Comment organisez-vous les gardes en équine ?

Un vétérinaire équin est joignable en permanence

Notre structure, mixte, regroupe quatre associés et deux aides, dont l’un pratique exclusivement en canine. L’activité équine a été progressivement développée par l’un de nous. Elle l’occupe maintenant presque entièrement. Je suis le seul à le seconder, par nécessité, à la suite du développement, mais aussi par goût. Nécessairement, en plus de nos tours de garde, nous restons tous deux disponibles pour l’équine. Ainsi, le confrère de garde peut nous appeler. Et nous nous déplaçons au besoin. De même, nous ne prenons jamais nos congés ensemble, alors que deux praticiens de la clinique peuvent être en vacances au même moment. Cette organisation répond aussi à la demande des clients équins, qui veulent “leur” vétérinaire en consultation. Si c’est moi, ça passe…

L’équine est parfois source de discorde entre nous, car elle est complexe à organiser. Nous avons formalisé un aménagement pour les congés, mais pas pour les gardes au quotidien. Il existe aussi des différences de coûts et de rentabilité, liées notamment aux trajets plus importants pour notre clientèle équine.

Mais ce n’est pas la guerre : ça râle juste un peu de temps à autre. Dans ma position, je comprends mieux les inconvénients et les points de vue de chaque côté. Cela permet d’arrondir les angles.

Mes associés m’appellent souvent, et ils ont raison

Nous sommes cinq associés en clientèle mixte, avec néanmoins une tendance assez forte à la spécialisation de l’activité de chacun. Deux pratiquent en canine à 75 %, deux en rurale à 90 % et moi-même en équine à 80 % (et même à 100 % durant les cinq mois de la période de reproduction). Tous les ans, nous embauchons un aide pour l’équine pendant trois mois, au printemps. Les gardes restent assurées par chacun de nous, à tour de rôle, toute l’année. Les particularités de l’activité équine, avec une clientèle d’élevage principalement, amènent inévitablement à la personnalisation de la responsabilité et reposent, de ce fait, sur une seule tête. La charge de travail devient lourde au printemps et dévore le temps libre. Mais ce temps de loisirs perdu est compensé par une possible récupération en hiver.

Pour les gardes, nous tenons à maintenir la polyvalence de chacun. C’est nécessaire, à mon avis, et bénéfique pour le groupe. Certains de mes associés redoutent d’avoir à gérer des cas équins pendant leur garde, en raison de la valeur élevée des animaux, de l’approche du cheval et du contact parfois compliqué avec le client. Cette “hantise” est sensiblement atténuée parce qu’ils savent pouvoir me joindre facilement. J’interviens alors directement en me déplaçant ou je dispense des conseils. La réciproque est vraie lorsque je suis face à des cas de canine durant mes gardes.

Pour un fonctionnement encore meilleur, notre structure nécessiterait un associé supplémentaire, rural et équin comme moi. C’est notre objectif à plus ou moins long terme.

Désormais, nous déléguons entièrement l’activité équine

Depuis un an, nous référons les cas d’équine, gardes incluses, à une structure spécialisée. Celle-ci a été créée par notre ancienne aide de longue durée, recrutée au départ pour participer au développement de l’activité dans notre clientèle. Initialement, nous faisions tous les quatre un peu d’équine. Avec l’accord de tous, l’un d’entre nous a choisi de développer cette pratique et l’équine a rapidement constitué pour lui un mi-temps. Ace stade, elle a été isolée dans notre organisation. Notre associé en gérait donc seul les gardes. A son départ en retraite, c’est notre aide, dévolue à l’équine, qui restait d’astreinte tous les jours.

Cette organisation ne nous convenait pas, essentiellement pour des raisons de distance. L’augmentation de la clientèle équine s’est effectivement accompagnée de l’élargissement de son rayon géographique : il dépassait les 50 km alors que nous nous déplaçons jusqu'à 25 km environ pour la bovine. En outre, pendant les périodes d’intense activité, l’équine pouvait mobiliser deux personnes. Nous partagions ainsi un aide, qui n’était plus disponible pour la bovine. Car, à ce stade de développement, il n’est plus possible de se répartir le travail sur les chevaux : les clients ne veulent pas d’un “vétérinaire pour les vaches” ! Nous avons compris que l’équine devient vite une affaire de spécialiste… Pour mettre fin à cette situation ingérable, et aux tensions qui montaient, nous avons opté pour une solution qui convenait à tous. Notre aide a monté sa clinique spécialisée dans la commune. De notre côté, nous nous sommes engagés à ne pas voir de chevaux pendant deux ans au minimum. A mon avis, pour conserver une activité équine dans une structure mixte, il faut maintenir une certaine proximité et que chacun y touche un peu.