La réhydratation, par balnéation, est essentielle à la sortie de l’hibernation - La Semaine Vétérinaire n° 1272 du 02/06/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1272 du 02/06/2007

Consultation des tortues après le repos hivernal

Formation continue

FAUNE SAUVAGE ET NAC

Auteur(s) : Olivier Betremieux

Quelques règles simples de bonne pratique lors de la mise au repos évitent les désagréments au réveil.

L’hibernation des tortues terrestres méditerranéennes en captivité (tortues du genre Testudo, Eurotestudo et Agrionemys) fait partie d’un cycle de leur vie, à respecter dans les meilleures conditions possibles. En effet, il est supposé que l’espérance de vie et la résistance aux infections est supérieure chez les tortues qui hibernent pendant la saison froide. Cependant, une hibernation mal conduite entraîne des affections qui peuvent apparaître dès le réveil de l’animal.

Le premier réflexe à adopter en consultation est de peser la tortue afin d’évaluer la perte de poids liée à ce repos hivernal. Elle ne doit pas dépasser 10 % du poids initial et peut témoigner, dans le cas contraire, d’une hibernation mal conduite. Ensuite, l’examen clinique pourra mettre en évidence d’autres signes de maladies liées à de mauvaises conditions d’hibernation. Le principal motif de consultation après ce long repos est l’anorexie, symptôme commun à de nombreuses affections chez les tortues.

Les causes de troubles induits par l’hibernation sont multiples. En premier lieu, une maladie non détectée avant l’hibernation entraînera des anomalies lors du réveil. Ainsi, une visite chez le vétérinaire à l’automne peut permettre la mise en évidence d’une affection sous-jacente. En effet, les tortues présentent peu de signes externes de maladie. Elles peuvent souffrir de manière occulte, notamment au niveau respiratoire, digestif ou encore rénal. Des examens complémentaires ciblés (biochimie sanguine, analyse coprologique, etc.) sont ainsi utiles en vue d’un éventuel traitement avant le placement en hibernation ou, le cas échéant, pour les soigner en terrarium d’infirmerie pendant tout l’hiver. Placer une tortue malade en hibernation présente un risque vital.

Lorsque la tortue vit dans le jardin et hiberne dehors en s’enterrant, il n’est pas rare de retrouver des plaies cutanées plus ou moins profondes au niveau des membres. Celles-ci sont la plupart du temps causées par des morsures de rats. Les tortues placées dans un hibernaculum spécifique et sécurisé (boîte en bois fermée, dans la cave par exemple) évitent ces mauvaises rencontres.

Paramètres d’ambiance inadaptés et repos trop long entraînent des troubles

La température ambiante idéale lors de l’hibernation se situe entre 2 et 10 °C. Lorsqu’elle descend en dessous de 0 °C pendant plus de cinq jours consécutifs, des troubles neurologiques centraux peuvent apparaître (déviation du port de la tête, prostration), à la suite de la “congélation” de l’encéphale. Des troubles oculaires (cécité, cataracte, hémorragies intra-occulaires) et des lésions vasculaires au niveau de l’extrémité des membres (nécroses ischémiques des doigts) peuvent aussi être observés. A contrario, quand la température est supérieure à 10 °C, la tortue ne “dort” plus et son métabolisme basal ne diminue pas suffisamment. Elle utilise alors ses réserves métaboliques, se déshydrate et produit des toxines. Au réveil, la tortue a perdu plus de 10 % de son poids initial et elle est apathique et déshydratée.

Le substrat de l’hibernaculum doit être humide (90 à 95 %) afin d’éviter une déshydratation par pertes excessives au niveau des surfaces d’échanges respiratoires. Cette humidité importante est à associer à une bonne ventilation de l’hibernaculum, afin d’éviter les moisissures au sol et sur le plastron de la tortue.

La durée d’hibernation dans le biotope des tortues méditerranéennes est en moyenne de trois à quatre mois. En dépassant cette période, elles continuent à puiser dans leurs réserves et s’affaiblissent. Cela entraîne aussi une immunodépression par leucopénie, favorisant toutes sorites d’infections (rhinites, stomatites, infections systémiques).

Au réveil, la tortue doit faire l’objet d’une attention particulière

A sa sortie d’hibernation, l’animal doit être réhydraté par des bains d’eau tiède à 30 °C (réhydratation orale et percloacale avec élimination des toxines accumulées, par relance de la fonction rénale). Une lampe à vapeur de mercure lui apportera la chaleur et les ultraviolets nécessaires à la bonne reprise du métabolisme. L’alimentation pourra alors reprendre avec, tout d’abord, des végétaux riches en eau (concombre, par exemple). Par la suite, une alimentation classique, équilibrée en minéraux (Ca/P > 2) pourra lui être distribuée (endives, oranges, épinards, trèfles, pissenlits, etc.).

La plupart du temps, la déshydratation est la cause de l’anorexie, quelle qu’en soit la cause. Si la tortue n’a pas uriné dans les jours qui suivent son réveil, il convient de la réhydrater avec des solutés adaptés, par voie parentérale (intraveineuse, intra-cœlomique) ou orale (sondage orogastrique). L’évaluation biochimique de ce mauvais état général peut passer par la mesure du taux sanguin d’acide urique (qui ne doit pas dépasser 40 mg/l) et d’urée (norme inférieure à 0,1 g/l). Pour certains auteurs, l’urémie pourrirait être un marqueur d’insuffisance rénale et l’acide urique un marqueur de la déshydratation. Une tortue qui présente une élévation significative de l’un et/ou de l’autre de ces paramètres doit faire l’objet de perfusions journalières en terrarium d’hospitalisation (UVb, 30 °C, etc.) afin de pouvoir contrôler sa réponse au traitement, et donner un pronostic au propriétaire concernant le rétablissement de son animal.

Ainsi, une tortue qui n’a ni bu ni mangé au cours de la semaine qui suit son réveil doit faire l’objet d’une consultation. Il conviendra de trouver la cause de cette anorexie, via la vérification des conditions d’hibernation et un examen clinique attentif de l’animal.

BIBLIOGRAPHIE

  • • L. Schilliger : Les tortues de jardin, guide des soins et des maladies, éditions Animalia, 2007.
  • • Voir les autres références sur le site Planete-vet.com
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