« Dis-moi comment tu parles, je te dirai qui tu es » - La Semaine Vétérinaire n° 1275 du 23/06/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1275 du 23/06/2007

Les mots influencent ou trahissent

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Auteur(s) : Nathalie Devos

Apprendre à décoder le langage des autres peut permettre de mieux cerner leur personnalité.

Miser sur le relationnel et non plus seulement sur la technique pour exercer son activité de façon optimale est aujourd’hui une nécessité couramment admise. Dans ce cadre, le langage verbal occupe une place de choix. L’instruction, la culture, l’intelligence, l’origine sociale, etc., sont autant de références qui caractérisent notre façon de s’exprimer. « La manière dont nous agençons nos phrases, la concordance des temps qui est privilégiée ou encore l’usage de certains vocables appartiennent à l’organisation d’un discours “manipulé” par l’éducation qui a modelé notre pensée, explique le psychologue Joseph Messinger(1). Mais les expressions et les termes employés peuvent être des “virus” ou des “antidotes” du message à faire passer. »

Le langage employé permet de repérer les “manipulateurs” ou les “manipulés”

« J’ai tout essayé pour le convaincre. » Cette expression, par exemple, laisse sous-entendre que la personne a finalement échoué. « Les “essayeurs” sont des séducteurs qui promettent le bonheur sans l’offrir, analyse Joseph Messinger. “Je vais essayer”, c’est la phrase qui tue, car l’action envisagée est reportée dans un avenir incertain et une réelle implication est évitée. “Je vais essayer malgré tout” est une ineptie langagière qui ne mène à rien d’autre qu’à s’offrir une bonne conscience. »

Autre verbe, autre exemple : « Je crois que vous avez raison. » Pourquoi le locuteur se sent-il obligé d’ajouter le verbe croire à son affirmation ? « Parce qu’il émet un doute. »

Quant à “falloir”, il se conjugue uniquement à la troisième personne. C’est une déclinaison « hypocrite » du verbe devoir, selon Joseph Messinger, qui présente l’avantage d’avoir un sujet impersonnel. Les donneurs d’ordre se retranchent souvent derrière ce “il” pour faire appliquer leurs directives. Pourquoi dire « il faut » plutôt que « je veux que » ? En fait, l’emploi abusif de “falloir” révèle un manque de caractère, observe le psychologue, car le “il” déresponsabilise le “je”, incapable de prendre une décision.

L’expression « je compte sur vous » est, de son côté, un avertissement dont la menace est à peine voilée : « Le refrain d’un manipulateur paresseux déléguant le pouvoir à ses troupes, qui ne compte pas sur vous, mais sur le bénéfice qu’il pourra en tirer. »

L’emploi des adverbes est tout aussi intéressant à étudier. Par exemple, pour Joseph Messinger, “vraiment” et ses cousins (“franchement”, “sincèrement”, etc.) décrédibilisent le reste de la phrase. Ce sont des termes privilégiés dans le discours des simulateurs. Associés à « je crois », le doute est alors doublé d’un gros mensonge. Celui qui veut se rassurer emploiera plus volontiers “absolument” : « Il faut absolument que je sache. »

20 % des mots employés sont signifiants, le reste sert d’habillage

La concordance des temps employée est également révélatrice de la personnalité. « Allo, je vous appelle, car je voulais prendre rendez-vous pour la semaine prochaine, si c’est possible. » Selon Joseph Messinger, conjuguer le futur à l’imparfait est le mode d’expression privilégié des individus qui manquent de volonté et se soumettent souvent à ceux qui détiennent le pouvoir à leurs yeux. Quant au conditionnel, quand il pointe le bout de son nez, l’action est déjà marquée d’un handicap. « Je voudrais » affaiblit le « je veux ». Ce temps est le mode favori du non-engagement.

Privilégier tel ou tel pronom est tout aussi parlant. Qui est “on” ? Personne et tout le monde à la fois. C’est donc le sujet favori des indécis qui tentent de se déresponsabiliser d’une action. Par ailleurs, l’abus du « moi, je » est un symptôme patent de la faiblesse d’une personnalité confuse, selon le psychologue. « L’égocentrisme du locuteur est une manière de protéger cette faiblesse contre un environnement hostile. Le locuteur ressent le besoin de s’affirmer en permanence pour se protéger de l’autre et se défaire d’un complexe d’infériorité tenace. »

Ces quelques exemples montrent que « “les ghettos” du langage existent, mais ce sont les individus qui s’y enferment ». Joseph Messinger ajoute qu’à peine 20 % des mots employés pour s’exprimer sont signifiants. Les 80 % qui restent sont de l’habillage, de la « gesticulation verbale ». Mais celle-ci peut nous mettre à nu devant nos interlocuteurs. A contrario, en évitant les “pièges”, elle peut aider à les convaincre. Une sorte de manipulation verbale.

  • (1) Ces gestes qui manipulent, ces mots qui influencent de Joseph Messinger, First éditions.

Le langage gestuel est aussi parlant

Parallèle au langage verbal, le langage gestuel adresse nombre de signaux à l’entourage sous forme de postures et de mouvements involontaires. Anodins en apparence, ils trahissent nos émotions, de la tête aux pieds.

Les yeux dévoilent l’intérêt porté à l’autre : des regards soutenus et fréquents au cours d’une conversation rendent en général l’interlocuteur plus réceptif. En situation de stress, le regard de l’autre est plutôt fui. Une tête droite suggère une volonté de domination, une tête basse traduit une attitude sur la défensive. Quelqu’un qui se frotte ou se pince le nez est contrarié, selon les experts du gestuel. Un buste en retrait est un signe de méfiance. Tout croisement corporel (bras, jambes) est un code de protection “du territoire mental”. Quant aux mains, leur signification gestuelle est encore plus complexe. Montrer les paumes abolit les distances, c’est un signe d’ouverture aux autres. Les mains avancées vers l’interlocuteur, paumes vers l’intérieur et bout des doigts de chaque main en face à face, traduit la volonté de convaincre ; des doigts qui se rejoignent en pointe vers le haut expriment un désir de clarté et de précision, etc.

N. D.
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