La fièvre aphteuse en Angleterre, c’est reparti - La Semaine Vétérinaire n° 1283 du 21/09/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1283 du 21/09/2007

Productions animales. La “cocotte” toujours d’actualité

Actualité

Auteur(s) : Nathalie Devos*, Jean-Pascal Guillet**

Trois nouveaux foyers sont confirmés outre-Manche. La souche en cause est identique à celle impliquée début août. Deux rapports expliquent l’origine des “fuites” virales.

Trois nouveaux foyers de fièvre aphteuse sont officiellement confirmés par les autorités britanniques, à l’heure où nous mettons sous presse. Certes, la situation n’a rien de comparable avec les quelque deux mille foyers recensés en Grande-Bretagne durant la terrible épizootie de 2001. Mais la réapparition de la maladie près d’un mois après les deux foyers identifiés début août(1), non loin de Guilford dans le comté du Surrey au sud de l’Angleterre, a de quoi inquiéter.

Le 12 septembre dernier, le lendemain du jour où les experts de l’Union européenne décident de déclarer la Grande-Bretagne exempte de la maladie, à compter du 9 novembre prochain, les autorités britanniques informent Bruxelles d’une forte suspicion de fièvre aphteuse dans une exploitation d’une cinquantaine de bovins, proche d’Egham, dans le même comté du Surrey. Ce nouveau foyer est confirmé dans la journée, suivi d’un autre deux jours plus tard, dans une ferme située dans la zone de protection du premier. Huit cents porcs et une quarantaine de bovins sont alors concernés. Le 15 septembre, le ministère britannique de l’Environnement, de l’Alimentation et des Affaires rurales (Department for environmental food and rural affairs, Defra) prend la décision d’abattre par précaution les animaux d’un troisième élevage (de porcs, vaches et moutons), situé dans le voisinage immédiat des deux foyers précédemment déclarés, « en raison d’une suspicion de contamination ». Ce dernier sera confirmé positif le 18 septembre par le Defra.

A l’annonce de ces foyers, l’Union européenne interdit, dès le 12 septembre, les exportations de viandes, de produits laitiers et de bétail britannique jusqu’au 15 octobre prochain.

La souche isolée est du même type que celle impliquée en août

Egham se situe à une vingtaine de kilomètres de la commune de Normandy, proche de Guil-ford, où les premiers foyers sont apparus en août. Pour les autorités britanniques, la fièvre aphteuse reste donc confinée dans le comté du Surrey. Flegme britannique ou humour anglais, elles déclarent qu’en dépit de la gravité de la situation, il y a quand même une bonne nouvelle : la souche isolée dans les deux récents foyers, la O1 BSF 67, est du même type que celle des foyers du mois dernier. En effet, il aurait été d’autant plus alarmant qu’une autre souche que celle qui s’est “échappée” en août du site de Pirbright circule !

En effet, ce site aurait observé des “fuites” virales, responsables de la résurgence de la maladie. Un premier foyer est confirmé le 3 août, dans une exploitation bovine située à quelques kilomètres de Pirbright. Le 7 août, un deuxième foyer, situé dans la zone de protection instaurée autour du premier, est détecté. Le virus en cause est la souche O1 BFS 67, similaire à celle isolée lors de l’épizootie qui a sévi dans le pays en 1967. Or cette souche n’est désormais manipulée que sur le site de Pirbright par trois laboratoires : l’Institut de santé animale (Institute of animal health, IAH), un établissement de recherche public qui occupe les trois quarts du site, Stabilitech, une petite société de biotechnologie créée par des chercheurs de cet institut, et Merial, qui a installé une usine de production de vaccins, anti-aphteux notamment.

Le système de drainage des effluents défectueux est suspecté

Après la confirmation des deux premiers foyers en août, deux enquêtes sont menées dans le but d’apprécier si les règles de biosécurité ont été respectées par les instituts implantés à Pirbright. Selon leurs conclusions, rendues publiques début septembre, « il est possible que des souches de virus aptheux vivants aient gagné le système de drainage des effluents (qui est défectueux) et contaminé les sols aux alentours », admet Geoffrey Podger, directeur de l’Agence exécutive britannique pour la santé et la sécurité (Health and safety executive, HSE). Les investigations conduites par les experts de la HSE ont porté sur la période du 7 au 26 juillet(2). Selon leur rapport, des fuites provenant du système de drainage des effluents, associées à de fortes pluies, pourraient avoir entraîné la contamination du sol.

Des camions ou des voitures, présents sur le site, auraient véhiculé le virus

Selon les autorités sanitaires anglaises, les mouvements de personnes et de véhicules sur le site de Pirbright auraient ensuite participé à la dissémination du virus. En effet, des travaux étaient en cours, fin juillet, sur le site de l’IAH, à proximité du système de drainage des effluents. Les experts soulignent que ces allées et venues de véhicules et de personnes, dans la boue des travaux, n’ont pas été enregistrées de façon exhaustive et constituent un manquement aux règles de biosécurité. L’enquête révèle également que certains des véhicules qui ont transité dans cette zone boueuse probablement contaminée seraient passés, par la suite, à proximité de la première ferme touchée par le virus.

Le rapport ne considère pas la présence de virus vivant dans le système de drainage comme une entorse aux mesures de biosécurité requises par le Defra. En effet, les règles de traitement chimique appliquées à la sortie des deux laboratoires répondent aux exigences du ministère. En revanche, le système de drainage des effluents provenant des deux laboratoires est en mauvais état, selon les experts. Le dispositif, qui appartient à l’IAH, présente des risques de fuites et aurait dû être entretenu par cet institut.

Le mauvais état du laboratoire public est pointé du doigt dans les deux rapports

Une autre enquête, menée par Brian Spratt, professeur au collège impérial de Londres, arrive à peu près aux mêmes conclusions(3). Elle souligne notamment l’état défectueux de ce dispositif de drainage et le mauvais état du laboratoire public, qui ne répond pas aux exigences de biosécurité requises dans le cadre de la manipulation d’un tel virus. A l’inverse, il est indiqué que les installations de Merial sont « modernes » et bien entretenues, sans manquement aux règles de sécurité.

A la suite de la publication de ces résultats d’enquête, Peter Kendall, président du syndicat national des agriculteurs, a qualifié « d’injustifiables » les défaillances soulignées par les experts. Il a en outre évoqué la possibilité d’intenter une action judiciaire afin d’obtenir des compensations financières pour les exploitants britanniques.

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