La blue tongue affecte cliniquement à la fois les ovins et les bovins - La Semaine Vétérinaire n° 1284 du 28/09/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1284 du 28/09/2007

Epizootie de fièvre catarrhale ovine de 2006

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Jean-Pascal Guillet

Moins marqués chez les ovins, des signes cliniques sont aussi observés dans les troupeaux bovins. Il s’agit d’une originalité du sérotype 8.

L’efficacité de la détection clinique de la blue tongue est essentielle à la maîtrise de l’infection. Fort de ce postulat, des scientifiques néerlandais, belges, allemands et français (Guillaume Gerbier, épidémiologiste au Cirad(1)) ont dressé un bilan épidémiologique de l’épizootie de fièvre catarrhale ovine qui a touché le nord de l’Europe l’an dernier(2). Cette mise au point, principalement clinique, est d’autant plus importante que l’arbovirose est réapparue en France, en Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne et au Luxembourg il y a quelques semaines, avec une ampleur plus importante : à l’heure où nous écrivons ces lignes, plus de onze mille foyers sont sans doute diagnostiqués, au lieu d’un peu plus de deux mille en 2006. Ces deux épizooties sont liées à un virus de sérotype 8, auparavant jamais observé sous de telles latitudes.

Un sérotype et un vecteur peu habituels sur un territoire jusqu’à présent épargné

La gestion de l’arbovirose est d’autant plus délicate qu’elle affecte un territoire auparavant épargné, avec un sérotype peu habituel et un ou plusieurs vecteurs en cause (un moucheron du genre Culicoïdes), différents de ceux observés dans le bassin méditerranéen, un terrain connu de la maladie. Par exemple, extrapoler les observations cliniques effectuées en Corse, touchée depuis plusieurs années par des virus de sérotype 2, 4 et 16, est délicat. Preuve en est : dans le nord de l’Europe, les bovins, à l’instar des ovins, présentent des symptômes de la maladie, alors qu’ils jouent habituellement un simple rôle de réservoir du virus.

Les scientifiques soulignent une autre difficulté majeure : les signes cliniques provoqués par l’arbovirus sont variables d’une espèce à l’autre et sont, la plupart du temps, non spécifiques. « Il apparaît qu’une interprétation précise des signes cliniques par l’éleveur ou le vétérinaire, suivie d’une notification de la suspicion aux autorités sanitaires nationales, est primordiale à une détection précoce », estiment ainsi les chercheurs. Ils rappellent en outre que des foyers de blue tongue, liés à un virus de sérotype 8, ont déjà été diagnostiqués en Inde (1992), en Afrique (2004) et en République dominicaine (1994). Néanmoins, les rapports ne détaillent pas la nature et la sévérité des signes cliniques observés.

Lésions de la muqueuse nasale, sialorrhée et fièvre sont souvent observées chez les bovins

Les auteurs de l’étude ont collecté les informations relatives aux symptômes observés dans des troupeaux ovins et bovins belges, néerlandais et français atteints en 2006.

L’un des critères d’inclusion dans l’échantillon est la confirmation de la présence du virus avant le 31 décembre 2006 et chez au moins un animal de l’élevage.

Les chercheurs précisent que, pour les élevages inclus dans l’étude, les observations analysées sont issues de l’examen clinique visant à confirmer l’infection. Celles faites par la suite n’ayant pas été prises en compte, les taux de mortalité et de morbidité calculés sont probablement sous-estimés. D’un autre côté, étant donné la petite taille des troupeaux ovins concernés, il est possible que les valeurs calculées soient légèrement biaisées.

Les signes cliniques majeurs observés chez les ovins infectés sont de la fièvre, de la sialorrhée, des lésions dans la cavité buccale, de l’œdème facial, de la dysphagie, de l’apathie, une congestion et un érythème de la muqueuse buccale, ainsi que des boiteries (voir tableau). Chez les bovins, il s’agit de lésions et de croûtes sur la muqueuse nasale, de la sialorrhée, de la fièvre, de la conjonctivite, de la dysphagie, du jetage séreux, de l’apathie, de l’érythème sur les trayons, des boiteries, ainsi qu’une inflammation du bourrelet coronaire.

Morbidité et mortalité sont plus élevées chez les ovins

La taille des 933 troupeaux ovins analysés dans cette étude varie de 1 à 1 248 animaux. La plupart d’entre eux sont de petite taille. Dans plus de 90 % des troupeaux infectés, 1 ou 2 ovins présentent des symptômes de la maladie (voir graphique 1 en page 34). 7 % n’en montrent aucun. Dans 8 troupeaux sur 10, le taux de morbidité varie de 0 à 25 %. Le taux moyen observé est de 20 %. Moins d’un tiers (30 %) des élevages ovins présentent un ou deux animaux morts (voir graphique 3). 66 % n’en ont aucun. Le taux de mortalité moyen observé est de 5 %. En outre, 23 % des troupeaux ovins présentent un taux de létalité de 50 % (voir graphique 2 en page 34).

La taille des 1 039 troupeaux bovins varie de 1 à 675 animaux. 9 élevages sur 10 présentent 1 ou 2 bovins malades (voir graphique 1). Moins de 10 % n’en déplorent aucun. Dans 87 % des élevages, le taux de morbidité varie de 0 à 10 %, avec une moyenne de 6,8 %. Dans la plupart des troupeaux (91 %), aucun animal mort n’est à déplorer (voir graphique 3). Le taux de mortalité moyen est de 0,3 %. En outre, 6 % des troupeaux bovins présentent un taux de létalité de 50 % (voir graphique 2).

  • (1) Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement.

  • (2) A.R.W. Elbers et coll. : « Epidemiological analysis of the 2006 blue tongue virus serotype epidemic in north-western Europe ; nature and severity of disease in sheep and cattle », 10/9/2007. Consultable en ligne : http://www.afsca.be/crisis/sa-blueT/doc07/EFSA_BT_sympt.pdf

Définitions

• Taux de létalité : nombre de morts pendant une période donnée / nombre de malades au sein de la population.

• Taux de morbidité : nombre de malades pendant une période donnée ou à un instant donné / nombre de sujets de la population.

• Taux de mortalité : nombre de morts pendant une période donnée / nombre de sujets de la population.

J.-P. G.
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