La différenciation des affections naso-sinusales est complexe - La Semaine Vétérinaire n° 1261 du 17/03/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1261 du 17/03/2007

Le chien moucheur

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Carole Ballin

L’examen des voies aériennes supérieures nécessite souvent la réalisation d’examens complémentaires parfois difficiles à choisir.

Le scanner permet de repérer les opacifications ou les lyses osseuses et de préciser le caractère unilatéral ou bilatéral d’une lésion. Il autorise également une bonne délimitation des contours d’une tumeur. Cependant, affirmer qu’il permet d’élucider l’origine de toutes les affections nasales est erroné. Par exemple, la distinction entre une rhinite aspergillaire et une forme érosive de rhinite lymphoplasmocytaire est impossible. La biopsie reste alors le seul moyen de les différencier. Elle est aussi utile pour confirmer la présence d’une tumeur et déterminer sa nature. Les tumeurs des cavités nasales, le plus souvent des adénocarcinomes et des carcinomes, sont majoritairement malignes.

L’imagerie par résonnance magnétique offre un contraste tissulaire nettement supérieur à celui du scanner. La rhinoscopie consiste à visualiser les cavités nasales afin de repérer et de procéder à une biopsie de toute anomalie de surface. Cet examen, qui se réalise sous anesthésie générale, est un outil diagnostique efficace.

La rhinoscopie reste l’examen de choix en présence d’un corps étranger ou d’une rhinite lymphoplasmocytaire. Elle présente toutefois certaines limites. Il n’est pas exceptionnel de procéder à la biopsie d’un tissu d’aspect anormal et de ne mettre en évidence qu’une lésion inflammatoire, alors qu’il s’agit bien d’une tumeur. Combiner la rhinoscopie et l’imagerie pour confronter les conclusions de chaque examen est parfois indispensable. Dans ce contexte où aucun examen ne permet d’élucider la totalité des affections rhino-sinusales, le choix doit être guidé par le jugement du praticien.

Avant de choisir le bon examen, il convient de revenir à l’observation clinique

Les symptômes (épistaxis, jetage séreux, muqueux ou mucopurulent, toux, éternuements, reniflement inverse, etc.) lors d’affections des cavités naso-sinusales des chiens et des chats sont peu spécifiques. Le recours à des examens complémentaires se révèle indispensable.

Le praticien dispose de plusieurs outils qui vont l’aider dans sa démarche diagnostique. Cependant, la difficulté repose dans le choix de ces derniers. Les principales maladies des cavités nasales sont les tumeurs, les rhinites fongiques, lymphoplasmocytaires, parasitaires (acariose à Pneumossoides caninum), les rhinites à corps étranger, les fistules oronasales ou encore des causes extranasales lors d’épistaxis (troubles de la coagulation ou de la viscosité sanguine).

Le signalement, les commémoratifs, l’anamnèse et l’examen clinique sont riches d’informations. Concernant le signalement, en présence d’un animal jeune (moins de cinq ans), les hypothèses de corps étranger, d’aspergillose ou de rhinite lymphoplasmocytaire sont à privilégier. Chez un animal plus âgé (plus de sept ans), la prévalence des tumeurs est plus importante (bien que certaines soient observées chez des animaux relativement jeunes). Les races dolichocéphales sont prédisposées aux tumeurs. Les rottweillers, les golden retrievers ou les bergers allemands le sont nettement aux infections aspergillaires.

En matière de commémoratifs, le mode de vie, par exemple à la campagne, doit faire suspecter un corps étranger ou une aspergillose. Un voyage effectué dans le Sud permet d’inclure la leishmaniose dans le diagnostic différentiel. En effet, celle-ci peut être à l’origine d’épistaxis par thrombopénie et hyperviscosité.

Au niveau de l’anamnèse, les modalités d’apparition sont également riches d’enseignements. L’hypothèse diagnostique diffère selon l’apparition progressive ou soudaine des symptômes.

L’expression clinique d’un corps étranger qui se traduit par des éternuements et un jetage est toujours suraiguë (le propriétaire est souvent en mesure de donner l’heure d’apparition des signes). Un saignement suraigu isolé (sans contexte de rhinite chronique) fera plutôt penser à une origine extranasale ou à une tumeur. En revanche, un saignement peut apparaître dans un contexte d’éternuements et de jetage chroniques.

L’efficacité d’un traitement antibiotique apporte peu d’informations. Il traite en effet les surinfections bactériennes opportunistes qui surviennent lors de toute affection nasale. La réponse aux corticoïdes est, en revanche, plus intéressante. Une disparition totale suivie d’une réapparition puis une nouvelle disparition dès la reprise des corticoïdes fait penser à une rhinite lymphoplasmocytaire. Toutefois, les signes cliniques liés à une tumeur nasale peuvent également s’améliorer avec un glucocorticoïde.

Lors de l’examen clinique, les symptômes sont également riches d’enseignements. Un examen de la cavité buccale est un préalable indispensable. Des signes unilatéraux feront suspecter une tumeur, une aspergillose ou un corps étranger. Un problème d’emblée bilatéral conduit à privilégier les causes extranasales et la rhinite lymphoplasmocytaire.

A l’aide de coton ou d’une touffe de poils, il est utile d’observer les colonnes d’air. Une tumeur ou un amas mucopurulent peuvent obstruer les cavités nasales. La truffe est examinée. Aspergillus entraîne la sécrétion de protéases qui provoquent sa décoloration. Par ailleurs, les nœuds lymphatiques sont palpés. S’ils sont hypertrophiés, un phénomène inflammatoire particulièrement important (aspergillose notamment) ou une tumeur sont probables.

Tous les éléments cliniques permettent de hiérarchiser les hypothèses et de déterminer ainsi l’examen complémentaire à choisir.

Un traitement local est privilégié pour venir à bout de l’aspergillose nasale

Un simple traitement antifongique systémique n’est généralement pas efficace. Des séances de balnéation intranasale avec du clotrimazole ou de l’énilconazole constituent la base du traitement actuellement recommandé(1). Le taux de guérison observé est alors de 70 % après un bain, de 80 % après deux bains et de 90 % après trois bains.

Actuellement, des résistances fongiques apparaissent et justifient la réalisation systématique de culture fongique avec un fungigramme.

Bien décrite dans le traitement de la bronchite chronique féline, l’inhalation de corticoïdes est également indiquée dans celui des rhinites lymphoplasmocytaires chroniques. Elle permet de réduire, voire d’arrêter la corticothérapie systémique et de s’affranchir ainsi des effets secondaires. Le corticoïde utilisé est la fluticasone (Flixotide® 250 mg), nébulisée matin et soir dans la chambre d’inhalation que les propriétaires peuvent se procurer sur Internet (www.Aerokat.com). Le traitement inhalé débute en même temps que le traitement systémique. Ce dernier est progressivement réduit jusqu’à la détermination de la plus petite dose efficace.

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1250 des 23 et 30/12/2006 en pages 30 et 31.

CONFÉRENCIER

Juan Hernandez, praticien à la clinique Frégis (Accueil, Val-de-Marne).

Article rédigé d’après la table ronde sur « Le chien moucheur » organisée à la clinique Frégis, le 13 février 2007.

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