SI LES UNS SONT EN CONGÉS, LES AUTRES TRAVAILLENT DUR - La Semaine Vétérinaire n° 1279 du 24/08/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1279 du 24/08/2007

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Auteur(s) : Agnès Faessel

L’été, Paris se vide au profit des stations balnéaires et autres lieux touristiques de l’Hexagone. Sur place, les salles d’attente vétérinaires débordent-elles de touristes inquiets pour la santé de leur animal ? Si un pic d’activité s’observe effectivement durant la période estivale, la population locale et les vacanciers “réguliers” constituent aujourd’hui l’essentiel de la clientèle des praticiens.

Sur la Côte d’Azur, dans les Côtes-d’Armor ou encore sur la côte basque, le constat de plusieurs confrères est identique : l’afflux des touristes en juillet et en août persiste, engendrant un fort pic d’activité, mais l’affluence des vacanciers s’étale désormais de Pâques à fin septembre, pour le moins. Plus précisément, à la clientèle de passage se sont progressivement ajoutés des “habitués”, souvent propriétaires d’une résidence secondaire. Henri Czaja exerce depuis trente ans au Lavandou, sur les côtes varoises. Dans cette station balnéaire, en incluant la commune voisine de Bormes-les-Mimosas, la population passe de 10 000 à 100 000 habitants en été. « Le pic le plus élevé est atteint durant la première quinzaine d’août, constate notre confrère. Mais le changement radical opéré ces dix dernières années est l’étalement de la fréquentation touristique, qui débute dès avril et se prolonge jusqu’au mois d’octobre. » Henri Czaja observe également une présence en hausse des vacanciers étrangers, qui se sédentarisent et demeurent sur place durant toute la belle saison.

A Saint-Quay-Portrieux, au bout de la baie de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), Christine Caro note la même évolution. Dans son cabinet, le chiffre d’affaires de juillet dernier a augmenté de 15 % par rapport au mois de juin. Il avait augmenté de 16 % environ en juillet 2006 et de 35 % en août. « Nous recevons désormais les habitués de la région, qui ont le plus souvent acheté une maison de vacances, explique notre consœur. En été, sur les quarante ou cinquante clients de la journée, seuls trois ou quatre sont occasionnels. L’activité sur le reste de l’année s’est nivelée, même l’habituel creux de février a disparu. » En renfort des deux associées, le cabinet employait un vétérinaire salarié quatre jours par semaine l’été. « Depuis deux ans, nous l’employons aussi quatre jours l’hiver ! »

Un bon mois de juillet, mais une perspective médiocre en août

Les observations des vétérinaires confirment celles du ministère du Tourisme. Dans son bilan de l’année passée, édité en février dernier, il fait état d’un taux stable de départs en vacances : les deux tiers des Français partent pendant leurs congés (voir tableau). Le rapport évoque cependant la tendance à l’augmentation des séjours courts (au printemps et à l’automne notamment pour 2006) et la répartition des départs, toutes durées confondues, tout au long de l’année. Il précise aussi que la destination privilégiée des Français reste la France (90 % des séjours se déroulent traditionnellement sur le territoire), avec une préférence marquée (60 %) pour les villégiatures en résidence secondaire ou chez la famille, les amis. Pour les destinations payantes, outre la fragmentation des vacances, la tendance est aussi à une réservation de plus en plus tardive, favorisée par l’achat sur l’Internet. L’an dernier, les Français ont acheté en ligne la moitié de leurs voyages d’été.

Ces décisions tardives permettent aux vacanciers de s’adapter à la météorologie. Ainsi, l’année passée, l’étalement des longs séjours sur septembre peut être en partie attribué au temps médiocre du mois d’août. Cette année, les mauvaises conditions climatiques semblent avoir pénalisé les professionnels du tourisme… mais pas forcément les vétérinaires. De l’avis de plusieurs confrères qui exercent en zone touristique, juillet 2007 est même un bon mois. Les résultats d’août restent à venir, mais le mois aurait « plutôt mal » débuté.

Pour Nicolas Feroldi, praticien à Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques), « juillet 2007 est le meilleur mois de juillet depuis huit ans. C’est assez contradictoire avec les échos sur la fréquentation touristique qui serait peu brillante ». Mais seule la clientèle de l’hôtellerie dite de plein air (camping) fluctue réellement avec l’ensoleillement. Et, pour notre confrère, l’activité de la clinique liée au tourisme occasionnel n’est pas prépondérante.

Le vacancier devient fidèle au vétérinaire de sa résidence secondaire

Une clientèle d’habitués, présents plusieurs mois dans l’année, se développe. Ces “résidents” deviennent volontiers des clients réguliers de la clinique, qui consultent désormais aussi pour les actes de convenance, de prévention (vaccinale), etc. « Ces personnes ont plus de temps à consacrer à leur animal, donc au vétérinaire, durant leurs congés. Elles n’affrontent pas les difficultés de circulation et de parking qu’elles peuvent rencontrer sur leur lieu d’habitation principale. Loin de tout stress, peut-être trouvent-elles également ici l’écoute et la disponibilité qu’elles recherchent », analyse Nicolas Feroldi.

Outre les affections habituelles de la saison estivale (voir article en page 20), Christine Caro reçoit aussi, à Saint-Quay-Portrieux, les vacanciers qui profitent de leur séjour pour obtenir un second avis vétérinaire… « Ces consultations ne sont pas faciles, car en une demi-heure, il faut prendre connaissance du cas avec son historique, analyser le diagnostic posé et son traitement pour, le cas échéant, proposer une évolution. C’est toujours un challenge et c’est un aspect que j’apprécie », explique notre consœur. Il faut bien entendu gérer également les relations avec les confrères. « Ce n’est jamais un problème si l’on sait rester confraternel et ne pas dénigrer le travail de l’autre », assure-t-elle. Aucun des praticiens interrogés ne rapporte d’ailleurs de difficulté dans ses relations avec les vétérinaires traitants habituels de la clientèle estivale. Vincent Gaviglio, remplaçant régulier au cabinet de la commune d’Aime, en Savoie, accueille surtout les vacanciers en février ou en mars, puis en juillet et en août. « Un compte rendu de la visite est remis au propriétaire ; le confrère peut ensuite nous contacter s’il le souhaite. Devant le cas, si des renseignements sont nécessaires, je n’hésite pas à téléphoner au confrère qui le suit habituellement. » La nécessité de joindre le vétérinaire traitant reste exceptionnelle, d’après Nicolas Feroldi : « Si le suivi est régulier, les propriétaires sont généralement suffisamment informés sur la maladie de leur animal pour me renseigner. L’exemple type est le chien insuffisant cardiaque traité qui décompense brutalement. A l’inverse, si l’animal est peu médicalisé, le propriétaire est souvent incapable d’indiquer un confrère à contacter. »

Les touristes consultent de préférence sur le lieu où ils sont logés

Mais qui dit ville touristique ne dit pas nécessairement clientèle de touristes. Paris en est un exemple. La capitale est la destination prioritaire des vacanciers étrangers, dans un pays qui reste la première destination touristique mondiale (la France a reçu la visite de 78 millions de touristes étrangers en 2006, en majorité européens). La clinique de Bruno Kupfer se situe dans le IIIe arrondissement parisien. Elle assure les gardes vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Une trentaine d’hôtels sont recensés dans un rayon de 400 m aux alentours. Pourtant, « la clientèle de passage est rare, constate notre confrère. Au maximum, nous recevons 1 % de touristes. » Visiter Paris avec un chien n’est toutefois guère facile…

Par ailleurs, dans une même zone, la fréquentation des structures vétérinaires par la clientèle de passage peut varier considérablement. Jean-Frédéric Graff est praticien à Annecy, en Haute-Savoie : « La ville est très touristique. Mais si le centre ville est actif durant la journée, les vacanciers logent plutôt à l’extérieur. Je n’ai donc presque pas d’activité liée au tourisme, contrairement à Sevrier, par exemple, situé en périphérie, où je travaillais auparavant. Là-bas, la baisse d’activité résultant des départs en vacances des clients locaux est compensée par la clientèle des touristes. » Notre confrère reçoit des vacanciers lorsqu’il prend son tour de garde : « En saison, je suis certain d’être dérangé. »

Le mélange d’une clientèle de pêcheurs à la bourgeoisie parisienne

Sur l’Atlantique, au large des côtes morbihannaises ou vendéennes, nos confrères praticiens cumulent les particularités de l’insularité et du tourisme. « Notre activité est plus importante de Pâques à la Toussaint, globalement, avec un pic durant les mois de juillet et d’août, explique Etienne Lebigre, praticien au Palais sur Belle-Ile-en-Mer avec son épouse. Les trois quarts de nos clients sont alors des habitués. Il s’agit de personnes qui vivent sur l’île pendant six mois et passent l’hiver ailleurs : ils font donc appel à un vétérinaire sur chacun de leurs lieux de villégiature. » Notre confrère voit ainsi se succéder une saison hivernale avec une activité mixte et la belle saison avec une pratique canine. « Notre chiffre d’affaires est régulier, car la population est fidèle. J’apprécie la diversité de notre clientèle et le contact avec des personnes de tous les milieux, notamment les petits éleveurs. » La situation est similaire sur l’île d’Yeu, d’après Erwan Fichou qui y pratique : « J’alterne une clientèle canine et rurale, constituée de pêcheurs ou de maçons, avec une clientèle plus huppée. » En période d’affluence, nos confrères adaptent leur rythme de travail. « Habituellement, avec mon associée, nous travaillons chacun une semaine sur deux. Mais, en saison, nous travaillons ensemble tous les matins, et même l’après-midi si besoin », indique Erwan Fichou. Sur Belle-Ile, la clinique propose des horaires d’ouverture plus larges et davantage de rendez-vous.

Le contexte insulaire impose quelques précautions. Ainsi, « avec les aléas des délais de livraison liés au transport maritime, nous passons une grosse commande en prévision de l’été », signale Erwan Fichou. Bien entendu, tout cas référé est envoyé sur le continent. « Notre équipement nous permet toutefois d’être autonomes, remarque Etienne Lebigre, notamment pour l’imagerie et les analyses médicales. » Sur l’île d’Yeu, « il nous arrive de référer, mais peu en urgence : les urgences nécessitent finalement peu de matériel. Dans l’absolu, il nous manque une cage à oxygène, mais si le besoin se présente, nous disposons d’un hélicoptère sur l’île ! », ajoute Erwan Fichou.

Des vacances difficilement prises en été pour les praticiens “touristiques”

Loin de toute concurrence sur leur île respective, nos deux confrères apprécient leur tranquillité et leur qualité de vie. « Les seuls inconvénients sont les gardes une semaine sur deux, regrette Erwan Fichou, et l’impossibilité de prendre des vacances en période estivale. » Il est en effet difficile pour le praticien, dans toutes ces régions touristiques, de dégager du temps pour en profiter lui-même. « J’arrive à faire face à l’augmentation d’activité, explique Nicolas Feroldi, mais bien évidemment, je ne prends pas de vacances en été ! » Même remarque pour Henri Czaja : « Contrairement peut-être à des villes comme Hyères et Toulon où, avec le départ de la clientèle locale, mes confrères peuvent prendre quelques congés, dans une station balnéaire comme Saint-Jean-de-Luz, c’est difficilement envisageable. » Christine Caro, en Bretagne, ne voit pas la saison passer : « Nos journées d’été sont bien remplies. En soirée, la fatigue nous empêche souvent de profiter de la plage ou des activités organisées dans la région. Finalement, alors que nous travaillons à trois, le mois de septembre arrive rapidement et les jours raccourcissent déjà… »

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