Les coccidies accompagnent l’augmentation de la densité d’élevage des veaux - La Semaine Vétérinaire n° 1270 du 19/05/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1270 du 19/05/2007

Coccidiose bovine

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Catherine Bertin-Cavarait

Une prolificité et une résistance remarquables caractérisent ces “voleurs de l’ombre”.

La maîtrise de l’infestation des bovins et de la contamination de l’environnement doit être multifactorielle.

Selon une estimation de 1998, elles ont infligé plusieurs centaines de millions de dollars de pertes aux troupeaux bovins américains. Egalement connues pour leur répartition internationale, les coccidia du genre Eimeria (E) sont présentes au sein de tous les troupeaux bovins. Dame nature les a dotées d’une prolificité exceptionnelle : si une seule coccidie avait la taille d’un bébé, un cycle de reproduction de vingt-huit jours produirait assez de descendants pour remplir l’arrière d’un pick-up. Un mois plus tard, leurs descendants recouvriraient un carré de 76 m de profondeur !

Parmi les douze espèces de coccidies identifiées chez les bovins européens, les signes cliniques sont le plus souvent consécutifs aux infestations par E. bovis et E. zuernii, réputées les plus pathogènes. Bien qu’ayant un moindre pouvoir pathogène, E. alabamensis, E. auburnensis et E. ellipsoidalis peuvent également être à l’origine de coccidioses cliniques (voir figure ci-contre). E. bovis, E. zuernii, E. auburnensis et E. ellipsoidalis sont prédominantes dans les bâtiments d’élevage des veaux. A l’extérieur, E. alabamensis est également prévalente, en particulier dans des pâturages utilisés en permanence par les jeunes bovins. Ainsi, certains éleveurs de bovins allaitants ont fait le choix de condamner l’accès de parcelles de pâturage aux jeunes veaux.

95 % des coccidioses sont subcliniques, conduisant à une moindre efficacité alimentaire, une perte de poids, un ralentissement de la croissance un allongement de la durée d’élevage des génisses de remplacement et une hausse de la sensibilité aux infections bactériennes.

Toutes les fermes françaises d’une enquête hébergent des coccidies pathogènes

Une étude est menée par la division “santé animale” du laboratoire Bayer Health Care. Son objectif est d’évaluer la prévalence d’E. bovis et E. zuernii chez les génisses de renouvellement de races laitières et allaitantes, dans neuf pays européens (la Belgique, la France, l’Allemagne, la Hongrie, l’Italie, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal et l’Espagne).

En France, les prélèvements sur les animaux laitiers sont réalisés dans le grand Ouest, ceux sur les allaitants dans le Centre. La prévalence est mesurée trois semaines après l’allotement des génisses, dans 288 fermes. Selon la taille du cheptel, 5 ou 10 % des animaux de la classe d’âge de trois semaines à neuf mois font l’objet de prélèvements. E. bovis et E. zuernii sont identifiées dans 179 fermes, soit 62,15 %. Les Pays-Bas comptent 47 % de fermes positives, la France et la Pologne 100 %. Sur les 3 196 animaux prélevés, 18 % sont positifs vis-à-vis d’E. bovis et 11 % pour E. zuernii. La prévalence d’E. bovis varie de 6 % pour les animaux néerlandais à 38,4 % chez les animaux polonais. Pour E. zuernii, la prévalence s’échelonne de 2 % chez les génisses néerlandaises à 41,8 % pour les génisses polonaises. La nature ubiquitaire et la forte résilience des coccidies dans le milieu extérieur induisent la contamination de lieux pendant de longues périodes, en dépit des traitements des animaux et/ou de leur déplacement. Elles résistent pendant un à cinq ans dans la poussière, deux à cinq mois à une température comprise entre - 5 et - 8° C. Les rongeurs peuvent les transporter dans leur tube digestif. Chaque été, le nombre d’œufs qui transitent dans les déjections d’une vache est estimé à cinquante millions. Un animal atteint d’une coccidiose clinique peut excréter des millions d’oocystes dans le milieu extérieur (voir figure ci-contre). « Il devrait être retiré le plus rapidement possible du lot, afin d’éviter d’une part, une augmentation de la contamination de l’environnement et, d’autre part, la transmission entre veaux », a expliqué notre consœur Charlotte Maddox-Hyttel, de l’Institut danois pour les recherches vétérinaires et des aliments de Copenhague, lors du premier symposium bovin international organisé par le laboratoire Bayer Santé animale à Nice, en octobre dernier.

La coccidiose est une affection du groupe, aux multiples facteurs

Face à une éradication utopique, la maîtrise du niveau d’infestation des animaux est essentielle. En effet, « la réduction des problèmes cliniques et subcliniques liés aux infections par ces protozoaires passe par la prévention via la diminution de la pression d’infestation du milieu extérieur et l’augmentation de la résistance des animaux », a insisté notre consœur danoise. Les veaux âgés de trois semaines à six mois sont les plus sensibles. Néanmoins, des individus plus âgés, soumis à des stress et/ou élevés dans un milieu fort contaminé, peuvent excréter des coccidies, favorisant ainsi une transmission interveaux. « La coccidiose est une affection multifactorielle. »

Il est établi que la sensibilité/résistance des veaux à la coccidiose est liée à la qualité de la prise colostrale, au statut immunitaire et nutritionnel du veau, aux stress et certainement aux infections concomitantes. Mais « l’importance du groupe est indéniable », a expliqué Charlotte Maddox-Hyttel. Outre l’ambiance et l’hygiène, la densité animale fait partie des éléments déterminants. De plus, il est démontré que les interactions sociales entre les veaux deviennent une source de stress lorsque leur densité est trop importante. Ce stress social provoque chez ces jeunes animaux une diminution de la quantité d’aliments ingérés, ainsi qu’une baisse de l’efficacité alimentaire qui entraîne une sensibilité accrue à la coccidiose. En matière d’environnement, des explosions de coccidioses ont pu être reliées à des problèmes de ventilation, d’augmentation du taux d’ammoniac, de CO2, de moisissures, et à l’accumulation de fèces sur des caillebotis inadéquats.

Le point de départ de la prévention est une prise colostrale de qualité

« Si une attention particulière est à apporter aux niveaux de densité des animaux et à l’hygiène, avec en particulier une quantité suffisante de litière sèche, le point de départ de la prévention réside dans un colostrum et une prise colostrale de qualité », a précisé notre consœur danoise. Rappelons également la réelle difficulté représentée par le sevrage des veaux. Le maintien d’un régime isoénergétique durant cette période à risque fait partie des savoir-faire d’élevage difficiles à contrôler et rarement maîtrisés.

« L’introduction des stratégies de traitements métaphylactiques dans les élevages à problèmes permet de limiter les conséquences des coccidioses cliniques et/ou subcliniques », a indiqué Charlotte Maddox-Hyttel. Le cycle de développement des coccidies peut être rompu à deux niveaux : chez le veau en agissant avant la gamogonie et dans le milieu extérieur par des mesures d’hygiène. L’efficacité d’un désinfectant est conditionnée par un lavage mécanique préalable, lequel constitue également l’une des mesures préventives des épidémies de coccidioses. En outre, « l’association d’une température inférieure à 15° C avec un taux d’humidité maximal de 80 % a entraîné une réduction significative de la survenue de coccidioses cliniques dans certaines fermes », a témoigné notre consœur.

  • Voir aussi : Le Point Vétérinaire, numéro spécial “Actualités en pathologie digestive des ruminants”, 2004, vol. 35, pp. 72-77.

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