L’emploi des probiotiques, cela ne marche toujours pas !

Durant les vingt à trente dernières années, de nombreux travaux ont été menés dans le domaine des probiotiques. Ces souches bactériennes sélectionnées pourraient entrer en concurrence avec les bactéries pathogènes du tractus gastro-intestinal des animaux domestiques et, de ce fait, avoir des effets favorables sur leur santé et leurs performances zootechniques. Afin de confirmer ces allégations, les auteurs d’une étude⁽¹⁾ ont évalué les effets de deux probiotiques d’origine commerciale. Ces deux produits, les seuls approuvés au Canada pour un usage chez les volailles, sont des mélanges d’espèces bactériennes. Le probiotique 1 est composé de Lactobacillus acidophilus, Lactobacillus bifidus et Enterococcus faecalis, alors que les espèces mentionnées pour le probiotique 2 sont L. acidophilus, E. faecalis et des bifidobactéries. Quatre groupes sont comparés : l’un reçoit le probiotique 1 dans l’eau de boisson à 1, 2, 19 et 20 jours d’âge, un autre reçoit le probiotoque 1 sous forme de spray au couvoir, un troisième reçoit le probiotique 2 dans l’aliment pendant toute la période de production et le dernier est un groupe témoin négatif.

Tous les œufs proviennent du même élevage reproducteur, mais à trois âges de ponte différents : 28, 43 et 57 semaines.

Les poussins issus de troupeaux jeunes étant généralement de moins bonne qualité que ceux qui proviennent de troupeaux plus âgés, les auteurs s’attendent à ce que les améliorations soient plus marquées chez les poulets issus d’œufs pondus à 28 semaines. Au total, 1 600 oiseaux sont inclus dans l’étude. L’aliment distribué contient un coccidiostatique, mais aucun autre agent antimicrobien. Les conditions d’élevage des différents lots sont identiques.

Les résultats montrent que, comme attendu, les performances des œufs (fertilité, éclosabilité, taux de réforme à l’éclosion) et des poulets (croissance, indice de consommation) sont meilleures dans le troupeau de 43 semaines que dans les troupeaux “jeune” et “vieux”.

Concernant le gain moyen quotidien (GMQ) hebdomadaire, aucun effet significatif des probiotiques n’a pu être mis en évidence au cours des cinq premières semaines d’élevage. Durant la sixième et dernière semaine, la croissance des trois lots de poulets ayant reçu les probiotiques se révèle plus élevée (+ 6,8 % en moyenne) que celle des témoins. La différence de GMQ entre 0 et 42 jours n’est toutefois pas significative entre les quatre lots. Elle ne l’est pas non plus pour les poids vifs, que ceux-ci soient mesurés à la fin de la période d’élevage ou lors des pesées hebdomadaires réalisées tout au long de celle-ci. L’indice de croissance (IC) ne présente aucune différence significative entre lot témoin et lots supplémentés (IC hebdomadaires et IC sur l’ensemble de la période) tout au long de l’étude. Enfin, concernant la mortalité, aucun des trois lots supplémentés ne montre de différence avec le lot témoin négatif.

Les auteurs concluent que l’administration des probiotiques étudiés aux oiseaux de ce troupeau n’a eu aucun effet sur la qualité et la performance des poulets, que ceux-ci soient issus d’œufs pondus à 28, 43 ou 57 semaines.

• (1) E.E. O’Dea, G.M. Fasenko, G.E. Allison, D.R. Korver, G.W. Tannock, L.L. Guan : « Investigating the effects of commercial probiotics on broiler chick quality and production efficiency », Poultry Science, 2006, n° 85, pp. 1855-1863.