Etes-vous favorable ou non à la classe préparatoire d’entrée aux ENV ? - La Semaine Vétérinaire n° 1276 du 30/06/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1276 du 30/06/2007

Entre nous

FORUM

Le programme n’est pas complètement adapté

Françoise Quintin-Colonna, professeur à l’ENVA.

Il faut d’abord garder à l’esprit que la sélection est nécessaire. La taille des amphithéâtres et le nombre d’enseignants ne permettraient pas, de toute façon, d’augmenter sensiblement le numerus clausus. Le point positif de la nouvelle classe préparatoire est l’ouverture sur plusieurs concours. La préparation “véto” était une impasse pour les élèves. J’aurais préféré que nous nous orientions vers une sélection commune avec les études médicales et pharmaceutiques qui nous sont plus proches, mais cela aurait peut-être été plus difficile à mettre en œuvre. Pour l’instant, le programme des deux années de classe préparatoire n’est pas complètement adapté à la formation des vétérinaires. C’est une perte de temps et d’efficacité pour l’apprentissage des étudiants. Il y a eu une demande conjointe des quatre directeurs d’école pour que le concours “véto” puisse être tenté dès la première année en regroupant les matières moins indispensables en deuxième année. Les agronomes s’y sont opposés. Actuellement, nous retravaillons le référentiel de ces deux années de “prépa” (semestres S1 à S4) afin d’introduire des notions importantes ou utiles : physiologie, génétique, biochimie fondamentale plus en perspective avec la biochimie clinique, étude de la souris plutôt que de la grenouille, imagerie, etc. Nous pouvons craindre que l’étudiant fermement décidé à être vétérinaire soit dans une situation plus difficile qu’avant, car susceptible d’échouer face à ceux qui, plus doués en mathématiques ou en physique, ne se seraient peut-être pas présentés au concours auparavant. Je dois toutefois reconnaître qu’en tant qu’enseignante en sciences fondamentales, et avec le recul de deux promotions, j’ai remarqué un changement du profil des étudiants. Ils me paraissent plus ouverts et curieux.

La capacité à mémoriser plutôt qu’à raisonner

Jocelyn Lamarre, étudiant en 1re année à l’ENVA.

Je n’ai pas gardé un excellent souvenir de ma classe préparatoire. Pendant deux ans, je n’ai plus vraiment eu de vie, je ne pensais qu’au travail. A ceux qui me disent que cela apprend à aller au bout de soi-même, je réponds que j’étais à la limite de la dépression. Je trouve dommage que la sélection s’axe à ce point sur la capacité à mémoriser et non à raisonner. Peut-être serait-il envisageable de privilégier les entretiens et d’accorder plus d’importance à l’expression, à la motivation et à la réflexion. La manière d’étudier en classe préparatoire développe la faculté à faire face aux piles de polycopiés et à l’avalanche de partiels une fois à l’école, mais si nous acquérons une rapidité d’apprentissage, nous oublions aussi plus vite. Certains enseignants nous reprochent « un apprentissage en chasse d’eau », mais ils ne font rien pour lutter contre. Je reste favorable au maintien d’un numerus clausus et d’une sélection à l’entrée dans les écoles, car cela évite les amphithéâtres bondés et l’incertitude jusqu’à la fin du cursus. Mais je trouve dommage d’avoir fusionné les classes préparatoires “bio” et “véto”. Le concours est plus difficile et le programme nous prépare mal à l’enseignement vétérinaire. Pendant le temps passé dans ces classes, nous ne voyons pas un seul animal (à part peut-être un crustacé…) et nous approfondissons des matières (géologie, mathématiques, physique) qui n’auront aucun écho par la suite. Par ailleurs, je ne me suis pas senti personnellement concerné par l’ouverture aux autres concours. Comme beaucoup, ma vocation date de l’enfance et si je n’avais pas intégré l’école en fin de deuxième année, je ne me serais pas dirigé vers l’agronomie. Revenir à un an de classe préparatoire serait la première modification à apporter. Les actuelles cinq années de l’enseignement vétérinaire, elles, sont justifiées.

La classe préparatoire est une étape ponctuelle, utile, pas une préparation au monde professionnel

Céline Labadens, praticienne à Baraqueville (Aveyron).

Beaucoup de choses ont changé depuis l’époque où j’étais en classe préparatoire (en 1997). Je n’ai pas suivi toutes les nouveautés du cursus, mais je sais qu’il est possible de présenter d’autres concours. Un autre élément positif est la hausse de l’effectif des étudiants qui n’ont pas forcément les moyens de faire une classe préparatoire, mais qui peuvent tenter leur chance en venant de la faculté ou d’un IUT. Je connais plusieurs personnes dans ce cas, qui sont devenues des vétérinaires exceptionnels.

La classe préparatoire est une bonne chose. Je n’irais pas jusqu’à dire qu’elle est nécessaire, mais elle a montré qu’elle peut faire de bons vétérinaires. Lorsque nous y sommes, nous pensons tous que la quantité de travail demandée ne sert à rien, mais cela nous entraîne à pousser nos capacités intellectuelles et nous permet d’acquérir une méthode. Je ne suis pas certaine qu’un étudiant trouve à l’université une motivation comparable et la même proximité avec les enseignants. Je ne suis pas hostile à un changement s’il s’adapte à l’enseignement et aux attentes des étudiants, mais il me semble vain de croire que répondre aux exigences européennes apportera les solutions au mal actuel de notre métier. En tant que praticienne rurale, j’ai conscience de la nécessité de donner envie aux jeunes de venir travailler dans notre branche. Je ne pense pas qu’augmenter (ou supprimer) le numerus clausus puisse résoudre ce problème. La classe préparatoire n’est qu’une étape, pas une préparation au monde professionnel. C’est à l’école de mieux valoriser tous les aspects de notre métier. L’enseignement théorique ne doit pas perdre de vue ses liens avec le monde du travail.

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