Diagnostiquer l’urgence abdominale suppose de débusquer des symptômes non spécifiques - La Semaine Vétérinaire n° 1257 du 17/02/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1257 du 17/02/2007

Post-partum chez la jument

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Gwenola Touzot-Jourde

Les hémorragies urogénitales et la torsion du gros côlon sont les affections les plus fréquemment rencontrées.

L’évaluation des urgences abdominales post-partum, qui se fonde sur l’examen clinique, n’aboutit pas toujours à un diagnostic précis. Le problème, pouvant provenir du tractus digestif ou génital, est rarement facile à déceler en raison de signes cliniques non spécifiques. Dans une étude, une équipe américaine cherche à identifier les caractéristiques de l’anamnèse et du tableau clinique de chaque affection en passant en revue les dossiers de cent soixante-trois juments admises en urgence à l’hôpital dans les trente jours après la date de la mise bas.

Les juments sont prédisposées, durant la période post-partum, à présenter des crises abdominales aiguës. L’origine de la douleur abdominale est liée à des anomalies du tractus digestif, du système urogénital ou bien à des ruptures musculaires ou tendineuses de la paroi abdominale créant une hernie. Les affections digestives rencontrées en post-partum sont les déplacements du gros côlon, les déchirures du mésentère, les contusions et les perforations intestinales. Une longue liste de problèmes rencontrés au niveau du tractus génito-urinaire dans la période qui suit la mise bas existe aussi : les déchirures de la paroi utérine, le prolapsus de l’utérus, les ruptures des artères utérines, la rétention du placenta, les métrites, les traumatismes du vagin ou encore les ruptures de vessie. Par ailleurs, la cavité abdominale, soumise à des contraintes importantes durant la gestation et la parturition, peut montrer des signes de faiblesse : hernie diaphragmatique, rupture du tendon prépubien ou hernie de la paroi abdominale. Les juments âgées et/ou multipares qui donnent naissance à de gros poulains semblent présenter un risque accru de subir ces complications. En raison de ce large tableau de diagnostic différentiel, l’interprétation des signes cliniques n’est pas évidente. Des symptômes subtils d’inconfort peuvent être cachés par le comportement protecteur des juments envers leur progéniture. Dans aucune des présentations cliniques étudiées rétrospectivement, les paramètres vitaux comme la fréquence cardiaque, la température rectale, la présence de reflux gastrique ou tout autre découverte à l’examen clinique n’ont permis d’orienter le diagnostic.

La présentation la plus précoce revient à l’hémorragie génito-urinaire

Le risque de diagnostiquer une hémorragie génito-urinaire augmente de 13,7 % par année d’âge de la jument. Le taux de survie est de 88 %. Les hémorragies urogénitales ont constitué 16,6 % des cas. L’âge médian était de treize ans. En moyenne, les juments étaient présentées vingt-quatre heures post-partum. Comparées aux autres maladies, l’hémorragie a la présentation la plus précoce. La mise en évidence d’un hématome dans le ligament large et la présence de sang dans l’utérus, avec ou sans expulsion vaginale, ont été rencontrées plus souvent que l’hémopéritoine. Une anémie et/ou une hypoprotéinémie n’étaient présentes que dans moins d’un tiers des cas. Une hypofibrinogénémie a été objectivée dans un quart des cas. Le diagnostic a été établi le plus souvent par palpation transrectale.

Les métrites ont été identifiées dans 8 % des cas et faisaient suite, pour la moitié d’entre elles, à une mise bas avec un historique de dystocie. La lacération utérine a compté pour 5,5 % des urgences post-partum et a le plus mauvais pronostic, avec un taux de survie faible (22 %). Une péritonite aiguë était présente dans tous les cas de déchirure de la paroi utérine et était accompagnée d’une leucopénie chez 90 % des juments. Du reflux gastrique a été observé chez 50 % des juments. Le diagnostic ante mortem était correct dans 30 % des cas.

La torsion du gros côlon est le problème intestinal le plus courant

La torsion du gros côlon est l’affection intestinale la plus couramment rencontrée en post-partum, avec une incidence de 16,6 %. Les signes cliniques sont apparus environ deux cent dix heures après la mise bas. Un diagnostic exact a été établi par palpation transrectale dans environ 75 % des cas. Pour 6 % d’entre eux, une rupture ou une impaction du cæcum a été diagnostiquée avec 70 % de diagnostic clinique exact et 40 % de taux de survie. Les symptômes sont apparus en moyenne une trentaine d’heures après la mise bas. Les anomalies du petit côlon étaient liées au traumatisme de la parturition : déchirure du mésocôlon entraînant une ischémie intestinale ou une perforation du petit côlon. D’une incidence faible (3,1 %), elles n’ont que rarement été diagnostiquées par la palpation transrectale.

Les maladies du petit intestin ont été identifiées chez 7,4 % des juments. Elles ont toutes nécessité, dans les vingt-quatre heures de l’admission, le recours à une intervention chirurgicale qui a permis d’établir un diagnostic de certitude. L’anomalie la plus rencontrée était le volvulus. Les déchirures mésentériques, les hématomes de la paroi intestinale avec occlusion du lumen, les contusions pariétales avec nécrose ont occasionnellement été trouvés. La tentative de diagnostic par palpation transrectale s’est révélée exacte dans moins de 40 % des cas.

Les autres causes de l’hospitalisation incluaient les entérocolites, l’impaction du gros côlon, les déplacements simples du gros côlon, l’entrapement néphrosplénique, des mammites, de la fourbure à la suite d’une métrite, la rupture du tendon prépubien ou encore les traumatismes vaginaux. Aucun diagnostic définitif n’a été possible dans environ 30 % des cas.

En conclusion, les cas référés pour hospitalisation ne sont pas toujours représentatifs de l’ensemble des complications post-partum, car seuls les cas compliqués ou ceux qui requièrent un traitement intensif sont référés. Les traumatismes du canal pelvien, les infections utérines primaires ou encore l’échec de la montée de lait sont autant de complications post-partum qui peuvent être traitées sur place. Certaines entités pathologiques n’ont pas été observées. Les auteurs soulignent les limites des informations collectées de façon rétrospective. Toutefois, cette étude montre le manque de spécificité des signes cliniques et confirme la difficulté d’établir un diagnostic précis lors de crise abdominale post-partum.

  • Source : B. A. Dolente, E. K. Sullivan, R. Boston et J. K. Johnston : « Mares admitted to a referral hospital for postpartum emergencies : 163 cases (1992-2002) », J. Vet. Emerg. Crit. Care, vol. 15, n° 3, pp. 193-200, 2005.

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