Une nouvelle encapsulation au service du médicament

Une équipe pluridisciplinaire et cosmopolite (120 personnes, 35 nationalités) de physiciens, chimistes, pharmaciens, cancérologues travaille sur la galénique et en particulier sur les nanovecteurs, à la faculté de pharmacie de Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine). 70 fois plus petits qu’un globule rouge, l’idée consiste à les utiliser comme des transporteurs de médicaments afin que la diffusion de ces derniers soit facilitée. « Les nanomédicaments présentent une surface d’interaction avec les milieux vivants beaucoup plus importante que les formes pharmaceutiques traditionnelles », explique Patrick Couvreur, à la tête du laboratoire⁽¹⁾. Ces nanomédicaments peuvent se libérer auprès des tissus ou des cellules malades, cancéreuses ou infectées par un virus. Au plus près de la cible, l’efficacité des molécules est augmentée et leurs effets secondaires diminuent. Les « analogues nucléosidiques », qui interfèrent avec la synthèse de l’ADN et sont prescrits en chimiothérapie anticancéreuse (gemcitabine, cytarabine) ou anti-VIH (AZT), intéressent les chercheurs. Patrick Couvreur explique en effet qu’ils ne sont pas bien absorbés par voie orale, passent mal les barrières cellulaires et sont dégradés très vite. L’équipe a eu l’ingénieuse idée d’associer à la gemcitabine du squalène, cholestérol du requin. L’association a entraîné la formation spontanée de nanoparticules⁽²⁾. L’effet anticancéreux in vitro est dix fois plus puissant qu’avec la gemcitabine seule. Chez des souris souffrant de leucémies expérimentales, les excellents résultats sont confirmés. « Non traitées, elles meurent en quinze jours. Avec la gemcitabine-squalène, plus de la moitié sont toujours vivantes après trois cents jours, ce qui signifie qu’elles sont guéries », remarque le chercheur. Le brevet déposé, l’équipe souhaite développer les molécules “squalénisées” avec le lancement de leur start-up Medsqual.

• (1) UMR CNRS 8612, « Physico-chimie, pharmacotechnie et biopharmacie ».

• (2) Une nanoparticule est un corps ayant une dimension de l’ordre de 100 nm ou moins.

• Source : « Des médicaments plus efficaces » par Sandrine Cabut, Libération du 3/3/2007.