Les résistances multiples aux anthelminthiques nécessitent de nouvelles méthodes de lutte - La Semaine Vétérinaire n° 1286 du 12/10/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1286 du 12/10/2007

Helminthoses chez les animaux d’élevage

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Guillaume Fournié

Traitements ciblés, alternatifs, rotation des pâtures : les pistes de recherche sont nombreuses.

L’utilisation fréquente et répandue des benzimidazoles et des lactones macrocycliques pour le traitement des animaux d’élevage a conduit à la sélection de résistances parmi les populations d’helminthes. Si l’Europe et l’Amérique du Nord semblent relativement épargnées, les élevages de l’hémisphère Sud, en particulier ceux d’Australie, d’Afrique du Sud et d’Argentine, sont sévèrement touchés. En Nouvelle-Zélande, Teladorsagia chez les caprins, Cooperia chez les bovins et Trichostrongylus chez les ovins présentent des résistances multiples. Susceptibles d’avoir un impact fort sur la production, les helminthoses doivent donc faire l’objet de traitements rationalisés permettant de limiter le développement de résistances.

De nouveaux tests de diagnostic des résistances sont à l’étude

Néanmoins, le diagnostic même de ces résistances peut poser problème. La méthode la plus couramment utilisée sur le terrain est le test de réduction du nombre d’œufs présents dans les fèces. Or, bien souvent, cette méthode ne permet d’identifier les résistances que lorsqu’elles ont atteint des niveaux relativement hauts. De plus, les méthodes moléculaires qui devraient permettre une analyse plus fine ne sont pas, pour le moment, suffisamment développées : mis à part pour les benzimidazoles, les marqueurs génétiques utiles ne sont pas disponibles. Il est donc apparu essentiel de définir de nouveaux protocoles et de mettre au point des outils statistiques permettant d’optimiser la réalisation des tests existants et d’en extraire le maximum d’informations. C’est l’une des missions du programme international Parasol (Parasite solutions - Novel solutions for the sustainable control of nematodes in ruminants), financé par l’Union européenne, qui a pour objectif la réduction durable de l’incidence des helminthoses affectant les animaux de rente par la gestion des résistances et le traitement raisonné des élevages. De nouveaux tests, plus sensibles, fondés notamment sur le développement des larves et l’éclosion des œufs, sont en cours de développement.

Le traitement ciblé a pour objectif de ne traiter que les animaux qui l’exigent

De nouvelles stratégies d’utilisation des anthelminthiques, moins susceptibles de sélectionner des résistances, sont également étudiées. Fondé sur le maintien d’une population “refuge” de parasites susceptibles aux anthelminthiques au sein de la population hôte, le traitement ciblé vise à ne traiter que les animaux qui le nécessitent, c’est-à-dire ceux qui présentent des signes d’infestation, et non le troupeau dans sa totalité. Des essais menés en Australie dans des élevages de chèvres n’ont pas révélé de diminution significative de la production dans les troupeaux qui ont fait l’objet d’un traitement ciblé, par rapport à ceux traités selon les méthodes classiques. Pourtant, une partie des parasites n’a pas été exposée au traitement et en a réchappé. « Ces expérimentations seront poursuivies et complétées par des travaux de modélisation qui permettront d’examiner les implications pour la résistance aux anthelminthiques, précise R.B. Besier, responsable de ces recherches. Nous serons alors à même de développer des protocoles de traitements ciblés, utilisables sur le terrain et adaptés aux différentes situations rencontrées. »

Concilier efficacité et durabilité des options de contrôle

Des méthodes alternatives, ne faisant plus appel aux anthelminthiques, sont également envisagées. Le management et la rotation des pâtures, une méthode traditionnelle, est souvent difficilement conciliable avec l’élevage intensif. Bien qu’efficace, la supplémentation de l’alimentation, qui favorise l’immunité des hôtes et conduit à une diminution des charges parasitaires, reste une stratégie coûteuse. La lutte biologique peut aussi permettre de combattre les helminthoses. Intégrés comme additifs alimentaires, des organismes fongiques agissent comme des prédateurs ou des endoparasites des nématodes digestifs, sans pour autant favoriser l’apparition de résistances. La vaccination demeure l’alternative de choix aux anthelminthiques. Néanmoins, malgré des efforts considérables, aucun vaccin efficace n’a encore pu être mis au point. La sélection d’animaux résistants aux helminthoses représente une méthode complémentaire fiable et peu coûteuse pour diminuer l’utilisation des anthelminthiques. Des loci associés à ces résistances sont identifiés et pourraient faciliter la sélection des animaux résistants et la compréhension des mécanismes immunologiques qui en sont responsables.

Cependant, l’effort principal porte sur la sensibilisation des éleveurs : ils est nécessaire de concilier efficacité des traitements et durabilité de ces options de contrôle. Minimiser l’extension des résistances au sein des populations d’helminthes doit être une priorité pour les éleveurs. « Le traitement des animaux qui ne le nécessitent pas et le déplacement des animaux nouvellement traités sur des parcelles indemnes sont des pratiques à risque qu’il est nécessaire d’identifier et de supprimer, précise Bill Pomroy, de l’université Massey, en Nouvelle-Zélande. La plupart des actions qui pourraient être entreprises pour diminuer les résistances ne sont pas nouvelles, mais peu d’entre elles sont réellement mises en place. »

  • Source : communications présentées lors du congrès de la World Association for the Advancement of Veterinary Parasitology (WAAVP), qui s’est tenu du 19 au 23 août 2007.

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