La blue tongue “explose” en Europe du Nord - La Semaine Vétérinaire n° 1280 du 31/08/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1280 du 31/08/2007

Productions animales. La fièvre catarrhale ovine, le retour

Actualité

Auteur(s) : Jean-Pascal Guillet

54 foyers en France, 707 en Belgique, 525 en Allemagne, 327 aux Pays-Bas : après une trêve hivernale, la maladie de la langue bleue fait un retour en force.

Record de France battu. Il ne s’agit malheureusement pas de performance sportive, mais de santé animale. En effet, 54 foyers de fièvre catarrhale ovine, appelée aussi maladie de la langue bleue, sont d’ores et déjà confirmés en France continentale (au 25 août). Par comparaison, seulement 7 foyers ont été déclarés en 2006. La vague bleue est donc de retour, avec une amplitude plus importante que l’année dernière.

Le virus en cause est de sérotype 8. Ce dernier avait surpris la communauté scientifique en apparaissant pour la première fois sous les latitudes de l’Europe du Nord. Près de 2 000 foyers avaient été déclarés en Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne, en France et au Luxembourg. Après une trêve hivernale, liée à une baisse des températures, l’affection fait donc un retour en force : 707 foyers confirmés en Belgique (au 22 août), 525 en Allemagne (au 20 août), 327 aux Pays-Bas (au 22 août) et 8 au Luxembourg (au 22 août). A l’heure actuelle, de nombreux nouveaux foyers restent sans doute à diagnostiquer.

La zone réglementée concerne dix-neuf départements français

Le ministère français de l’Agriculture ne cesse de remettre à jour la carte qui définit les zones réglementées vis-à-vis de la maladie. En effet, la confirmation d’un foyer de blue tongue, maladie réputée contagieuse, entraîne une mise sous interdit de l’exploitation atteinte, via un arrêté préfectoral portant déclaration d’infection. Par ailleurs, elle occasionne la délimitation d’une zone de protection, d’un rayon de 100 km autour du foyer, et d’une zone de surveillance, d’un rayon de 150 km, à partir et au sein desquels les mouvements des animaux, des semences, des ovules et des embryons des espèces sensibles (les ruminants), sont limités et soumis à conditions. En France continentale, la zone réglementée concernait au 25 août dix-neuf départements : onze entièrement (Ardennes, Aisne, Marne, Meurthe-et-Moselle, Meuse, Moselle, Nord, Oise, Pas-de-Calais, Bas-Rhin et Somme) et huit partiellement (Aube, Eure, Haute-Marne, Seine-Maritime, Seine-et-Marne, Val-d’Oise, Vosges et Yonne).

Si la fin d’été est favorable au vecteur, la crise devrait durer plusieurs mois

Comment expliquer cette “explosion” de cas ? Etienne Thiry, professeur de virologie à la faculté belge de Liège, met en avant une compétence vectorielle élevée du ou des culicoïdes en cause, un phénomène d’overwintering(1), la persistance du vecteur pendant l’hiver et, surtout, l’absence de mesures efficaces de prévention contre la maladie (voir article ci-contre). L’épizootie de 2006 avait connu deux pics, en septembre et à la fin d’octobre. « Cette année, depuis le début du mois d’août, nous sommes déjà bien installés dans l’épidémie. Si la fin d’été est en plus favorable au vecteur, nous pourrions assister encore à plusieurs mois de crise », souligne notre confrère, assez pessimiste pour l’avenir. Aucun vaccin efficace contre ce sérotype n’est encore disponible.

Les praticiens doivent, bien entendu, rester vigilants contre la maladie, qui peut affecter cliniquement aussi bien les ovins que les bovins. Ces derniers présentent une hyperthermie fugace qui peut passer inaperçue. Les signes généraux sont de l’abattement, de l’anorexie, une chute de la production laitière et une perte de poids. Le mufle et les naseaux présentent des lésions ulcéreuses et nécrotiques. Du jetage nasal mucopurulent et des ulcérations de la muqueuse buccale sont visibles derrière les incisives et le bourrelet incisif. Ces lésions provoquent parfois de l’hypersalivation. Des œdèmes au bas des membres et une faiblesse musculaire provoquent des boiteries, voire un décubitus. Les mamelles présentent des érythèmes et de l’œdème, ainsi que des lésions ulcéreuses et nécrotiques sur les trayons. Une proportion importante de bovins sont infectés de manière subclinique(2). « Chez cette espèce, le taux de morbidité est compris entre 5 et 10 % », précise Etienne Thiry.

  • (1) Durée de persistance du virus au-delà de l’hiver supérieure à cent jours.

  • (2) Selon Etienne Thiry : Virologie clinique des ruminants, à paraître prochainement, seconde édition revue, corrigée et augmentée de l’ouvrage précédemment intitulé Maladies virales des ruminants, paru en 2000.

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