Le contrôle de l’humidité et de l’ammoniac dans la gestion de la litière est important - La Semaine Vétérinaire n° 1256 du 10/02/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1256 du 10/02/2007

Aviculture et environnement

Formation continue

FILIÈRES

Auteur(s) : Karim Adjou

Le renouvellement d’air à l’intérieur du bâtiment est indispensable pour éliminer l’humidité résultant de la litière et de la condensation et pour évacuer les gaz nocifs, notamment l’ammoniac.

La gestion de la litière en élevage avicole, élément primordial, conditionne les performances de l’exploitation. Elle assure une isolation thermique des animaux et témoigne de l’hygiène qui règne dans le bâtiment. Elle constitue un facteur déterminant du confort des volailles et du personnel qui travaille dans l’exploitation. Par ailleurs, elle absorbe les déjections ainsi que l’humidité en assurant, avec l’air ambiant, un rôle tampon dans la gestion des flux de matières organiques et d’eau produits par l’animal et son milieu.

Le bilan des principaux flux d’eau et d’azote pour un poulet abattu à un poids de 1,9 kg a fait l’objet de calculs. La quantité d’eau ingérée est de 6 500 g, celle de l’eau expirée de 3 300 g, celle de l’eau rejetée dans les fientes de 1 850 g et celle de l’eau évaporée de la litière de 1 600 g. L’azote ingéré s’élève à 118 g, l’azote rejeté dans les fientes à 57 g et l’ammoniac évaporé de la litière à 23 g. Il en résulte que, pour un lot de 20 000 poulets, les quantités d’eau, sous forme liquide ou de vapeur, et d’ammoniac évacuées sont particulièrement importantes : plus de 60 tonnes d’eau d’origine digestive et respiratoire et environ 40 tonnes de fientes sont rejetées dans l’environnement des animaux.

Les effets nocifs de la contamination aérienne par l’ammoniac sur l’animal sont multiples

L’ammoniac est une forme d’élimination par voie gazeuse des pertes azotées des déjections. Il représente entre 32 % et 60 % de l’azote excrété qui, lui-même, représente environ 50 % de l’azote ingéré.

L’ammoniac résulte de la dégradation de l’acide urique sous l’action de nombreux microorganismes uricolytiques (bactéries et champignons en particulier) dont le développement est favorisé par l’excès d’humidité et un pH supérieur à 8. Il est considéré comme le gaz le plus nocif présent dans les poulaillers en raison de son caractère toxique et irritant, à la fois pour l’animal et pour l’homme. Chez les volailles, les effets de la contamination aérienne par l’ammoniac sont multiples :

- il affecte le rythme respiratoire, la ventilation pulmonaire, ainsi que le niveau des échanges d’oxygène ;

- il favorise et exacerbe les affections respiratoires comme la rhinotrachéite infectieuse, la maladie de Newcastle, la laryngo-trachéite infectieuse, l’influenza aviaire, les colibacilloses respiratoires ou encore les mycoplasmoses respiratoires ;

- il occasionne des kératoconjonctivites ;

- il augmente l’incidence de la pododermatite plantaire qui résulte d’une inflammation des coussinets plantaires avec la possibilité de complications septiques par des germes opportunistes ;

- il affecte le niveau de l’ingéré alimentaire ;

- il accroît la nervosité des animaux ;

- il induit un stress et une baisse des défenses immunitaires ;

- il constitue un facteur de réduction de la prise vaccinale pour la bronchite infectieuse et la maladie de Newcastle.

L’ammoniac est responsable de maladie professionnelle chez l’homme

L’ammoniac, outre son effet chez l’animal, présente également des risques pour le personnel et l’environnement. Ainsi, pour les personnes qui travaillent en élevage, ce gaz est responsable du développement de maladies respiratoires professionnelles. Ces dernières sont dues en partie à l’exposition chronique (plusieurs années) aux polluants présents dans l’air des bâtiments de l’exploitation.

Un taux de 5 ppm est détectable par l’homme, un taux compris entre 6 et 20 ppm peut entraîner une irritation oculaire et de l’appareil respiratoire, un taux de 40 ppm occasionne des maux de tête, des nausées et une perte d’appétit, un taux de 100 ppm provoque une irritation des muqueuses, de la salivation, ainsi que des écoulements nasaux.

A plus grande échelle, le caractère nauséabond de l’ammoniac et des autres gaz peut être à l’origine de plaintes de la part du voisinage. Ses propriétés physiques, qui en font un gaz à effet de serre, pourraient également contribuer à la dégradation de l’image des élevages de volailles aux yeux des consommateurs.

Un excès d’humidité occasionne des troubles organiques et des baisses de performances

Par ailleurs, le taux d’ammoniac augmente lorsque le pourcentage d’humidité s’élève. Or les effets négatifs d’une litière humide sur l’animal sont un autre point à prendre en considération dans la conduite d’élevage. Chez l’animal, un excès du taux d’humidité à ce niveau occasionne des troubles organiques et des baisses de performances. En effet, une litière humide :

- augmente le risque de maladies parasitaires comme les coccidioses ;

- mouille les doigts des volailles, ce qui entraîne des lésions des coussinets ;

- favorise l’apparition des boiteries consécutives à la pénétration de germes causant arthrite, dermatite, etc., ainsi que des difficultés de déplacement (voir photo 1) puis une baisse de l’ingéré ;

- augmente l’incidence des lésions œdémateuses du bréchet ;

- réduit la qualité de carcasse et accroît le taux de saisies ;

- accroît indirectement l’hétérogénéité des lots.

Respecter les densités d’élevage, contrôler la ventilation et garder une litière sèche

Pour toutes les raisons évoquées, il est nécessaire de mettre en place une gestion efficace du bâtiment. Il convient de respecter et d’adapter les normes de densité d’élevage. Il est par ailleurs incontournable de procéder au contrôle de la ventilation. Le renouvellement d’air à l’intérieur du bâtiment est indispensable afin d’éliminer l’humidité qui résulte de la litière, du gaspillage d’eau lié au débordement des abreuvoirs lorsque les animaux boivent, de la condensation, ainsi que pour évacuer les gaz nocifs.

Il faut aussi surveiller l’état de la litière. Cette dernière doit être de bonne qualité, suffisamment abondante et doit demeurer sèche (voir photo 2). L’utilisation de nouveaux produits aujourd’hui disponibles sur le marché, dits “asséchants de litière”, pourra être envisagée à l’avenir. Enfin, il convient de rechercher le meilleur compromis entre la ventilation et la température afin d’optimiser la courbe de croissance des animaux.

Une directive européenne oblige les éleveurs à limiter les émissions de gaz à effet de serre

A l’heure actuelle, il n’est plus acceptable de ne pas tenter de réduire les émissions de gaz à effet de serre dans les élevages. En Europe, une directive communautaire oblige ainsi les éleveurs à les limiter via le Best Available Technology Not Entailing Excessive Cost (Batneec)(1). Les produits qui répondent aux exigences du Batneec doivent être efficaces, rentables économiquement, mais ils doivent également respecter l’environnement, l’animal, ainsi que l’utilisateur.

Dans le même but, en France, des programmes régionaux de qualité de l’air (PRQA) ont été établis. Par ailleurs, des méthodes innovantes, qui incluent l’utilisation d’inhibiteurs de l’ammoniac et de bloquants des uréases, ont fait une apparition remarquée en tant que moyens efficaces de réduction de la pollution par l’ammoniac. Certains produits, par exemple l’Amonase 300TM (qui est un produit naturel), sont utilisés dans le monde entier en élevage de porcs, de volailles et de bovins en tant qu’asséchants de litière pour réduire les émissions d’ammoniac et pour améliorer le bien-être des animaux et des éleveurs.

  • (1) Meilleure technologie n’entraînant pas un coût excessif.

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