La lutte contre les maladies vectorielles canines passe par une prévention efficace - La Semaine Vétérinaire n° 1262 du 24/03/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1262 du 24/03/2007

Epidémiologie. Des experts réunis à Milan discutent des stratégies préventives

Actualité

Auteur(s) : Carole Ballin

Les experts pointent aussi la nécessité d’une surveillance épidémiologique et de stratégies préventives.

Les maladies vectorielles, tout particulièrement chez le chien (telles que la leishmaniose, la dirofilariose, la babésiose, l’anaplasmose, l’ehrlichiose et la borréliose de Lyme) sont des problèmes majeurs à la fois pour la santé humaine et animale. Deux membres experts du CVBD(1) (canine vectorial borne disease), nos confrères Patrick Bourdeau, de l’école de Nantes, et Xavier Roura, de la faculté vétérinaire de Barcelone, ont évoqué les risques de ces infections en Europe lors de la conférence organisée par les laboratoires Bayer à Milan, le 16 mars dernier. Notre confrère Domenico Otranto, de l’université de Bari (Italie), a présenté les résultats de l’étude menée dans le sud de l’Italie, qui visait à tester l’efficacité d’une protection antiparasitaire dans la prévention de la leishmaniose canine.

Eradiquer l’interaction entre le vecteur et l’hôte apparaît comme la seule solution

Le risque de transmission des maladies vectorielles s’accroît au niveau mondial en raison de la prolifération des ectoparasites et de leurs agents pathogènes associés. En l’absence de solution pour éradiquer ces derniers, empêcher l’interaction entre le vecteur et l’hôte apparaît comme la seule stratégie efficace, selon notre confrère Norbert Mencke, du laboratoire Bayer Allemagne. Pour Xavier Roura, plusieurs études montrent l’augmentation de vecteurs émergents et réémergents en Espagne. Pourtant, peu d’informations sont disponibles sur l’augmentation précise dans les diverses régions d’Espagne, de même qu’en Europe. Par ailleurs, les changements climatiques, ainsi que l’amélioration des méthodes diagnostiques, peuvent entrer en jeu pour expliquer une hausse de prévalence. Pour certaines de ces maladies, telles que la leishmaniose, le chien constitue le principal réservoir, avec éventuellement un risque zoonotique important. Une prévalence de leishmaniose canine supérieure à 67 % a été enregistrée au sein de la population sélectionnée dans la région de Barcelone. Si les traitements spécifiques contre ces maladies vectorielles engendrent une amélioration clinique, aucun pourtant ne permet une guérison complète.

L’évaluation des risques par le propriétaire conditionne l’efficacité de la prévention

Patrick Bourdeau rappelle que la leishmaniose canine est une maladie particulièrement grave, qui touche environ 0,4 % de la population canine en France. Leishmania infantum se transmet à l’homme et au chien par l’intermédiaire des piqûres d’un “moustique”, le phlébotome. En France, la maladie est traditionnellement décrite dans les régions Provence-Alpes-Côte d’Azur et dans le Languedoc-Roussillon. Cependant, les limites de l’habitat du phlébotome sont mal définies et semblent s’étendre. En comparant deux études épidémiologiques concernant la prévalence de la leishmaniose canine, menées en 1998 et en 2004, une augmentation annuelle du nombre de cas est observée dans des zones situées plus au Nord, ainsi que dans le Sud-Ouest(2).

Notre confrère rappelle aussi que la babésiose canine est de loin la maladie vectorielle la plus fréquente en France, en raison de la large distribution de son vecteur, la tique Dermacentor reticulatus. Une étude réalisée à l’échelle nationale en 2005(2) indique qu’il n’y a globalement pas d’augmentation du nombre de cas, mais que des formes atypiques de la maladie semblent cependant plus fréquentes. Si le nord et l’est de la France sont désormais également concernés par la maladie, le Sud-Est reste épargné en raison de l’absence de la tique vectrice. Toutefois, la babésiose, connue en Italie et en Espagne, pourrait s’y développer, car le rhipicéphale vecteur est présent dans le Sud-Est. Pour une prévention efficace, une bonne évaluation des risques réalisée par le propriétaire (comprenant la connaissance des moments d’activité du vecteur, des zones d’habitation et la bonne utilisation des antiparasitaires) est essentielle. L’importance de disposer de molécules susceptibles de prévenir la piqûre (effet répulsif de contact, effet de chute et effet anti-gorgement) est rappelée.

L’efficacité de la combinaison imidaclopride 10 % et perméthrine 50 % est avérée

Les résultats d’une étude de terrain menée dans le sud de l’Italie dans une zone endémique de leishmaniose, présentés par Domenico Otranto, révèlent pour la première fois l’efficacité de la combinaison imidaclopride 10 % et perméthrine 50 % (Advantix®) dans la prévention de la leishmaniose canine. En février 2005, 845 chiens issus de deux zones de la région d’Apulia ont été testés vis-à-vis de la leishmaniose canine. Les 631 chiens testés négativement ont été inclus, dans chaque zone, dans l’un des groupes suivants : groupe A traité avec un spot-on d’imidaclopride 10 % et de perméthrine 50 % une fois par mois, groupe B traité de la même façon deux fois par mois, et enfin groupe C témoin.

L’infection à Leishmania infantum a été recherchée en novembre 2005 (fin de la période d’activité du phlébotome) et en mars 2006.

La protection contre les piqûres de phlébotomes s’est révélée particulièrement efficace, que ce soit pour les chiens du groupe A (entre 88,9 et 90,36 % d’efficacité) ou ceux du groupe B (entre 90,73 et 100 %). Dans le groupe témoin, le taux de nouvelle infection lors de la période d’activité du phlébotome atteint 9,1 à 10,5 %.

Les maladies vectorielles constituent désormais un risque majeur de santé publique. Une surveillance épidémiologique accrue et des stratégies préventives sont indispensables.

  • (1) Voir l’article de Patrick Bourdeau : « La leishmaniose canine semble s’étendre en France », La Semaine Vétérinaire n° 1179 du 16/4/2005 en page 12.

  • (2) Voir l’article de Patrick Bourdeau : « Résultats d’une enquête nationale : la prévalence de la babésiose canine est globalement stable », La Semaine Vétérinaire n° 1214 du 18/2/2006, en pages 40-41.

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