Les vaginites et les endométrites sont sous-estimées - La Semaine Vétérinaire n° 1258 du 24/02/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1258 du 24/02/2007

Sphère génito-urinaire de la chienne

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Alexandre Balzer

Les inflammations génitales, certainement sous-diagnostiquées et méconnues par les praticiens, ont des conséquences majeures chez les chiennes reproductrices.

Les vaginites et les endométrites sont particulièrement fréquentes, davantage encore que le pyomètre. Le vétérinaire est souvent conduit à ne les diagnostiquer que chez les chiennes reproductrices. Comme elles peuvent être une source d’infertilité ou d’arrêt de la gestation, il est important de bien reconnaître ces affections afin de mettre en place rapidement le traitement adéquat.

Les vaginites de la chienne impubère sont d’origine inflammatoire

Il est fréquent de recevoir en consultation une chienne âgée de quelques mois qui présente des écoulements vulvaires purulents. La vulve apparaît alors le plus souvent hypertrophiée. Le frottis révèle de nombreux polynucléaires dégénérés. Bien évidemment, l’hypothèse du pyomètre peut être écartée, car il n’y a aucun développement utérin par l’absence de sécrétion de progestérone avant la puberté. Le diagnostic clinique est ainsi aisé. Les principaux symptômes observés sont donc le léchage de la vulve et la présence de pertes vulvaires muco-purulentes, qui peuvent être abondantes. Une légère hyperthermie passagère est parfois notée.

Dans 80 % des cas, une guérison spontanée se produit au premier œstrus. Cette affection semble ainsi contre-indiquer l’ovariectomie prépubertaire. La vaginite est essentiellement d’origine inflammatoire. Cette inflammation provient du manque de drainage de l’organe. Aucune origine infectieuse n’est clairement mise en évidence.

Le traitement repose essentiellement sur une désinfection locale répétée. L’administration d’antibiotique est décevante, car une récidive se produit dès l’arrêt du traitement. Il convient d’éviter les irrigations locales qui augmentent encore l’inflammation de l’organe. Une certaine efficacité de l’administration d’œstrogènes (Incurin®, à la dose de 0,5 mg/j pendant un mois) est démontrée. Elle vise à renforcer la muqueuse du vagin, à y faciliter le drainage et, éventuellement, à permettre une ovariectomie avant les premières chaleurs, dès que la vaginite est guérie.

Les vaginites de la chienne adulte sont souvent secondaires à une malformation vaginale (sténose vestibulaire, septum vaginal, persistance partielle de l’hymen, uretère ectopique, etc.), à l’obésité (donc à la présence de graisse périnéale), à un traumatisme (après une saillie ou une insémination, par exemple), à un corps étranger, à une tumeur et à une maladie intercurrente (diabète, etc.). Elles peuvent aussi avoir pour origine une infection bactérienne. Dans ce cas, les principales bactéries retrouvées sont aérobies. La flore bactérienne varie fort peu selon le stade du cycle de la femelle. Les autres causes infectieuses peuvent être virales (herpès virus, virus de la maladie de Carré) ou provenir de mycoses (rares chez la chienne, contrairement à ce qui est observé chez la femme).

La présence d’un ou de deux types de bactéries est anormale

Lorsqu’une analyse bactériologique vaginale est réalisée chez des chiennes saines, des bactéries et des mycoplasmes sont naturellement retrouvés dans 60 % des cas. Les cultures sont généralement mixtes, avec la présence d’un à six types de bactéries. Ainsi, une analyse bactériologique du tiers antérieur du vagin qui ne compte qu’un ou deux types de bactéries est inhabituelle, et parfois le signe d’une colonisation bactérienne du vagin. Ceci n’est toutefois qu’un élément de suspicion qui ne permet pas, seul, de conclure à l’existence d’une vaginite, mais qui, en présence d’une observation clinique correspondante, permet de renforcer le diagnostic.

Les symptômes sont souvent frustes et peu évocateurs

Les vaginites aiguës sont particulièrement rares. La plupart du temps, les vaginites sont chroniques et évoluent sur plus d’un mois. Une vestibulite leur est généralement associée. Les pertes sont le plus souvent discrètes. Seul un léchage fréquent de la vulve est observé, avec la présence de souillures et de poils collés. Dans les cas les plus importants, il est possible de noter une attirance des mâles, en dehors des chaleurs. Par ailleurs, des symptômes urinaires (cystites récidivantes), du ténesme ou des troubles de la reproduction (infertilité, avortement, mortalité néonatale) sont aussi parfois notés. Le diagnostic différentiel comprend les cystites et les pyomètres vrais. Il convient, bien entendu, d’éliminer toutes les causes anatomiques sous-jacentes. Pour cela, l’examen clinique doit comprendre une observation minutieuse de la vulve et des organes proches. Il est important de noter l’aspect et l’importance des pertes vulvaires (à ne pas confondre avec des pertes urineuses ; dans ce dernier cas, des souillures importantes de la zone vulvaire, avec une dermatite péri-vulvaire, sont relevées). La palpation et le toucher rectal permettent de noter la consistance et la taille de l’utérus et du vagin. Le frottis vaginal fait partie de l’examen clinique de la chienne. La présence de polynucléaires dégénérés est systématique. Cependant, en cas de vaginite chronique, le nombre de polynucléaires peut être plus faible.

Les examens complémentaires, parfois indispensables, sont de quatre types :

- la vaginographie : une sonde de Foley (ou un embout de seringue) est introduite dans le vestibule et la vulve est tenue serrée sur la sonde. Après l’injection du produit de contraste, il est possible de distinguer une éventuelle anomalie anatomique comme une sténose du vagin ou la présence d’un septum vaginal ;

- la vaginoscopie : l’introduction d’un fibroscope rigide fin permet une visualisation directe de l’ensemble du vagin. Des biopsies sont éventuellement réalisables ;

- l’analyse bactériologique vaginale : l’introduction d’un écouvillon stérile est relativement aisé afin d’envoyer le prélèvement au laboratoire. Il convient simplement de le protéger par un spéculum lors du passage de la vulve et du vestibule afin de ne pas contaminer le prélèvement par des bactéries habituellement rencontrées dans ces organes ;

- autres examens complémentaires possibles : recherche de la présence de mycoplasmes, d’herpès virus, de mycoses, de brucellose canine, etc.

Des vaginites sont observées chez des chiennes stérilisées ou non

Le traitement des vaginites des chiennes pubères repose essentiellement sur la correction chirurgicale des malformations anatomiques (résection des brides, épisiotomie facilitant la vidange de l’organe, etc.), sur des irrigations locales avec un antiseptique (deux fois par jour jusqu’à la guérison) et, éventuellement, sur l’administration d’ovules gynécologiques. Un traitement antibiotique par voie générale est intéressant. Il se poursuit pendant dix jours dans les cas aigus et pendant plus de quatre semaines dans les cas chroniques. Malgré des traitements adaptés, 25 % de récidives sont observées, sans pour autant qu’une évolution vers le pyomètre se produise.

Il est possible de rencontrer des vaginites purulentes chez des chiennes stérilisées. L’étiopathogénie de ces affections est alors la même que chez les chiennes impubères. Cependant, les résultats des traitements sont nettement moins bons. Seuls les œstrogènes apportent alors une amélioration notable.

Les endométrites sont des inflammations de la paroi de l’utérus, dont les conséquences sont particulièrement importantes chez les chiennes reproductrices. Il convient de distinguer les endométrites infectieuses de l’hyperplasie glandulo-kystique, qui représente un stade infra-clinique du pyomètre. La présence de bactéries dans l’utérus de chiennes saines est normale, en particulier lors du pro-œstrus et de l’œstrus. Cependant, lorsqu’une prolifération bactérienne est anormale, elle peut induire une inflammation et une infiltration de l’endomètre. Dès lors, le milieu utérin peut être modifié et empêcher la reproduction. En effet, les conséquences possibles de cette inflammation sont nombreuses : mort des spermatozoïdes, mort des embryons, impossibilité de nidation, etc. La réalisation d’un écouvillonnage vaginal profond constitue un élément de suspicion. En effet, des bactéries en pousse abondante sont systématiquement retrouvées dans le vagin cranial lors d’infection de l’utérus. Le traitement repose sur une antibiothérapie adaptée. Sa durée est controversée, mais plusieurs semaines semblent nécessaires. En outre, plusieurs auteurs cherchent à diagnostiquer les endométrites via la cytologie endométriale ou la biopsie, comme cela se pratique déjà chez la jument.

Les vaginites et les endométrites sont des affections méconnues, ayant pourtant des incidences importantes. Il convient en particulier d’y penser lors d’infertilité chez certaines chiennes reproductrices. Les conséquences financières pour les éleveurs en font des points à ne pas négliger lors des suivis d’élevage.

CONFÉRENCIER

Alain Fontbonne, maître de conférences en pathologie de la reproduction à l’école d’Alfort.

Article rédigé d’après une conférence présentée au congrès 2006 de l’Afvac (Bordeaux, Gironde).

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