qui force notre vigilance pour le futur. D’autres sérotypes de blue tongue peuvent arriver et d’autres maladies pourraient être transmises par les Culicoides.

S. V. : Existe-t-il une bonne coordination européenne ?

T. B. : C’est une nécessité dans ce contexte d’urgence où la recherche est prise de vitesse par l’actualité. Nous sommes coordinateurs du projet Eden (Emerging diseases in a changing european environment), soutenu par l’Union. Il existe depuis trois ans et essaie de comprendre et de prévenir un ensemble de maladies vectorielles prioritaires pour l’Europe : la West Nile, les maladies à tiques, les leishmanioses, les affections dont les réservoirs sont les rongeurs. La blue tongue n’avait pas été retenue au départ, car il ne s’agissait pas d’une zoonose. Depuis l’an passé, Bruxelles est plus que convaincue de la nécessité de financer des activités de recherche sur cette maladie.

  • (1) Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement.

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