Profender® est une piste pour vermifuger les reptiles de façon peu traumatisante - La Semaine Vétérinaire n° 1287 du 19/10/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1287 du 19/10/2007

Parasitologie chez les reptiles

Formation continue

FAUNE SAUVAGE ET NAC

Auteur(s) : Lionel Schilliger

Fonctions : praticien à Paris (XVIe arrondissement).

Une étude montre l’innocuité de ce spot-on à base d’émodepside et de praziquantel. Toutefois, des travaux plus approfondis devront être entrepris pour vérifier son absence de toxicité chez les individus affaiblis.

Que ce soit à l’état sauvage ou en captivité (en terrarium ou en semi-liberté), les reptiles sont souvent les hôtes (définitifs, intermédiaires, accidentels ou paraténiques(1)) de divers endoparasites. Parmi ceux-ci, les ascaris (voir photos 1 et 2) et les oxyures (voir photo 3) comptent parmi les plus fréquemment observés, en particulier chez les tortues terrestres. Ces organismes parasites sont généralement peu pathogènes, mais peuvent le devenir lors d’infestation massive ou si leur hôte est affaibli par une affection concomitante.

Pour les éradiquer, divers traitements antiparasitaires internes pour animaux domestiques sont testés de manière empirique chez les reptiles. Certains d’entre eux se révèlent, au fil du temps, efficaces et généralement peu toxiques chez ces animaux (voir encadré).

Une publication dans la revue Parasitology Research(2) indique que le spot-on pour chat Profender®, à base d’émodepside (nématodicide) et de praziquantel (cestodicide), pourrait être utilisé sans danger excessif chez de nombreuses espèces de reptiles.

Depuis les années 60, trois grandes classes d’anthelminthiques à large spectre sont généralement utilisées pour l’élimination des helminthes chez les mammifères : les benzimidazoles/ probenzimidazoles (tels que le fenbendazole, le fébantel), les tétrahydropyrimidines/imidazothiazoles (pyrantel, morantel/lévamisole) et les lactones macrocycliques (comme l’ivermectine, la moxidectine).

Profender® possède un large spectre anthelmintique

L’émodepside possède un nouveau mode d’action nématocide. Elle agit, chez les parasites, au niveau présynaptique des jonctions neuromusculaires. En outre, les études menées chez le mouton, les bovins, le cheval et le chien montrent que l’émodepside possède une activité anthelminthique contre les trichostrongylidés, les ascarides, les ankylostomes, les trichocéphales, les strongles digestifs et respiratoires, notamment certaines souches de nématodes résistantes à l’ivermectine, aux benzimidazoles et au lévamisole chez le mouton et contre des nématodes résistants à l’ivermectine chez les bovins.

De son côté, le praziquantel est un anthelminthique possédant un large spectre d’activité contre toutes les infestations provoquées par les cestodes adultes et larvaires, chez l’homme comme chez l’animal (voir photo 4).

L’efficacité du produit est vérifiée grâce à des coproscopies

Selon les auteurs de cette publication (de l’université Heinrich Heine de Düsseldorf et de la division Santé animale de l’institut Bayer Health-care de Leverkusen), Profender® a été testé avec succès chez différentes espèces de reptiles (serpents, tortues aquatiques, agamidés, varanidés et geckonidés) hébergeant un nombre élevé de nématodes de diverses familles (oxyuridés, ascaridés, strongylidés, trichostrongylidés, capillaridés). Pour chaque reptile soumis à cette étude expérimentale, le traitement n’a été entrepris qu’après la mise en évidence d’une infestation parasitaire via un examen coproscopique. Ensuite, tous les trois jours pendant trois semaines après l’application de Profender®, les selles des reptiles traités ont fait l’objet d’un examen coproscopique. Enfin, les animaux ainsi vermifugés ont été sacrifiés de manière à vérifier macroscopiquement l’absence de nématodose dans tout leur organisme.

Cette méthode est séduisante, car le spot-on est peu traumatisant pour les animaux

Chez les reptiles, la peau très kératinisée peut gêner l’absorption cutanée du produit. Les auteurs recommandent donc de l’appliquer aux endroits où la peau est la plus fine, la plus perméable (par exemple, sous le “menton” ou entre les écailles, sur le “dos” chez les serpents, voir photos 5 et 6, sous les “aisselles” ou les “plis de l’aine” chez les lézards, dans les fosses préfémorales et gulaires chez les tortues, voir photos 7 et 8).

Cette nouvelle méthode de traitement anti-parasitaire interne est séduisante en médecine herpétologique, car son administration en spot-on est pratique et surtout peu traumatisante pour les animaux. En effet, le stress généré par les sondages oro-gastriques répétés est parfois problématique chez les serpents et les tortues réputées “farouches” (par exemple, Stigmochelys pardalis, Geochelone sulcata).

Cependant, il convient, à ce jour, de rester prudent à l’égard de ce traitement, car des études cliniques et expérimentales plus approfondies mériteraient d’être entreprises chez un plus grand nombre d’espèces de reptiles pour vérifier la parfaite innocuité de ce produit prometteur, en particulier chez les animaux affaiblis.

En tout cas, selon les auteurs de cette étude, des doses quinze, trente et cinquante fois supérieures à celles recommandées chez le chat sont administrées, sans aucun effet secondaire visible, chez d’autres reptiles (respectivement des serpents, des geckos et des anolis) !

  • (1) Un hôte paraténique est un hôte de transport, chez qui la forme parasitaire n’évolue pas.

  • (2) H. Melhorn, G. Schmal, I. Mevissen, H. Harder, K. Krieger : « Effects of a combination of emodepside and praziquantel on parasites of reptiles and rodents », Parasitology Research, 2005, n° 97, pp. S64-S69.

A quelle posologie utiliser Profender® chez les reptiles ?

Compte tenu de la présence de kératine parfois en couche épaisse sur les écailles épidermiques du tégument de certains reptiles, la posologie du vermifuge indiquée par les auteurs de cette communication est quatre fois supérieure à celle préconisée chez le chat, à savoir : 0,56 ml/kg, c’est-à-dire environ 22 gouttes par kilo, soit deux gouttes pour 100 g.

Toutes les présentations de Profender® (petit chat, chat moyen et grand chat) conviennent, car elles ont la même concentration en principes actifs. Le produit, bien rebouché, peut être conservé pendant plusieurs semaines après ouverture.

L. S.
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