Le maïs MON 863 est de nouveau sous le feu de critiques

Le maïs MON 863 fait beaucoup parler de lui depuis plusieurs années. Un an et demi après avoir obtenu son autorisation de mise sur le marché en Europe, la firme productrice de la plante transgénique, la société Monsanto, est de nouveau au cœur de la polémique. En effet, une étude, parue le 13 mars dernier dans la revue Archives of environmental contamination and toxicology, mettrait en évidence des perturbations significatives de paramètres biologiques à la suite de l’ingestion de ce maïs par des animaux de laboratoire. L’étude, menée chez des rats, a déjà donné lieu à une interprétation (publiée dans la revue Food and chemical toxicology en 2005). Les chercheurs avaient alors estimé que les écarts obtenus entre les animaux nourris avec le maïs modifié et les animaux témoins entraient dans la limite de variabilité naturelle. Les données brutes de ces travaux ont donc de nouveau été analysées, avec des conclusions quelque peu différentes. La première étude avait été commanditée par Mosanto. La deuxième, réalisée par le Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique (Criigen⁽¹⁾), a été financée par Greenpeace et Carrefour. Interrogé par Le Monde, Gilles-Eric Séralini, président du comité scientifique du Criigen et auteur de la deuxième étude, déplore l’absence, aujourd’hui « de budgets publics pour mener ce genre de travaux ».

Le MON 863 est un maïs transgénique de première génération, seconde catégorie, résistant à la chrysomèle, un parasite. Son éventuelle commercialisation a déjà donné lieu à des désaccords entre différents Etats membres de l’Union. Une évaluation avait alors été demandée au groupe scientifique sur les organismes génétiquement modifiés (groupe OGM) de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Ce dernier a finalement estimé qu’il disposait de suffisamment d’informations pour répondre aux questions non résolues soulevées par les Etats. « MON 863 n’a pas d’effet indésirable sur la santé humaine ou animale ou sur l’environnement dans le cadre de l’utilisation proposée », écrivait-il dans son avis, rendu public le 2 avril 2004, donnant le feu vert à sa mise sur le marché.

• (1) Le Criigen est « un comité apolitique et non militant d’expertise, de conseil, indépendant des producteurs d’OGM, intervenant à différents niveaux pour les citoyens, les entreprises, les associations, les groupements, les syndicats », précise son site Internet. Corinne Lepage, avocate et ancienne ministre de l’Ecologie, en est la présidente.