Les scientifiques anglais appellent à la vigilance vis-à-vis de la blue tongue - La Semaine Vétérinaire n° 1281 du 07/09/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1281 du 07/09/2007

Fièvre catarrhale ovine

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Jean-Pascal Guillet

L’épizootie nord-européenne fait craindre l’arrivée du virus en Grande-Bretagne.

La proximité des îles britanniques avec l’épizootie de blue tongue qui sévit actuellement en Belgique, en Allemagne, aux Pays-Bas, en France et au Luxembourg inquiète les scientifiques anglo-saxons. « La proximité avec les animaux infectés belges et néerlandais, les températures estivales élevées des dernières années, le grand nombre de moucherons Culicoides observés au printemps et à l’automne, ainsi que la présence sur le sol britannique d’espèces présentant une compétence vectorielle, tout cela contribue à rendre la menace d’introduction de la fièvre catarrhale ovine sur notre territoire sérieuse », indiquent les auteurs d’une étude publiée récemment(1). Ils estiment que la capacité à reconnaître rapidement les signes cliniques de la maladie est un facteur majeur pour lutter contre la maladie. Selon eux, il est donc « vital que les praticiens connaissent parfaitement les symptômes évocateurs d’une infection chez les ovins et les bovins par le virus de sérotype 8, responsable de l’épizootie nord-européenne ».

Les signes cliniques sont nettement moins marqués chez les bovins

Les scientifiques ont administré l’agent viral à quatre brebis de race Poll Dorset âgées de deux ans et à quatre veaux mâles prim’holstein de six mois. Ces races sont fréquemment rencontrées en Grande-Bretagne. Des tests diagnostiques, une surveillance clinique et des autopsies sont alors réalisés chez les animaux contaminés, via une injection.

Une hyperthermie (température supérieure à 40° C) est notée seulement chez les quatre moutons, quatre jours après l’inoculation. Elle atteint même 41° C quelques jours plus tard. Les autres signes cliniques observés chez le ou les animaux atteints sont : un gonflement et un œdème de la face, de la bouche et de la langue ; un jetage muqueux ; une conjonctivite ; une inflammation ; un œdème, puis un saignement du bourrelet coronaire du pied, lui-même chaud et douloureux ; la présence de pétéchies hémorragiques sur les muqueuses des lèvres et de la langue ; une tachypnée, ainsi que des râles pulmonaires à l’auscultation ; des boiteries ; de l’anorexie. Ces symptômes sont d’intensité variable chez les animaux et s’expriment à partir de sept à quatorze jours après l’infection. L’état général fortement dégradé d’une des brebis conduit les expérimentateurs à l’euthanasier.

Chez les veaux, presque aucun signe clinique n’est observé. L’un d’eux développe une conjonctivite modérée. Un autre montre des ulcères sur la gencive supérieure, sans salivation ni anorexie décelable.

A l’autopsie, veaux et brebis présentent tous une lymphadénopathie généralisée, ainsi que des lésions hémorragiques sur différents organes.

La sensibilité des cellules endothéliales pulmonaires au virus est variable

La variabilité de l’intensité des symptômes observés chez les huit animaux rend difficile la mise en évidence clinique de la blue tongue, concluent les auteurs. La précocité des symptômes et des lésions observées chez les brebis, par rapport aux résultats d’autres études, pourrait être liée à une plus forte sensibilité de la race Poll Dorset au virus de sétotype 8. Face à l’épizootie nord-européenne et des cas cliniques bovins qu’elle engendre, les chercheurs estiment que l’agent de la blue tongue est capable d’infecter et de se multiplier dans les cellules endothéliales de certains animaux plus efficacement que cela n’est observé chez les quatre veaux de l’étude. Ils estiment que la sensibilité individuelle des animaux, mais aussi l’atteinte respiratoire pourraient être accentuées par des infections intercurrentes (virus respiratoire syncytial, diarrhée virale bovine, affections parasitaires, etc.). En outre, l’équipe scientifique émet l’hypothèse que la différence de sévérité de l’atteinte clinique entre les bovins et les ovins de l’étude pourrait être liée à une différence de sensibilité des cellules endothéliales pulmonaires au virus de la blue tongue. « Les dommages causés par le virus dans les cellules endothéliales et l’œdème pulmonaire généré sont sans doute les principaux facteurs responsables de la sévérité des signes cliniques et de la détresse respiratoire notés chez deux des quatre moutons », expliquent-ils.

Les données issues de l’épizootie nord-européenne montrent des taux de morbidité de 10 % chez les bovins, avec une mortalité pouvant aller jusqu’à 10 %. Rien de tel dans l’étude britannique, ce qui est à relativiser étant donné la petite taille de l’échantillon (quatre animaux).

Les bovins ont un rôle d’amplification et de transmission de l’infection

Les auteurs de l’étude insistent sur l’importance du rôle d’amplification et de transmission que pourraient jouer les bovins si l’infection arrivait sur les îles britanniques. L’absence de signes cliniques marqués, associée à un état virémique important, pourrait faire de cette espèce une source majeure d’infection, non détectable cliniquement, pour les Culicoides vecteurs. Les premiers symptômes observés, probablement chez les ovins, ne seraient ainsi décelés qu’une fois l’infection bien établie et répandue. « C’est probablement ce qui s’est produit au nord de l’Europe, où la souche de virus semble avoir circulé chez les ruminants jusqu’à dix semaines avant qu’elle ne soit détectée cliniquement chez les ovins », analysent les scientifiques. Ainsi, ces derniers appellent les praticiens et les éleveurs à la vigilance, afin de reconnaître les signes cliniques de la maladie aussi précocement que possible. « Des tests destinés au diagnostic précoce sont utilisables. Mais le facteur limitant pour une détection rapide de la blue tongue au Royaume-Uni reste le dépistage de la maladie dans un troupeau », concluent-ils.

  • (1) K.E. Darpel et coll. : « Clinical signs and pathology shown by british sheep end cattle infected with blue tongue virus serotype 8 derived from the 2006 outbreak in northern Europe », The Veterinary Record, 25/8/2007.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr