Est-il pertinent d’interdire la vente de chiens et de chats en animalerie ? - La Semaine Vétérinaire n° 1272 du 02/06/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1272 du 02/06/2007

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En Belgique, la vente de chiens et de chats en animalerie sera interdite à partir de janvier 2009, sous l’impulsion des associations de protection animale, qui reprochent à ces magasins de vendre des animaux en mauvaise santé, de contribuer au trafic via les pays de l’Est, de favoriser les achats impulsifs et donc les abandons (voir La Semaine Vétérinaire n° 1264-1265 des 7 et 14/4/2007 en page 20).

La persistance du trafic est le fond du problème

Marie-Catherine Soulary, praticienne à Arras (Pas-de-Calais).

Arras n’est pas éloigné de la Belgique et, régulièrement, mes clients m’apportent des animaux qu’ils ont achetés dans ces grandes jardineries-animaleries belges, aux prix compétitifs par rapport à la France. Ils y sont allés pour acquérir une plante et reviennent avec un animal, convaincus d’avoir fait une affaire. Ces animaux, nés dans les pays de l’Est et sevrés trop tôt, ont des passeports européens avec des âges falsifiés et souffrent fréquemment d’infections ou de graves troubles comportementaux. Des soucis comparables existent avec des animaleries en France, mais les Belges ont développé ce type de commerce à une échelle quasi industrielle. J’assiste alors à de véritables drames. Sans parler du préjudice moral, il est difficile d’intenter des recours et les clients qui obtiennent un remboursement sont rares. Le plus souvent, l’animal est échangé, ce qui ne modifie en rien le problème. Il y a donc une réelle nécessité d’améliorer la situation. Mais cette loi paraît drastique et arbitraire. Elle pénalise les commerçants qui travaillent correctement et ne règle pas les problèmes engendrés par la contrebande. Son impact sur le comportement des animaux est une raison de leur abandon peut-être plus importante que l’achat impulsif. La vente sur catalogue n’empêchera pas plus les fraudes. La persistance du trafic est le fond du problème. Une réflexion devrait être menée au niveau européen pour exercer de meilleurs contrôles et mieux les coordonner entre les Etats. La convention européenne pour la protection de l’animal de compagnie de 1987 n’est pas encore suffisamment bien appliquée.

Ne pas détruire les efforts de certaines animaleries

Valérie Delteil, praticienne à Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne).

J’exerce en clientèle canine en banlieue parisienne où de nombreuses animaleries sont implantées. Je suis moi-même vétérinaire sanitaire d’une animalerie de nouveaux animaux de compagnie. Il est certain que pour beaucoup d’entre elles, les contrôles vétérinaires sont encore insuffisants et l’état sanitaire catastrophique. Chacun de nous a pu constater en clientèle des fraudes sur l’âge et la provenance de ces animaux. Toutefois, il ne faudrait pas détruire les efforts que font certaines enseignes pour travailler de manière plus satisfaisante. Ainsi, les chiots et les chatons des magasins Animalis proviennent à plus de 95 % d’élevages français. Leurs éleveurs ont des procédures à suivre : cinq jours avant leur départ, les animaux sont montrés au vétérinaire traitant puis, le jour de l’arrivée, à celui du magasin, qui les réexamine. Ces mesures n’excluent pas tous les problèmes, mais l’animalerie prend alors en charge les frais supplémentaires.

S’en prendre à cette forme de vente me semble d’autant plus vain si ne sont pas instaurées, parallèlement, des mesures vis-à-vis des autres circuits : ceux des élevages et des particuliers. Les conditions d’hygiène n’y sont souvent pas meilleures. Quant à la socialisation, si les chiots importés souffrent de graves syndromes de privation, je rencontre aussi dans mes consultations de comportement des chiens issus d’élevages de campagne qui ne s’adaptent pas à la ville. Si des contrôles plus stricts, qui garantissent à la fois des animaux d’élevages français et une meilleure conduite sanitaire, étaient mis en place, il n’y aurait pas de raison d’interdire. Elevages et animaleries peuvent être complémentaires.

L’option d’encadrer est préférable à celle d’interdire et les animaleries sont plus faciles à surveiller que les élevages

Eric Buton, praticien à Nantes (Loire-Atlantique).

Je reste favorable à la vente d’animaux en animalerie. Vétérinaire sanitaire des animaleries Truffaut à Nantes depuis plus de dix ans, j’ai pu assister à une évolution qui est allée dans le bon sens. Au départ, ces magasins se fournissaient en chiens et en chats auprès des grossistes, mais à la suite d’innombrables problèmes, ils ont compris que cela serait préjudiciable à leur image et, appuyés par les vétérinaires, ils ont opté pour des animaux exclusivement issus d’élevages français et majoritairement Lof. Cela a réduit leur offre et ils ont préféré la concentrer dans la région parisienne. Du temps où je suivais les chiens (je m’occupe désormais des Nac), j’avais défini un protocole d’examen rigoureux. Je réceptionnais les animaux à chaque arrivage. La direction départementale des services vétérinaires avait également coopéré en décidant que les chiots mis en vente devaient être vaccinés contre la parvovirose depuis au moins dix jours. Il a fallu du temps et des investissements, mais cela fonctionne aujourd’hui plutôt correctement. Du personnel de Truffaut visite les élevages plusieurs fois par an. En magasin, les animaliers sortent les animaux deux fois par jour. Ils sont également sensibilisés aux méfaits de l’achat impulsif, à la différence du personnel employé par les grossistes et rémunéré à la commission. Des problèmes peuvent persister dans d’autres magasins ou lors des grosses ventes ponctuelles et, si je suis favorable aux animaleries, c’est à certaines conditions. La réglementation doit être améliorée pour qu’il ne soit plus fait appel à la solution de facilité que sont les grossistes pour animaux, qui n’ont jamais été réellement inquiétés. L’option d’encadrer me semble toutefois préférable à celle d’interdire. De plus, les animaleries sont des endroits plus faciles à surveiller que les élevages.

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