L’augmentation annuelle du taux de consanguinité chez les races bovines françaises se poursuit

Les “grandes” races bovines laitières, en termes d’effectifs, apparaissent en fait comme de petites populations d’après l’analyse de la diversité de leur patrimoine génétique. Telle est l’une des conclusions d’une étude présentée lors des 13^e Rencontres autour des recherches sur les ruminants, organisées les 6 et 7 décembre derniers⁽¹⁾. Les chercheurs observent que l’augmentation annuelle de la consanguinité se poursuit, surtout pour les races “nationales”. La montbéliarde a ainsi rattrapé la normande et la prim’holstein sur le plan de la consanguinité. « Pour la race prim’holstein, les recrutements à l’étranger ne suffiront pas au renouvellement du patrimoine génétique, en raison de l’apparentement des taureaux français avec leurs homologues des principaux pays concurrents, estiment les scientifiques. Seuls des recrutements dans des pays éloignés, comme la Nouvelle-Zélande ou l’Australie, permettraient réellement d’élargir la gamme génétique. Mais encore faudrait-il que les aptitudes de ces taureaux correspondent aux mêmes objectifs de sélection. »

Parmi les trois principales races “nationales”, la normande enregistre l’évolution du taux de consanguinité la plus modérée ces dernières années. Toutefois, selon les chercheurs, l’augmentation plus précoce de la consanguinité moyenne dans la population ne la place pas dans une situation plus favorable que les autres en termes de niveau moyen.

Dans les races à plus faibles effectifs (simmental, brune, tarentaise), la gestion de la variabilité serait plus maîtrisée. « Mais les résultats doivent être nuancés par des généalogies un peu plus courtes et la sous-estimation probable du poids des goulets d’étranglement étrangers », estiment les chercheurs.

L’étude se fonde sur des données extraites du système d’information génétique. Leur analyse montre que le taux de consanguinité moyen de toutes les races s’est élevé au rythme de 0,06 % à 0,22 % par an ces dix dernières années et se situe actuellement aux alentours de 3 à 4 % dans la population femelle, selon les races.

Une politique efficace d’utilisation des reproducteurs est nécessaire

Un animal est consanguin si ses deux parents sont apparentés, c’est-à-dire s’ils possèdent au moins un ancêtre commun. L’évolution de ce taux dans le temps constitue un indicateur du rythme d’érosion de la variabilité génétique à l’intérieur d’une population.

Le nombre efficace d’ancêtres⁽²⁾ s’est considérablement réduit en quinze ans dans les races “nationales”. Ce phénomène traduit de forts goulets d’étranglement. Ainsi, l’éventail des taureaux utilisés dans les trois races “nationales” a atteint son niveau le plus bas dans les années 90. « Il est nécessaire de mettre en place une politique efficace d’utilisation des reproducteurs, permettant à la fois un progrès génétique et un maintien de la variabilité génétique », concluent les scientifiques.

• (1) S. Mattalia et coll. : « La variabilité génétique des huit principales races bovines laitières françaises : quelles évolutions, quelles comparaisons internationales ? », Renc. rech. ruminants, 2006.

• (2) Nombre efficace d’ancêtres : inverse de la probabilité pour que des gènes tirés au hasard proviennent du même ancêtre majeur.