Les chevaux peuvent également souffrir du manque de sommeil

Le sommeil est défini comme une période d’immobilité pendant laquelle les individus semblent insensibles à leur environnement. Il répond à des nécessités physiologiques qui ne sont pas toutes comprises. Chez le cheval, il se divise en deux phases : sommeil lent (slow-wave) et REM (rapid eye movement).

Chez le cheval, un cycle de sommeil dure environ quinze minutes

Le degré de vigilance peut être caractérisé par différents paramètres issus d’un électroencéphalogramme (EEG), d’un électro-oculogramme (EOG), d’un électromyogramme (EMG) et d’un électrocardiogramme (ECG). En phase d’éveil, l’EEG fait apparaître des ondes rapides de faible amplitude. Les mouvements oculaires sont fréquents, rapides et irréguliers. Le tonus musculaire du cou varie selon la position de la tête. Lorsque le cheval devient somnolent, les ondes rapides de l’EEG sont partiellement remplacées par des ondes lentes et larges. Quand il s’endort, l’EEG montre une augmentation des ondes lentes. Les mouvements oculaires rapides sont remplacés par des mouvements horizontaux et lents. Le tonus musculaire global est assez élevé, avec une amplitude régulière.

Pendant la phase de sommeil lent, l’EEG comporte exclusivement des ondes lentes et l’activité corticale électrique est synchronisée. Les mouvements oculaires sont rares, lent set horizontaux. Les paupières sont légèrement ouvertes. Si la tête repose sur un support, l’activité musculaire est réduite. Dans le sommeil paradoxal, l’activité électrique cérébrale consiste en des ondes bêta identiques à celles retrouvées lors de l’éveil. Le tonus musculaire a complètement disparu. A intervalles réguliers, il se produit des REM associés à des trémulations musculaires et à de petits hennissements.

En sommeil lent, l’influence du système parasympathique augmente et celle du système sympathique diminue ; les fréquences cardiaque et respiratoire sont plus basses.

La phase de sommeil paradoxal se caractérise par des périodes de tachycardie suivies de bradycardies, et des accélérations/décélérations soudaines de la respiration, parfois entrecoupées de pauses (apnées).

Le sommeil lent précède toujours le sommeil paradoxal. Un cycle de sommeil commence du début du sommeil paradoxal au suivant. Plusieurs phases surviennent durant vingt-quatre heures. Chez le cheval, un cycle dure environ quinze minutes, avec une phase de sommeil lent de 6,4 minutes et une phase paradoxale de 4,2 minutes. La différence correspond à une phase intermédiaire d’éveil partiel, avant l’entrée en sommeil profond. Le fait qu’un animal n’entre pas directement en sommeil paradoxal à partir du sommeil lent pourrait représenter un mécanisme de protection de l’individu.

Les chevaux au pré ne dorment pas au même moment que ceux à l’écurie

Le temps de sommeil total chez le cheval est évalué entre trois et six heures par jour, soit environ 15 % de la journée, avec en moyenne deux heures d’assoupissement, trois heures de sommeil lent et moins d’une heure de sommeil paradoxal. Le sommeil survient en cinq à sept phases nocturnes qui durent trente à soixante minutes.

L’âge modifie la durée du sommeil, puisqu’un poulain nouveau-né est couché 15 % de son temps, au lieu de 3 % au sevrage.

Chez les chevaux à l’écurie, le sommeil est principalement nocturne et survient entre 20 h et 5 h du matin, alors que les chevaux au pré dorment souvent entre midi et 14 h. Par ailleurs, le temps de sommeil des chevaux à l’écurie dépend beaucoup de l’activité autour d’eux.

Le cheval ne se couche en décubitus sternal ou latéral que lorsque l’environnement lui inspire confiance.

Pendant la phase d’assoupissement, le cheval se tient debout, le postérieur partiellement fléchi. Un cheval debout peut se trouver en sommeil lent, mais, la plupart du temps, un animal bien adapté à son environnement se couche en position sternale pendant cette phase. Le sommeil paradoxal survient presque toujours en décubitus latéral. Le cheval est capable de compléter un cycle de sommeil sans phase paradoxale, en restant debout. D’après notre confrère américain Joseph Bertone, le manque de sommeil, notamment paradoxal, est assez fréquent chez le cheval. Si l’animal est dans l’impossibilité de se coucher, la durée de la phase de sommeil lent augmente, mais cela ne compense toutefois pas la privation de sommeil paradoxal.

Le sommeil peut être altéré par des facteurs physiques et environnement aux : influence d’un congénère dominant, nouvel environnement hostile, cheval logé dans un box trop petit, nuisances sonores répétées, etc., induisant une insécurité psychologique. Des lésions myoarthro-squelettiques douloureuses ou thoraco-abdominales peuvent aussi rendre le coucher et le relever délicats ou impossibles. La monotonie peut également induire des phases d’assoupissement excessives. Un cheval particulièrement à l’aise dans son environnement s’endort facilement.

Les conséquences du manque de sommeil ne doivent pas être confondues avec la narcolepsie

Un cheval privé de sommeil a un comportement spécifique : il s’assoupit, débute une phase de sommeil paradoxal, tombe partiellement, puis se relève au lieu de se coucher.

Notre confrère attire l’attention sur la nécessité de ne pas confondre les conséquences du manque de sommeil avec de la narcolepsie. Cette dernière est définie comme une tendance anormale au sommeil, avec un temps de sommeil diurne anormalement long et un sommeil nocturne perturbé, accompagné de manifestations pathologiques de sommeil REM. La narcolepsie vraie, rare chez le cheval, est l’apanage de certaines races.

• Source : « Sleep deprivation not narcolepsy in horses », conférence présentée par Joseph J. Bertone au congrès 2006 de l’American College of Veterinary Internal Medicine.