Pour sortir du jeu psychologique, trêve d’enfantillages, il faut adopter “l’état adulte” - La Semaine Vétérinaire n° 1276 du 30/06/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1276 du 30/06/2007

Communication

Gestion

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Auteur(s) : Gil Wittke

Dans le précédent article(1), nous avions laissé Audrey et Stéphane frustrés après un échange peu constructif. Voici un autre exemple de jeu psychologique, intitulé « Regarde ce que tu me fais faire ! ».

Pour étoffer l’équipe des auxiliaires en chirurgie, notamment pour remplacer Sophie quand elle est absente, Aymeric a proposé à Marie-Hélène de commencer par recoudre avec lui le chien qu’il vient d’opérer. Sophie est aussi présente (elle est venue de sa propre initiative ranger la salle) et jette régulièrement des coups d’œil sur le travail de sa collègue, qu’elle assortit de commentaires techniques souvent forts justes. Malgré l’aide d’Aymeric et de Sophie, Marie-Hélène se crispe. Elle emmêle les nœuds et doit faire plusieurs essais pour percer la peau. Pour essuyer sa sueur, elle fait soudain un geste brusque et cogne Sophie, qui lâche alors les flacons de pénicilline qu’elle tient, lesquels se brisent par terre : « Fais un peu attention Marie-Hélène. Regarde ce que tu m’as fait faire ! » Il faudra que Marie-Hélène sache garder son sang-froid si elle veut intégrer l’équipe de chirurgie.

Les rôles du jeu psychologique peuvent être adoptés par chacun alternativement

L’analyse de cette scène met en évidence les interactions d’un jeu psychologique qui s’organise autour de trois rôles, issus du renforcement excessif de certains états du moi (voir schéma). Chacun privilégie (involontairement) l’un des rôles (lequel constitue son point faible).

Le parent nourricier devient un “sauveteur” dont la “mission sur terre” est d’aider l’autre, même si ce dernier n’a rien demandé, et parfois au détriment de sa propre personne. Ainsi, dans l’article précédent, Audrey ne pouvait s’empêcher d’aider son collègue, tout comme elle serait capable de rester plusieurs nuits au chevet de l’animal d’une amie, bien entendu en dehors de ses heures de travail, quitte à être épuisée ensuite dans la journée.

Le parent normatif se transforme en “bourreau”, avec ses jugements à l’emporte-pièce, ses piques ou encore son autoritarisme. Ici, Sophie joue parfaitement ce rôle.

L’enfant soumis se positionne en “victime”. Dans l’article précédent, Stéphane jouait une victime efficace. Dans celui-ci, Marie-Hélène subit sans réagir la présence peu bienveillante (empreinte de jalousie ?) de Sophie. Mais c’est aussi le rôle que se donne Sophie à la fin de la scène ! C’est l’une des caractéristiques du jeu psychologique, qui rend la situation rapidement complexe, frustrante, voire explosive : chacun peut jouer alternativement l’un des trois rôles.

Un jeu psychologique permet de passer le temps. Il est souvent sans conséquence grave. Il est reproductible à l’infini, tant que les protagonistes y trouvent leur compte. Chacun peut aussi décider d’en sortir mais, comme toujours en communication, il est impossible d’imposer ce choix à l’autre (qui peut obliger quelqu’un à ne plus se positionner en victime ?). La première étape consiste à être attentif à ses sensations pour détecter le jeu psychologique au sein d’une relation : cercle vicieux, frustration, absence de résolution, répétition. Ensuite, il est nécessaire de s’autoriser à en sortir en répondant « non » à cette question fondamentale : y a-t-il un risque pour moi si je stoppe maintenant le jeu ? Le seul moyen efficace est alors d’adopter l’état adulte. Dès les premiers signes (les « oui, mais »), il faut répondre : « Je comprends votre souci, y voyez-vous une solution ? » ou « Il est certain que ce n’est pas facile quand on débute. Puis-je vous aider ? ». Marie-Hélène, par exemple, aurait pu regarder Sophie et lui dire calmement : « Je te remercie pour tes précieux conseils. Je souhaite maintenant me concentrer uniquement sur ce que m’explique le docteur. » Il est alors probable que les conversations se seraient arrêtées net…

En outre, il est pertinent de travailler sur soi pour accepter et comprendre son point faible, c’est-à-dire le rôle que nous tendons à jouer dans les jeux psychologiques.

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1275 du 23/6/2007 en page 42.

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