Pour rester compétitive, la filière avicole se doit d’innover et d’être créative

De nouveau, un contexte économique tendu a servi d’introduction aux Journées de la recherche avicole (JRA), dont la 7^e édition a eu lieu à Tours (Indre-et-Loire), les 28 et 29 mars derniers. L’an passé, la crise de l’influenza aviaire est venue aggraver la huitième année de crise structurelle subie par la filière française des volailles de chair, entraînant une diminution de 7 à 8 % de la production, une baisse très marquée comparativement aux autres pays de l’Union européenne. Le secteur de la génétique, doté de conditions sanitaires strictes, a été particulièrement touché par les embargos successifs imposés par les pays tiers sur les exportations françaises.

Afin d’éviter d’interrompre inutilement les échanges internationaux, la Direction générale de l’alimentation (DGAL) souhaite mettre en place, en élevage de sélection, un dispositif de compartimentation. Ce moyen alternatif, introduit par l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) dans son Code terrestre 2006, repose sur une séparation fonctionnelle des populations animales au moyen de mesures de gestion de la biosécurité fondées sur la méthode Hazard analysis critical control point (HACCP).

La quantification des impacts environnementaux des aliments progresse

Les études prospectives utilisant la modélisation se multiplient et, pour certaines, le mélange des disciplines étudiées a apporté de l’originalité à ces journées. Il en est ainsi, tout particulièrement, de l’outil Avisim qui simule l’utilisation des matières premières végétales au sein d’une usine d’aliments selon les comportements du manager, de l’acheteur, du formulateur, de l’intégrateur et du fabricant de l’usine, ainsi que l’évaluation et la quantification des impacts environnementaux des aliments du poulet de chair et des poules pondeuses d’après leurs sources de protéines (soja brésilien versus protéagineux européens).

Les travaux menés au sein des écoles vétérinaires ont fait l’objet de plusieurs communications remarquées, comme le rôle de vecteur expérimental de Dermanyssus gallinae pour Salmonella Enteritidis (voir aussi en page 28 de ce numéro) ; la mise en évidence de l’implication d’un astrovirus aviaire dans le syndrome entérite-mortalité du pintadeau, présentée par notre confrère Jean-Luc Guérin (ENV de Toulouse) ; l’impact des fumonisines et de la toxicocinétique de la fumonisine B1 chez la dinde, par notre confrère Philippe Guerre (ENV de Toulouse) ; l’étude épidémiologique des flambées d’histomonose dans les élevages de dinde standard, par notre consœur Marie-Pierre Callait-Cardinal (ENV de Lyon).

Les bases d’un référentiel d’évaluation du bien-être animal émergent

Moins de deux ans après la publication par la Commission européenne d’un projet de directive sur l’évaluation du bien-être du poulet de chair à partir des lésions de pododermatites notées à l’abattoir, les bases d’un référentiel d’évaluation multicritère émergent. Une grille de classification des pododermatites à l’abattoir est en effet validée (^{voir photo ci-dessus}). Toutefois, l’évolution des modes d’élevage nécessite de repenser les risques en matière de sécurité sanitaire des aliments. S’il est vrai qu’en termes de bien-être des poules pondeuses un meilleur état est observé en volières par rapport aux cages conventionnelles, la dégradation de l’air ambiant et son impact sur la santé humaine ont été quantifiés et qualifiés par l’unité d’épidémiologie et de bien-être en aviculture et en cuniculture de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa, site de Ploufragan-Brest). Le rôle préventif du port d’un masque FFP1 est ainsi réaffirmé.

A l’interface de l’environnement, de la nutrition et de la pathologie, l’évaluation des risques de transfert des contaminants du sol (éléments de trace métalliques et polluants organiques persistants⁽¹⁾) vers les produits issus des volailles de plein air nécessite de déterminer la quantité de substrat ingérée par les animaux, leurs facteurs de variation et la fraction bioaccessible du contaminant pour différents types de sol. Innovation, créativité, pluridisciplinarité ont été mises en avant au cours de ces deux jours. De nouvelles modalités de partenariat en recherche-développement-formation voient ainsi le jour avec les unités mixtes technologiques (UMT). La première, l’UMT Bird (biologie et innovation pour la recherche et le développement en aviculture), associe l’Institut technique de l’aviculture et l’Institut scientifique de la recherche agronomique. Elle est basée à l’unité de recherches avicoles de Nouzilly (Indre-et-Loire).

• (1) Parmi les polluants organiques persistants figurent les pesticides, les dioxines, les furanes et les hydrocarbures aromatiques polycycliques, les polychlorobiphényls (dont certains présentent des propriétés proches de celles des dioxines).