Des formes cliniques d’artérite virale sont déclarées - La Semaine Vétérinaire n° 1277 du 07/07/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1277 du 07/07/2007

Maladie infectieuse équine. Situation exceptionnelle dans l’Eure et l’Orne

Actualité

Auteur(s) : Marine Neveux

Plusieurs foyers de l’affection ont touché de jeunes poulains.

Plusieurs foyers d’artérite virale équine viennent d’être mis en évidence dans deux départements français, l’Orne (chez des percherons) et l’Eure (chez des chevaux de selle et un poulain décédé à l’origine de la suspicion, ainsi que chez des juments percherons ayant été inséminées).

L’efficacité et la synergie entre le Réseau d’épidémiosurveillance des pathologies équines (Respe), les vétérinaires sentinelles, l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) de Dozulé et le laboratoire départemental Frank Duncombe ont permis cette identification précoce. Cette réactivité est possible grâce à la collaboration entre les différents centres techniques et d’échange d’informations.

Le tableau clinique met en évidence de l’hyperthermie et des œdèmes

Les foyers ont été mis décelés à la suite de l’autopsie d’un étalon percheron durant laquelle des lésions myocardiques sont apparues. L’animal avait présenté un accès fébrile et une orchite et s’était révélé positif vis-à-vis de Streptococcus zooepidemicus. Parallèlement, des prélèvements réalisés sur un autre site dans le cadre du Respe ont permis l’identification de la maladie : des chevaux présentaient des signes respiratoires légers (les tests étaient négatifs vis-à-vis de la rhinopneumonie et de la grippe), d’autres montraient une hyperthermie (40 °C). « Nous avons donc envisagé, avec le praticien, une recherche pour artérite virale », témoigne Pierre-Hugues Pitel, du laboratoire départemental Frank Duncombe. D’autres analyses ont en outre été réalisées à la suite d’une suspicion respiratoire chez un poulain.

Dans les formes aiguës de la maladie, de la mortalité peut être observée chez les poulains âgés de quelques jours. Les symptômes chez les poulains âgés de moins d’une semaine sont de l’hyperthermie, des œdèmes de l’auge, des salières, du fourreau, voire des membres. Des orchites sont notées chez les étalons. Les juments, elles, sont atteintes d’œdèmes plus ou moins discrets et d’hyperthermie. L’abattement n’est pas systématique.

Les poulains âgés de plus d’un mois et les adultes arrivent à émerger de l’affection, bien que certaines juments présentent des symptômes marqués.

La situation observée aujourd’hui en France est inhabituelle

La situation est exceptionnelle, en premier lieu parce qu’une expression clinique de la maladie est notée. Or aucun symptôme n’a été décelé en France depuis au moins dix ans. Des tests effectués sur le sperme d’étalons sont parfois positifs, mais sans signe apparent. Le caractère exceptionnel provient en outre de l’observation d’une mortalité chez des poulains de trois à quatre jours.

Les souches virales ont été typées génétiquement. « Nous avons mis en évidence un séro-groupe européen de type 2 », explique Pierre-Hugues Pitel. Entre les différents chevaux qui ont fait l’objet de prélèvements, les souches sont proches à 99,6 %. Elles sont génétiquement proches de celles isolées en Allemagne en 1994, et en Pologne en 2006. Cela ne signifie pas pour autant que ces régions soient à l’origine des foyers français actuels.

La contamination se fait par voies aérosol et vénérienne, mais aussi de façon indirecte

Le risque sanitaire actuel est lié aux transports d’animaux et aux rassemblements de chevaux. La transmission directe par voie aérosol (sécrétions du tractus respiratoire) est le principal mode de dissémination de l’affection. La contamination peut également emprunter la voie vénérienne. La transmission du virus peut aussi avoir lieu de manière indirecte. Le personnel doit donc faire preuve de vigilance au niveau du matériel, du lavage de mains, etc. Le placenta, les annexes et les fœtus sont également des sources de contamination.

L’artérite virale, observée chez des chevaux lourds, de selle et des poneys, a le statut de maladie à déclaration obligatoire (MDO). Lorsque l’affection est avérée, le laboratoire Frank Duncombe déclare les cas aux directions des services vétérinaires (DSV), en indiquant la race, le sexe, l’âge de l’animal et la méthode d’isolement. L’identité du cheval et sa position géographique restent anonymes. La Direction générale de l’alimentation (DGAL) est également informée.

Une enquête épidémiologique est en cours de réalisation

Une enquête épidémiologique est lancée pour déterminer l’origine de la contamination observée sur le territoire. Un passage du virus a eu lieu chez des étalons, mais il reste à déterminer la façon dont cela s’est produit.

Pour affiner l’enquête épidémiologique, « nous avons pu récupérer des écouvillons envoyés par le Respe », explique Pierre-Hugues Pitel. Dans deux des foyers, des prélèvements sont en outre effectués pour rechercher des traces de virus dans les naseaux, ainsi que des analyses sérologiques destinées à déterminer si d’autres juments auraient été infectées.

La souche est assez virulente, contrairement à celles habituellement retrouvées dans le sperme. « Nous sommes face à une souche sauvage qui a un pouvoir pathogène assez marqué », remarque Pierre-Hugues Pitel. L’artérite virale observée aujourd’hui peut donc se révéler grave.

Les foyers ont par ailleurs des conséquences en termes économiques et d’organisation : mortalité, morbidité, annulation d’épreuves de chevaux lourds, déplacements limités, etc. A ce jour, aucun pur-sang ou trotteur n’a été touché. Le danger actuel est essentiellement dû aux chevaux en incubation ou à ceux qui exprimeraient les tout premiers symptômes et seraient changés de lieu de stationnement. Les éleveurs et les particuliers doivent ainsi être informés pour rester vigilants face à des signes d’hyperthermie et d’œdème afin d’appeler le vétérinaire à la moindre alerte.

Diagnostic de l’artérite

• Sérologie : sang sur tube sec (deux sérums à 2 ou 3 semaines d’intervalle).

• Virologie et amplification génique : prélèvement à l’autopsie ou écouvillons naso-pharyngés envoyés au laboratoire sous le régime du froid.

M. N.
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