Le pronostic à long terme des convulsions est bon chez le cheval, sans séquelle apparente - La Semaine Vétérinaire n° 1286 du 12/10/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1286 du 12/10/2007

Epilepsie juvénile idiopathique du poulain arabe égyptien

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Gwenola Touzot-Jourde

Après le traitement de vingt-deux poulains, un seul convulse encore.

Les convulsions sont relativement peu fréquentes chez le cheval, par rapport à d’autres espèces. Chez le poulain, elles peuvent être observées lors de septicémie néonatale, d’encéphalopathie hypoxique-ischémique, d’anomalies métaboliques telles que l’hypoglycémie et les déséquilibres électrolytiques, de méningites bactériennes, d’encéphalites virales, de l’administration de certains médicaments, de l’insuffisance hépatique, de traumatismes et d’anomalies congénitales.

Des problèmes concomitants aux convulsions sont observés chez les poulains atteints

Une équipe de l’université de Davis, en Californie (Etats-Unis), a étudié de façon rétrospective vingt-deux cas de convulsions répétées chez des poulains(1). L’anamnèse commune inclut des crises de convulsions multiples, généralisées ou partielles. Les poulains sont tous de race arabe et de lignée égyptienne. L’âge médian est de deux mois (intervalle de deux jours à six mois). Les signes cliniques lors de la consultation rassemblent une diminution, voire une absence du réflexe à la menace (55 %), une cécité (50 %), un état de vigilance anormal (désorientation, léthargie, 15 % de dépression). Un seul animal présente de l’hyperesthésie et un déficit de proprioception sur les quatre membres. Les convulsions sont observées à l’hôpital chez 64 % des poulains, dont un tiers seulement montre des prodromes (changement de comportement, salivation, mastication, hyperesthésie). Les symptômes de convulsions vont des tremblements musculaires, focalisés au niveau de la face avec présence d’un nystagmus, vers des convulsions toniques généralisées, puis cloniques, avec des yeux grands ouverts, de l’opisthotonos, un trismus et une transpiration excessive. Les épisodes durent de quelques secondes à cinq minutes. Les signes postictaux sont marqués par de la cécité chez tous les poulains, suivie d’une diminution de l’état de vigilance, de la léthargie, et de la désorientation (55 %). D’autres symptômes sont moins fréquents, comme l’hyperesthésie, l’ataxie, les déficits proprioceptifs, la mydriase et la salivation. Des abrasions cutanées, des injections de la sclère oculaire, une diminution des bruits intestinaux et du réflexe de succion sont observés chez un tiers des poulains qui ont présenté des convulsions à l’hôpital. Onze poulains sur vingt-deux ont des problèmes concomitants, tels qu’une pneumonie, des ulcérations cornéennes, un uropéritoine, une hernie ombilicale, un défaut du septum ventriculaire, une thrombophlébite.

La numération formule et la biochimie ne révèlent pas d’anomalie spécifique

L’hémogramme montre une neutrophilie mâture avec une hyperfibrinogénémie chez les poulains atteints d’une affection concomitante. La biochimie sanguine indique une hausse de la créatine kinase (860 à 7 000 U/l) chez deux tiers des poulains et une glycémie dans moins de 20 % des cas. Le liquide céphalo-rachidien prélevé chez huit poulains est anormal dans trois cas (xanthochromie). L’examen radiographique du crâne (cinq poulains), les clichés du scanner (trois poulains) et de l’imagerie par résonance magnétique (un poulain) ne montrent presque rien d’anormal. Un poulain présente des signes d’œdème cérébral au scanner et une pouliche, à la suite de convulsions répétées, s’est fracturé l’os basisphénoïde et montre des signes d’hématomes extraduraux. L’électro-encéphalogramme réalisé chez treize poulains, la plupart du temps sous sédation (α2-agoniste), révèle une activité épileptiforme dans 70 % des cas.

Un traitement avec du phénobarbital est entrepris, avec une dose d’attaque variable de 2 à 13 mg/kg (moyenne de 8 mg/kg), suivie d’une dose per os de maintenance toutes les douze heures, ajustée selon l’effet obtenu et le taux sérique. Le bromure de potassium est ajouté au phénobarbital pour trois poulains (première dose de 100 à 150 mg/kg, suivie de 25 mg/kg per os une fois par jour). Les maladies concomitantes sont aussi traitées.

La pouliche atteinte de la fracture basisphénoïde meurt. Le traitement des autres poulains dure de deux mois et demi à neuf mois. Un seul convulse deux fois après l’instauration du traitement. Les convulsions n’ont pas réapparu après la phase de discontinuation du phénobarbital. Ainsi, ce syndrome d’épilepsie idiopathique juvénile, qui apparaît dans les premières semaines de vie chez des poulains arabes de lignée égyptienne, s’autolimite lorsqu’ils grandissent et disparaît entre l’âge d’un à deux ans. La maladie n’a pas de prédilection de sexe et répond aux anticonvulsivants classiques. La présence de cécité, de désorientation et de signes de traumatismes physiques chez un jeune poulain arabe doit entraîner la recherche immédiate de convulsions. Le pronostic à long terme est bon, sans séquelle apparente. Ces poulains sont toutefois à suivre de près pour détecter précocement des complications traumatiques ou médicales pouvant assombrir l’issue de la maladie primaire.

  • (1) M. Aleman et coll. : « Juvenile idiopathic epilepsy in Egyptian Arabian foals : 22 cases (1985-2005) », J. Vet. Intern. Med., 2006, n° 20, pp. 1443-1449.

Traitement anticonvulsivant chez le cheval

• Phénobarbital :

- posologie : 12 à 20 mg/kg dans 1 l de chlorure de sodium à 0,9 % ou de glucose à 5 %, administrés par voie intraveineuse pendant trente minutes, puis 6 à 12 mg/kg per os toutes les douze heures.

- demi-vie : 6,5 à 17,3 heures ; chez le cheval, la concentration sérique est jugée thérapeutique sur la base de la réponse individuelle au traitement.

- durée proposée : six mois de contrôle complet des convulsions au minimum.

- sevrage progressif : diminuer la dose de 20 % toutes les deux semaines est suggéré.

• Bromure de potassium :

- indication : lors de convulsions difficiles à maîtriser avec le phénobarbital.

- posologie proposée : 25 mg/kg per os une fois par jour, avec une augmentation ou une diminution de 25 % toutes les deux semaines selon la nécessité.

G. T.-J.
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