Comment conciliez-vous la désertification rurale et la poursuite de votre activité ? - La Semaine Vétérinaire n° 1262 du 24/03/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1262 du 24/03/2007

Entre nous

FORUM

Nous comptons développer l’activité canine

Jean-Luc Yonger, praticien à Langeac (Haute-Loire).

Dans notre vie quotidienne, nous ne souffrons pas trop de la désertification rurale, sauf en ce qui concerne la politique des transports. Nous avons assisté à une diminution importante des dessertes de la ligne de chemin de fer vers Paris. Le nombre d’habitants est en baisse mais également, et surtout, l’activité agricole.

Cela a des répercussions sur notre clientèle. Depuis vingt-cinq ans, nous observons une diminution du nombre d’exploitants et, depuis cinq ans, du cheptel. Il en découle, évidemment, un repli du nombre des actes en rurale. Mais parallèlement, nous avons constaté un fort développement de la canine. La médicalisation des animaux de compagnie s’accroît en effet, et nous pouvons également compter sur la clientèle “étrangère” à la région (touristes, retraités, vacanciers, etc.). A l’avenir, nous comptons développer notre activité canine en réalisant des investissements en matériel ou en formations. Nous pensons également pouvoir nous diversifier en développant, mais dans une moindre mesure, l’activité équine.

Les distances à parcourir étant le plus souvent longues et les infrastructures routières ne procurant pas des conditions idéales de circulation, les visites chez les éleveurs ne sont pas toujours rentables, et certains cabinets ferment faute de repreneurs.

Les jeunes qui désirent s’installer ici doivent le faire en connaissance de cause et en appréciant les inconvénients, mais également les nombreux avantages que procure la vie en zone rurale.

Notre clientèle compte de plus en plus d’étrangers

Cornélius Sachdé, praticien à Masseube (Gers).

Je suis installé avec mon épouse depuis sept ans dans un village du Gers qui ne souffre pas trop de la désertification rurale. Certes, chaque année, des agriculteurs prennent leur retraite et ne sont pas remplacés, mais il s’agit de petites exploitations qui comportent un nombre de têtes de bétail assez limité. Elles disparaissent au profit de fermes moins nombreuses, mais qui présentent un cheptel plus important. Je suis assez optimiste quant à l’avenir de notre structure. Dans la région, nous observons l’installation de nombreux étrangers (Allemands, Anglais), souvent propriétaires de plusieurs animaux.

C’est ainsi que sont apparus dans notre clientèle des ânes ou des chèvres de compagnie. Nous avons donc peut-être moins de clients que nos confrères urbains, mais nous soignons probablement autant d’animaux qu’eux. Par ailleurs, nous avons la chance d’être trilingues, ce qui facilite grandement les contacts avec ce nouveau type de clientèle. Je ne suis pas persuadé que l’avenir du vétérinaire rural ne soit représenté que par le développement de grosses structures. Les éleveurs de la région apprécient de n’avoir que leur vétérinaire comme interlocuteur. Les cliniques importantes, composées de nombreux associés, ne peuvent pas leur offrir ce type de relations privilégiées. Je pense que l’engouement pour la vie à la campagne devrait favoriser l’installation de jeunes vétérinaires en milieu rural. Nous travaillons certes beaucoup (nous n’avons pris que quinze jours de congés en sept ans), mais nous avons une qualité de vie incomparable. Dès que j’ai une heure de libre, je considère que j’ai une heure de vacances.

Nous allons être contraints de nous spécialiser davantage et de développer notre activité commerciale

Christophe Pradel, praticien à Saint-Christophe (Aveyron).

La désertification rurale ne me pose pas trop de problèmes pour le fonctionnement administratif de la clinique, car de nombreuses tâches peuvent être effectuées via l’Internet. En revanche, notre activité a été modifiée en raison de la désertification des campagnes. Les seniors sont de plus en plus “dynamiques” ; ils détiennent un pouvoir d’achat assez important, mais fréquentent beaucoup les animaleries ou autres lieux du même type, afin de dénicher des conseils ou des produits moins chers. Les ménages en activité ont, pour leur part, un pouvoir d’achat en chute libre. Le budget qu’ils destinent à leur animal de compagnie est de plus en plus restreint. En ce qui concerne les vétérinaires purement ruraux, je ne vois pas d’autre issue que de s’associer. L’un des principaux problèmes rencontrés est de pouvoir rentabiliser le temps passé dans les longs trajets lorsque nous partons en visites, en surveillant les radars au bord de la route ! En campagne, pour concilier la poursuite de notre activité et la désertification rurale, nous allons devoir nous spécialiser encore plus et, parallèlement, développer notre activité commerciale. Par exemple, les éleveurs peuvent trouver un flacon de Domosedan® dans des “épiceries espagnoles” pour un prix identique à celui (hors taxes) que je paie à la centrale. Et je ne perdrai pas de temps à parler des antiparasitaires…

Il faudra faire un choix : laisser les structures ouvertes au public aux heures ouvrables, commercialiser tout et n’importe quoi et voir disparaître la fameuse “continuité de soins”, ou bien rétablir la notion d’ayant droit par des moyens législatifs qui protègent la vente d’actes, autant que faire se peut, mais surtout la prescription et la délivrance des substances qui y sont associées. Et je vois mal comment l’Etat décentralisé pourrait amener les collectivités à protéger notre avenir. Nous n’avons pas le profil requis pour être soutenus et promus !

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