Comment s’inscrit le vétérinaire dans le gouvernement actuel ? - La Semaine Vétérinaire n° 1271 du 26/05/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1271 du 26/05/2007

Gouvernement Sarkozy. Nouvelle ministre à l’Agriculture

Actualité

Auteur(s) : Marine Neveux

Les vétérinaires vont devoir s’habituer à une nouvelle interlocutrice à l’Agriculture et réaffirmer leur rôle d’acteurs majeurs dans le cadre du superministère de l’Ecologie.

La profession vétérinaire a désormais une nouvelle interlocutrice rue de Varenne : Christine Lagarde. Avocate de formation, diplômée de l’Institut d’études politiques de Paris et titulaire d’un DESS de droit social, cette femme d’affaires française a précédemment occupé le poste de ministre déléguée au Commerce extérieur dans le gouvernement Villepin. Elle est donc aujourd’hui ministre de l’Agriculture et de la Pêche. La rumeur a d’abord circulé d’un éventuel ministère de la Santé au sens large, humaine et animale. Dans un entretien accordé à La Semaine Vétérinaire en février 2006(1), Xavier Bertrand, alors ministre de la Santé, soulignait d’ailleurs les liens étroits qui existent entre plusieurs ministères, notamment l’Agriculture, la Santé et leurs services déconcentrés. Mais finalement, le ministère de la Santé est conservé en l’état, avec à sa tête une nouvelle interlocutrice, Roselyne Bachelot. Une autre approche a également envisagé un supraministère de la Ruralité. Elle a été abandonnée au profit de la constitution d’un grand ministère de l’Ecologie, du Développement et de l’Aménagement durables.

La position de la nouvelle ministre sur la politique sanitaire est attendue

Pour Christine Lagarde, les premiers jours de son nouveau mandat ont débuté par une prise en main des dossiers internationaux, avec les négociations de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Elle a ainsi participé à son premier conseil des ministres européens cette semaine. De son ancien poste au Commerce extérieur, de 2005 à 2007, elle a gardé l’expérience des discussions au plan mondial. Auparavant, de 1999 à 2004, elle avait en outre présidé le comité exécutif du cabinet d’avocats Baker & McKenzie à Chicago (Etats-Unis) et le comité stratégique mondial depuis 2004.

Dans le cadre du ministère de l’Agriculture actuel, outre l’OMC, ses priorités sont désormais de poursuivre les réorientations de la politique agricole commune (Pac) et la conditionnalité des aides prévue dans la réforme. Christine Lagarde devra également bien comprendre que la profession vétérinaire a un rôle central à jouer, notamment en termes de surveillance sanitaire. Nos confrères attendent aussi de connaître sa politique par rapport à celle de son prédécesseur, Dominique Bussereau, que Bruxelles ne rejoignait pas souvent, la France ayant adopté une position davantage axée sur les contraintes concurrentielles que sur le bien-être animal notamment.

Le superministère de l’Ecologie pourrait agir en parallèle de l’Agriculture

Défense de la ruralité, organismes génétiquement modifiés, les questions environnementales sont des préoccupations de taille pour le ministère de l’Agriculture, mais qu’en sera-t-il du partage de ces dossiers avec celui de l’Ecologie qui, aujourd’hui, prend nettement le pas sur son homologue en termes d’importance ? Ce revirement de situation est une première dans l’histoire de ces deux ministères. Les nouveaux rapports de force, politiques et financiers, auront probablement des conséquences budgétaires, notamment sur la profession vétérinaire.

Alain Juppé, nouveau ministre de l’Ecologie, du Développement et de l’Aménagement durables, a débuté le 21 mai dernier les réunions préparatoires au “Grenelle de l’environnement” prévu en septembre prochain, en présence du président de la République, d’organisations écologistes non gouvernementales et de Nicolas Hulot. Son ministère prend une importance considérable avec le regroupement de plusieurs domaines. Quatre pôles opérationnels sont définis, dont le premier, “transports et déplacements”, est piloté par un secrétaire d’Etat, Dominique Bussereau, ex-ministre de l’Agriculture. Les trois autres concernent “l’habitat, l’aménagement urbain et l’aménagement du territoire”, les “politiques énergétiques” et la “gestion des ressources naturelles”.

Communiquer sur l’implication en faveur du développement durable

Les vétérinaires, qui ont déjà anticipé nombre de problématiques, sont directement concernés par la gestion des ressources naturelles. Ils sont en effet des interlocuteurs de choix lorsqu’il s’agit de surveiller les maladies animales, de suivre la résurgence ou l’extension de certaines affections et zoonoses en relation avec le réchauffement climatique, de contrôler l’absence de contamination des denrées tout au long de la chaîne alimentaire ou d’étudier les effets éventuels de ces différents facteurs sur la biodiversité, la faune sauvage, etc.

Deux initiatives sont d’ailleurs déjà lancées au sein de notre profession : celle du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL) avec une commission “environnement” présidée par notre confrère Claude Laugier, et celle du Réseau français des vétérinaires praticiens pour la faune sauvage sous la présidence de notre confrère François Decazes.

Par ailleurs, en mars dernier, dans le même esprit que pour la valorisation des actes, le SNVEL a initié un groupe de travail vétérinaire sur le développement durable et la protection de l’environnement. Il a regroupé tous les acteurs de la profession, ainsi que les institutions partenaires. La responsabilité de la gestion de ce groupe a été confiée à notre confrère François Decazes pour sa connaissance du dossier et ses liens avec les différents intervenants. « Trois domaines de réflexion ont été identifiés : la limitation des résidus et des déchets liés à l’activité vétérinaire, l’amélioration du bilan carbone et la contribution de la profession à l’étude et à la protection de la biodiversité », résume François Decazes.

Il existe une volonté de communication de la profession sur son implication en faveur du développement durable, tant auprès du grand public que des éleveurs ou des responsables politiques. Plusieurs projets viennent à l’appui de cet objectif, comme l’édition d’un“livre bleu de la profession vétérinaire en faveur du développement durable”qui présentera une synthèse des réflexions menées à bien. Un premier bilan du groupe de travail devrait en outre être présenté lors des prochaines Rencontres nationales vétérinaires à Dijon, en octobre prochain.

Des enjeux importants dont la profession ne veut pas être écartée

La légitimité de la profession vétérinaire est confirmée dans les questions d’environnement, de développement durable, de réchauffement planétaire qui concernent en effet le monde animal et ses acteurs. Changements climatiques et perte de la biodiversité sont mis en exergue. Récemment, le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec) s’est réuni à Bruxelles pour établir un rapport d’évaluation édifiant(2). Pour sa part, « le “Grenelle de l’environnement” sera un contrat entre l’Etat, les collectivités territoriales, les syndicats, les entreprises et les associations », a expliqué le président Nicolas Sarkozy. C’est un enjeu important et il serait incompréhensible que la profession vétérinaire soit écartée des débats.

En outre, du côté des promesses fiscales et sociales faites autour des très petites entreprises (TPE), les confrères auront à compter sur un autre superministère, celui de l’Economie et des Finances, qui comprend l’Emploi et dont la tête revient à Jean-Louis Borloo. Exit notre confrère Gérard Larcher, le ministère du Travail, des Relations sociales et de la Solidarité étant désormais attribué à Xavier Bertrand, auquel la profession a déjà eu affaire sur plusieurs dossiers, comme celui du décret sur la prescription et la délivrance du médicament vétérinaire.

Il est sans doute regrettable qu’il n’y ait aucun vétérinaire dans ce premier gouvernement. C’était presque devenu une habitude, depuis l’arrivée de François Patriat dans l’équipe de Lionel Jospin, en 2000, comme secrétaire d’Etat aux Petites et moyennes entreprises, au Commerce, à l’Artisanat et à la Consommation.

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1213 du 11/2/2006 en pages 12 et 13.

  • (2) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1269 du 12/5/2007 en page 28 et La Semaine Vétérinaire n° 1266 du 21/4/2007 en pages 39-42.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr