L’induction de l’anesthésie chez le cheval doit être assistée - La Semaine Vétérinaire n° 1280 du 31/08/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1280 du 31/08/2007

Anesthésie et méthodes de couchage

Formation Continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Gwenola Touzot-Jourde

L’environnement conditionne aussi la qualité du couchage.

La chute brutale du cheval lors de l’induction de l’anesthésie peut non seulement être à l’origine de traumatismes susceptibles de motiver son euthanasie, tels qu’une fracture de vertèbres cervicales, mais elle met aussi en danger les opérateurs. De nombreuses méthodes ont été développées pour diminuer la survenue de ces accidents. Le développement des α2-agonistes pour la sédation a grandement amélioré la qualité de l’induction chez le cheval et fait du couchage libre, avec maintien de la tête au licol, la méthode la plus utilisée en raison de sa simplicité. Toutefois, la gestion du coucher des chevaux difficiles ou blessés requiert des techniques plus élaborées pour assurer la sécurité de l’animal et des opérateurs.

La réussite du couchage dépend de l’élaboration d’un protocole adapté

L’objectif premier de la phase d’induction de l’anesthésie générale est d’assurer une transition douce, contrôlée et prévisible, de la station debout au décubitus latéral, tout en garantissant la sécurité du cheval et des intervenants. Le protocole d’anesthésie doit tenir compte de la nervosité du cheval, de l’existence ou non d’une douleur préopératoire, de sa maniabilité et de sa familiarité avec le lieu d’opération. Quel que soit l’agent d’induction sélectionné ou la méthode de couchage choisie, une prémédication optimale est primordiale. La sédation doit être assez profonde pour que le cheval se désintéresse de ce qui se passe autour de lui, mais qu’il garde la station debout et puisse se déplacer dans un espace confiné comme le box. La prémédication est à ajuster si la réponse initiale est jugée insuffisante. La mise en place d’un cathéter intraveineux permet le redosage d’agents sédatifs ou anesthésiques, sans avoir à piquer le cheval de façon répétitive et à chercher la veine. Elle diminue aussi les risques d’injections accidentelles périvasculaires et intra-artérielles. La qualification du personnel, l’environnement plus ou moins contrôlé et l’équipement disponible jouent aussi un rôle important dans la qualité du couchage. Le site d’induction choisi doit être un endroit calme, dégagé, sans obstacle, avec un sol moelleux et non abrasif. Il est toujours préférable d’emmener le cheval sur le site d’induction avant la sédation ou lorsqu’elle est encore légère pour éviter d’avoir à le déplacer lorsqu’il est ataxique.

Différentes méthodes de contention existent, au contrôle plus ou moins efficace

Le couchage libre est une méthode simple qui consiste à donner un point fixe au cheval en le tenant par le licol et à accompagner sa descente au sol. Il s’agit de le faire s’asseoir doucement et d’empêcher qu’il ne culbute vers l’arrière ou sur la tête. Le cheval est acculé croupe ou hanche contre un mur, ce qui lui donne un point d’appui pour se laisser glisser jusqu’au sol. Cette méthode est facile à réaliser, demande un minimum d’équipement et un seul opérateur. Elle est réalisable dans un espace ouvert, comme une pâture ou un manège, dans un box d’écurie bien paillé ou dans un box de couchage molletonné. Toutefois, l’opérateur a un contrôle limité sur le cheval.

Le couchage aux cordes “tête et queue” est réalisé dans un box muni, aux extrémités d’un mur, de deux anneaux en hauteur (au-dessus de la tête du cheval) au travers desquels sont passées deux cordes, l’une attachée au licol, l’autre à la queue. Le cheval est placé parallèlement au mur qui soutient les anneaux. Les cordes sont maintenues par deux ou trois opérateurs en retrait par rapport au cheval. Elles sont maintenues en tension légère, initialement pour que le cheval ne se sente pas prisonnier, puis servent à freiner sa descente lorsqu’il se couche. Cette méthode a l’avantage d’offrir un peu plus de contrôle sur le cheval que le couchage libre, tout en augmentant la sécurité des intervenants qui ne sont pas en contact direct avec l’animal.

Lors du couchage avec porte, le box d’induction est muni d’une porte qui se rabat le long du cheval et qui est attachée au mur en passant au-dessus de son garrot ou devant le poitrail. Le cheval est placé contre un mur du box, la croupe dans le coin, et se trouve encadré entre le mur et la porte. La tête est maintenue par un seul opérateur grâce au licol. La longe est parfois passée par un anneau afin d’obtenir un point fixe pour la tête. Lors du couchage, la tête est maintenue au niveau du thorax avec un appui de l’opérateur sur l’épaule du cheval pour le faire s’asseoir. L’animal glisse ensuite le long de la porte ou du mur. Une fois en décubitus sternal, la porte est ouverte de manière à laisser le cheval s’étendre en décubitus latéral.

Eviter la chute et les contraintes du poids du corps est parfois utile

Pour l’induction de chevaux qui ont de sérieux problèmes musculo-squelettiques, il peut être intéressant d’utiliser une méthode d’induction qui évite la chute et l’application des contraintes du poids du corps sur les membres. L’induction de l’anesthésie peut ainsi se pratiquer avec le cheval attaché à une table de chirurgie à bascule placée en position verticale. Une fois tranquillisé, il est sanglé à la table. Pendant que l’animal s’endort et s’affaisse dans les sangles, le plateau de la table montée sur un bras hydraulique est surélevé, puis bascule doucement jusqu’à la position horizontale. Cette technique requiert quatre à six personnes ayant l’expérience du fonctionnement de la table pour coordonner ses mouvements et l’induction du cheval. Il est important d’obtenir une sédation profonde, car toute réaction de panique du cheval attaché à la table est difficile à gérer. Certains chevaux réagissent violemment au serrage de la sangle abdominale. Cette méthode peut paraître fastidieuse, car l’ensemble du processus d’induction prend du temps. Une fois le cheval en décubitus latéral, il doit encore être déplacé et/ou treuillé pour changer de décubitus et intercaler un matelas entre lui et la table.

La dernière option est d’endormir le cheval dans un harnais. S’il n’en est pas coutumier, il est préférable de le tranquilliser avant la mise en place des sangles.

Les méthodes de couchage, comme celles de la porte ou des cordes “tête et queue”, assurent une contention physique du cheval qui permet de le canaliser lors de sa chute et donc de diminuer les risques d’accident et de blessure de l’animal, mais aussi des opérateurs. Il est important d’avoir déjà tranquillisé le cheval lorsque la porte est serrée contre lui ou les cordes mises en tension, afin d’éviter toute réaction de panique due au confinement.

  • Voir aussi le numéro spécial « Anesthésie et analgésie du cheval », Pratique vétérinaire équine, 2003, vol. 35.

CONFÉRENCIÈRE

Marie-Thérèse Picavet, praticienne à Bosdreef (Belgique).

Article rédigé d’après la conférence « Which induction and recovery methods should be considered for horse and handler safety and how are they used in practice ? », lors de la 7e journée européenne de l’Avef à Roissy, le 10 mars 2007.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr