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Entre nous
QU’EN PENSEZ-VOUS ?
Auteur(s) : Carole Ballin
Entre un “vous” respectueux qui distancie et un “tu” convivial qui peut parfois paraître “osé” ou familier, le choix n’est pas toujours évident.
Le pronom “vous” indique la distanciation. Cette marque de respect est indispensable dans les rapports professionnels, estime un confrère. « La réalité du travail suppose une hiérarchie des rapports », poursuit-il. Si certains respectent scrupuleusement l’usage du vouvoiement, d’autres n’hésitent pas à “enfreindre les codes de bonne conduite”. Ainsi, depuis quelques années, l’usage du tutoiement a progressé dans l’entreprise, quel que soit l’échelon hiérarchique. Selon le sociologue Jean-Pierre Le Goff, la généralisation du tutoiement au sein du monde du travail en France daterait des années 80 et résulterait « de la rencontre d’un esprit post-soixante-huitard égalitaire avec un mode de management anglo-saxon participatif »(1). L’entreprise vétérinaire ne fait pas exception. Certaines sociétés font même du tutoiement une règle, au point de l’inscrire dans leurs chartes ou de rendre le “tu” presque obligatoire. Cette option et l’emploi du prénom sont choisis pour simplifier les relations à tous les étages de l’organigramme. « Faciliter la communication entre les gens est une réelle volonté. Chez nous, elle passe par le tutoiement, commente un confrère. Tutoyer ses collaborateurs et s’adresser à eux par leur prénom favorise le franc-parler et fait tomber certaines barrières. » Une telle familiarité peut être déconcertante dans un pays où le tutoiement ne va pas de soi. En effet, il s’agit bien là de culture. Si, en Allemagne, le vouvoiement sur le lieu de travail est de mise, en Espagne en revanche, “tu” et relations professionnelles font bon ménage. Quant à l’emploi du “you” anglo-saxon, il résout bien des problèmes.
Le tutoiement marque la proximité, la capacité à discuter sur un pied d’égalité. Pourtant, si son usage rend les échanges plus simples, ces derniers sont aussi plus ambigus. « En plaçant le salarié dans une situation qu’il ne maîtrise pas, le tutoiement institué peut devenir la base du harcèlement moral », indique Jean-Pierre Le Goff. Il induit en effet une notion d’égalité totalement illusoire. « Délicat de dire “tu” quand vient l’heure des reproches », remarque un confrère.
Une question de génération
Peut-être est-ce une question de génération : le vouvoiement n’est pas garant de respect, mais il permet d’instaurer des relations claires. Les grands communicants me répondront que le tutoiement n’interdit pas la hiérarchie et qu’il est aussi efficace pour attirer l’attention sur des problèmes quotidiens, tout en facilitant les relations positives. Selon moi, le tutoiement ne peut intervenir qu’après la disparition de toute hiérarchie, réelle ou sociétale, et la création d’un sentiment plus fort que je rapprocherais de l’amitié. Je vouvoie mes auxiliaires pendant plusieurs mois. Ensuite, le tutoiement apparaît sans que le moindre effort soit nécessaire. Dans la région, beaucoup de mes confrères tutoient leurs clients et se font appeler par leur prénom. Cela n’empêche pas les propriétaires de “changer de crémerie” pour 10 € de différence. Dans mon schéma, c’est un client qui est parti, et non un ami qui vous a trahi. Et je dors mieux…
Gilles ChaveAdresser un client à « la petite » n’est pas très professionnel
Je me suis rendu récemment dans mon agence bancaire pour déposer des documents. Mon conseiller étant indisponible, il m’a suggéré de « laisser les papiers à la petite », en désignant la jeune femme derrière le guichet. En présentant mademoiselle Mancini comme « la petite », ce directeur d’agence ne donne pas vraiment l’impression aux clients qu’ils vont s’adresser à quelqu’un d’important dans l’entreprise. Il en va de même dans nos cabinets. Ce n’est pas « la petite » ou « Elodie » qui fournit les croquettes du chien de madame Micheu, mais mademoiselle Blaise qui délivre, de manière professionnelle et attentive, une prescription. Comme il m’est impossible de passer dix fois par jour du tutoiement au vouvoiement, la seule solution est le vouvoiement permanent. Cela nécessite aussi d’appeler les gens par leur nom et non par leur prénom, et cela en toute circonstance. Il est essentiel de faire comprendre aux clients, particulièrement quand on travaille avec de jeunes confrères, qu’ils confient les soins de leur animal à un docteur vétérinaire qui a notre totale confiance et non pas à « la petite ».
François HuretNouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »
L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.
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