La nageoire caudale des baleines à bosse constitue leur “empreinte digitale” - La Semaine Vétérinaire n° 1279 du 24/08/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1279 du 24/08/2007

Pigmentation des mégaptères et étude des populations

Formation continue

FAUNE SAUVAGE ET NAC

Auteur(s) : Caroline Goutal

La variabilité de la pigmentation constitue une mine d’informations pour étudier les populations.

La baleine à bosse (encore appelée mégaptère ou jubarte) est l’une des baleines les plus connues dans le monde. Sa popularité est due notamment à son comportement démonstratif lors de la saison de reproduction et à son anatomie (corps trapu et grosse tête recouverte de tubercules qui représente près d’un tiers de son poids). Son nom scientifique, Megaptera novaeangliae, signifie “grandes ailes de Nouvelle-Angleterre” et a été inspiré par ses nageoires pectorales (longues de cinq mètres) et la région dans laquelle elle a été observée en abondance pour la première fois. Contrairement à l’idée reçue, la bosse ne correspond pas aux protubérances présentes sur le rostre, mais à l’arrondi du dos qui apparaît lorsqu’elle sonde.

Les différences de pigmentation permettent de définir des sous-populations

La pigmentation du corps varie d’un individu à l’autre, ce qui représente une mine d’informations pour l’étude des populations et l’identification des individus. Chez les adultes, le phénotype classique comprend une région dorsale noire à grise et une zone ventrale gris clair à blanc. Mais les différentes possibilités de coloration sont nombreuses. Ainsi, il existe des baleines presque entièrement sombres et d’autres quasiment blanches.

La surface dorsale de la nageoire caudale est noire, tandis que sa face interne est composée de blanc et de noir en proportions variables. Une étude canadienne(1), portant sur cette pigmentation, a mis en évidence une différence significative entre les individus des hémisphères Sud et Nord : il apparaît que la face interne de la queue des baleines à bosse des océans du Nord est plus blanche que celle des populations des océans du Sud. Les analyses statistiques indiquent que chaque population diffère d’une autre par la proportion de pigmentation noire et blanche qui figure sur la face ventrale de la nageoire caudale, à quelques exceptions près pour lesquelles les statistiques ne sont pas significatives. C’est par exemple le cas des sous-populations d’Hawaii, du Japon et du Mexique, dont la pigmentation est proche, ce qui indique un probable mélange entre elles. Ces résultats montrent donc qu’il existe de véritables sous-divisions de populations au sein de cette espèce, et que ces sous-populations entrent certainement en interaction. Certains individus se mélangeraient donc à la faveur de la période de reproduction ou pendant leur migration, pour quelques mois ou à vie. Cette observation va à l’encontre de la théorie empirique selon laquelle les différentes sous-populations de baleines à bosse sont censées ne jamais entrer en contact.

La photo identification permet le recensement

C’est en 1979 que Steve Katona et ses collaborateurs(2) établissent que les baleines à bosse possèdent une pigmentation et des marques uniques sur la face ventrale de la queue qui permettent de les identifier. La principale technique d’identification utilisée en mer à l’heure actuelle est la photo identification, pour les animaux âgés de plus d’un an.

Pour réaliser la “carte d’identité” d’un individu, trois photos sont nécessaires : celles des profils droit et gauche de la nageoire dorsale et celle de la face interne de la nageoire caudale. Cette dernière est la pièce maîtresse de l’identification, mais aussi la photographie la plus difficile à obtenir (après plusieurs respirations en surface, la baleine sort parfois la nageoire caudale hors de l’eau avant de sonder). Les éléments à observer sur la queue sont sa taille et sa forme, la crénelure de son bord caudal, sa pigmentation et les éventuelles cicatrices. Des portions de queue peuvent être absentes.

Une banque de données informatisée mondiale répertorie les individus

Des catalogues ont été créés dans les différents lieux d’observation des baleines à bosse : pour chaque individu figure un maximum de photos d’identification, accompagnées de la date, de l’heure, de la position et de la composition de l’éventuel groupe dans lequel se trouvait l’animal au moment de la prise de vue. Auparavant, les chercheurs réalisaient un “matching” : ils comparaient les nouvelles photos de chaque individu avec celles du catalogue pour déterminer si l’animal avait déjà été observé. Aujourd’hui, une banque de données informatisée mondiale existe, ce qui épargne ce travail fastidieux. Une étude canadienne(3) montre que l’utilisation de ces marques corporelles est une méthode fiable d’identification à grande échelle. Fondée sur un marquage double (corporel et par marqueurs génétiques microsatellites), effectué chez 1 410 individus dont 414 avaient déjà été répertoriés auparavant, l’expérience ne révèle aucun résultat faussement positif ou faussement négatif. Le taux d’erreur augmente simplement avec la diminution de la qualité des photographies, et celui-ci n’est que de 0,125 lorsque seulement une partie de la surface de l’animal utilisée pour l’identification est visible. Il s’agit donc de la technique de référence, la plus fréquemment employée.

Malgré tout, l’étude des populations de cette espèce reste à approfondir, car les données dont les chercheurs disposent restent insuffisantes.

  • (1) H. Rosenbaum et coll. : « Geographic variation in ventral fluke pigmentation of humpback whale Megaptera novaeangliae populations worldwide », Marine Ecology Progress Series, août 1995, vol. 14, pp. 1-7.

  • (2) Hawaii’s humpback whales : complete whalewatchers guide, G. Kaufman et P. Forestell, 2e edition, 2003.

  • (3) P. Stevick et coll. : « Errors in identification using natural markings : rates, sources, and effects on capture–recapture estimates of abundance », Can. J. Fish. Aquat. Sci., 2001, vol. 58, n° 9, pp. 1861-1870.

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