Les souches du virus de la BVD qui circulent en Bourgogne ont été photographiées

La variabilité génétique des virus à ARN intéresse les acteurs de la santé animale. La faculté d’adaptation qu’elle confère à ces virus peut neutraliser l’efficacité des prophylaxies médicales mises en œuvre, comme le montre l’évolution de la virulence du virus de la maladie de Marek en aviculture⁽¹⁾. En production bovine, qu’en est-il de l’évolution de la variabilité génétique du virus de la diarrhée virale bovine (BVD) ? Deux génotypes sont connus, les types BVDV-1 et BVDV-2. Pour le type 1, largement dominant en France et en Europe, onze sous-types ont été caractérisés par le professeur Stefan Vilcek, de l’université de médecine vétérinaire de Kosice, en Slovaquie. Compte tenu de cette variabilité génétique, les acteurs sanitaires de la région Bourgogne⁽²⁾ ont souhaité évaluer la fiabilité des outils de détection utilisés en routine par les laboratoires d’analyses et celle des outils vaccinaux. En effet, dans la région, la vaccination contre la BVD est largement mise en œuvre et les techniques de biologie moléculaire, comme la RT-PCR, sont des outils de diagnostic de plus en plus employés.

L’équipe du professeur Stefan Vilcek a génotypé cinquante isolats issus des prélèvements analysés par les laboratoires départementaux bourguignons au cours des campagnes 2004 et 2005. En outre, une étude épidémiologique a été organisée grâce au recueil rétrospectif des données cliniques et vaccinales associées aux isolats génotypés. Lors de la Journée bovine nantaise 2006, notre consœur Claire Pelletier, vétérinaire au Laboratoire départemental d’analyses de Mâcon (Saône-et-Loire), a présenté les résultats de l’étude de génotypage et les premiers éléments de l’enquête épidémiologique.

Un nouveau variant du virus de la BVD a été identifié

Les isolats génotypés ont été discriminés au prorata du nombre d’élevages bovins par département et selon leur positivité élevée déterminée par l’antigénémie Elisa E0 ou p80, la RT-PCR ou les cultures cellulaires. Largement prédominant, le génotype BDVD-1e a été identifié pour 70 % des isolats. 20 % appartiennent au génotype BVDV-1b. Plus sporadiques, les sous-types BVDV-1d et BVDV-2 ont été respectivement mis en évidence pour deux et un isolats.

Cette étude a permis d’identifier, pour trois isolats, un nouveau génotype, le sous-type BVDV-1l (^{voir tableau}). La localisation de ce sous-type est circonscrite au cœur de la Saône-et-Loire (^{voir carte}). Si le sous-type BDVD-1e est réparti de façon homogène en Bourgogne, le génotype BVDV-1b est localisé dans la zone Val-de-Saône et Charolais-Bourbonnais.

Le cas clinique associé à l’infection par le virus BVDV-2 a été caractérisé par des symptômes respiratoires et digestifs observés uniquement chez des veaux âgés de moins de six mois, avec de fortes morbidité et mortalité : cinquante veaux atteints pour un troupeaux de quatre-vingts femelles mises à la reproduction et vingt veaux morts. Aucun épisode clinique n’a été enregistré l’année suivante, malgré l’absence de vaccination.

Les souches de BVDV-1b et 1e provenaient d’animaux d’âge divers, de trois semaines à deux ans et demi, qui avaient le plus souvent présenté des symptômes graves. Les souches BVDV-1l ont été isolées dans le cadre d’un dépistage et pas lors de l’exploration d’un épisode clinique. Les élevages étaient en plan BVD, et les isolats provenaient de bovins âgés d’un an.

L’épidémiosurveillance des souches virales circulant est essentielle

Cette photographie des variants du virus BVD circulant en Bourgogne montre la nécessité de l’organisation d’une surveillance de l’évolution de la variabilité génétique du virus de la diarrhée virale bovine. Cette épidémio surveillance est indispensable à une utilisation pertinente des tests de laboratoire, particulièrement la PCR. En effet, « le premier isolat du nouveau sous-type BVDV-1l avait donné un résultat négatif avec le lot de réactif de RT-PCR employé, alors qu’un signal positif avait été retrouvé à la fois en culture et en antigénémie », a expliqué notre consœur Claire Pelletier.

Cette photographie des génotypes circulant ne permet pas de répondre aux questions relatives à la cohérence des outils vaccinaux utilisés et à l’éventuel impact de la vaccination sur la sélection de sous-types particuliers. En effet, les souches virales sont génotypées à partir du séquençage des régions 5’-UTR et Npro de l’ARN viral. Or les anticorps neutralisant responsables de la protection immunitaire des bovins sont induits par d’autres protéines, en particulier la protéine E2⁽³⁾. Aussi, notre consœur témoigne de l’intérêt d’évaluer la variabilité du gène E2.

En région Bourgogne, il est donc envisagé de poursuivre le typage génétique d’isolats associés à un contexte clinique et épidémiologique particulier. Croisées avec les données de pharmacovigilance, ces informations permettront d’organiser la pertinence du choix des outils de diagnostic au regard de l’évolution des variants du virus BVD.

• (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1245 du 18/11/2006 en page 44.

• (2) Les laboratoires départementaux d’analyses de Saône-et-Loire, de la Nièvre et de Côte-d’Or, l’institut départemental de l’environnement et d’analyses d’Auxerre, les GTV de Bourgogne et la FRDGS de Bourgogne.

• (3) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1217 du 11/3/2006 en page 38.