Quand l’influenza aviaire HP débarque, la facture s’envole - La Semaine Vétérinaire n° 1263 du 31/03/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1263 du 31/03/2007

Grippe aviaire. Réunion internationale à l’ENVA

Actualité

Auteur(s) : Nathalie Devos

Les conséquences économiques de l’infection d’un pays par un virus influenza hautement pathogène (HP) étaient l’un des thèmes abordés(1) lors d’une journée “grippe aviaire” organisée le 15 mars dernier à l’école d’Alfort. Les témoignages de spécialistes du monde entier ont mis en évidence “l’addition salée” dans les pays concernés par le passage de ce virus.

En Roumanie, le premier foyer d’influenza aviaire H5N1 HP a été confirmé en octobre 2005 dans le delta du Danube, a rappelé Doina Danes, de la faculté de médecine vétérinaire de Bucarest. D’octobre 2005 à mars 2006, cinquante-trois foyers se sont succédé, en s’étendant sur le territoire. Une deuxième vague d’infection a été enregistrée à partir de mai 2006, plus de cent vingt foyers étant alors recensés. 327 818 volailles ont été abattues lors de la première vague et 5 572 800 lors de la suivante.

D’octobre 2005 à fin mars 2006, le coût des mesures mises en œuvre pour endiguer l’épizootie (analyses, abattage et incinération des volailles, divers matériels d’intervention) a été estimé à environ 13 142 000 €. A cette somme se sont ajoutés 2,5 millions accordés par le gouvernement roumain aux éleveurs touchés, à titre d’indemnisation. Pour leur part, les producteurs de viande de volaille ont enregistré une perte de 43 millions, imputable à une baisse de la consommation de viande de volaille de près de 40 % et à la chute des prix d’environ 60 %. L’embargo imposé à la Roumanie a, lui, été à l’origine d’un manque à gagner de 4 millions pour les exportateurs. Par ailleurs, le secteur du tourisme n’a pas non plus été épargné, puisqu’une entreprise du delta du Danube a fait état d’une perte de 10 millions sur une période de six mois. « Et les comptes ne sont pas finis », a souligné Doina Danes.

Lionel Miguel Gbaguidi, d’Agrivet Partners (Bénin), a fait part du cas de l’Afrique subsaharienne. En 2006, le virus H5N1 HP a touché plusieurs pays africains (Nigeria, Niger, Burkina Faso, Cameroun, Soudan, Egypte, Ethiopie et Côte d’Ivoire). Au total, les abattages de volailles ont représenté à eux seuls près de 4,4 millions (dont quelque 4,3 millions pour le Nigeria). L’intervenant a cité la faiblesse des ressources disponibles pour indemniser les propriétaires de volailles parmi les causes de l’insuffisance des moyens de lutte sur le continent africain. « Rappelons qu’en Afrique, les volailles constituent un véritable “capital épargne sur pattes”. Dans les villages, elles sont souvent la seule source de viande. » L’insuffisance de la compensation financière peut inciter les propriétaires à ne pas déclarer des cas, voire à se livrer à des trafics de volatiles.

Par le passé, des sous-types hautement pathogènes autres que le H5N1 ont également fait des dégâts dans d’autres régions du globe. Ainsi, Jean-Pierre Vaillancourt, de l’université de Saint-Hyacinthe (Montréal), a rapporté l’expérience canadienne. En 2004, le Canada a connu une flambée d’influenza aviaire hautement pathogène de sous-type H7N3 (en Colombie britannique). En moins de six semaines, le virus a été identifié dans une quarantaine d’exploitations commerciales. Mais deux ans ont été nécessaires pour que l’industrie avicole se remette de cet épisode d’influenza, dont le coût a été estimé à 225 millions.

L’Italie, pour sa part, a évalué à 500 millions les conséquences du virus H7N1 hautement pathogène identifié sur son territoire en 1999, a rappelé Calogero Terregino, du laboratoire national de référence pour l’influenza aviaire et la maladie de Newcastle.

La coopération internationale est nécessaire, car les conséquences peuvent être mondiales

L’influenza aviaire peut également avoir des répercussions dans des pays qui ne sont pas touchés directement par le virus, comme l’a démontré Marcio Folly, de la faculté de médecine vétérinaire de Rio de Janeiro, (Brésil). Il a pris l’exemple de son pays, plus grand exportateur mondial de viandes de poulet (vers cent quarante et un Etats répartis à travers le monde). L’an passé, les exportations de viandes de poulet (2 712 959 t) ont baissé de 4,7 % par rapport à l’année précédente. L’intervenant a évoqué la flambée d’influenza pour expliquer ce fléchissement. Les scénarios qui envisagent l’apparition de la maladie au Brésil sont alarmistes, en raison des pertes engendrées à l’exportation, mais aussi en termes de conséquences sociales (400 000 personnes seraient mises au chômage et environ 1 million seraient indirectement touchées).

Les données commentées lors de la journée d’Alfort rappellent la nécessité de lutter contre le virus à sa base, chez les volailles. Ce message, que l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) ne cesse de répéter depuis le début de l’épizootie asiatique, fin 2003, a été réitéré par son directeur général adjoint, Jean-Luc Angot. Ce dernier a en outre souligné que sur les quelque 2 milliards de dollars promis à Pékin en janvier 2006 pour la lutte contre le H5N1 HP, seulement 20 millions ont été récoltés à ce jour par l’OIE (et 80 millions par la Food and Agriculture Organisation). De quoi faire mentir le dicton selon lequel le temps, c’est de l’argent…

  • (1) Virologie, diagnostic, épidémiologie, mesures de contrôle et vaccination étaient les autres thèmes au programme de la journée.

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