Pour lutter contre le surpoids, le mitratapide bloque la résorption des lipides - La Semaine Vétérinaire n° 1255 du 03/02/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1255 du 03/02/2007

Obésité canine. Yarvitan®, premier médicament inhibiteur des MTP

Actualité

Auteur(s) : Eric Vandaële

Le surpoids et l’obésité concernent de 35 à 40 % des chiens et entraînent des conséquences sur la survenue d’affections chroniques, l’arthrose et les maladies cardiovasculaires entre autres. Dans ce contexte, le directeur France de Janssen, Patrick Sorin, se déclare « fier d’être le premier laboratoire mondial à présenter un médicament – Yarvitan® – pour aider à la lutte contre le surpoids et l’obésité », un phénomène dont « tout le monde parle ». Chez l’homme, comme chez le chien, les mêmes causes, sédentarité et nourriture trop abondante, produisent ainsi les mêmes effets sur le poids, la santé et, surtout, sur l’accumulation d’une proportion excessive de graisses (> à 20 % en cas de surpoids, > 30 % en cas d’obésité chez le chien).

Janssen s’apprête ainsi à lancer, le 1er mars, Yarvitan®, le premier traitement médical « d’aide à la prise en charge du surpoids et de l’obésité chez les chiens ». Cette approche médicale de l’obésité est aussi innovante par la molécule utilisée, le mitratapide, sans équivalent en médecine humaine. Le mitratapide est « un puissant inhibiteur de la protéine microsomale de transfert des triglycérides (MTP) au niveau des entérocytes », indique l’Agence européenne du médicament (EMEA). Cette action dose-dépendante est périphérique, sur les entérocytes, et non centrale comme dans les médicaments “coupe-faim”. Le mitratapide ne diffuse d’ailleurs pas dans le système nerveux central. Le transfert des lipides alimentaires de la lumière intestinale vers la circulation sanguine est inhibé au niveau des entérocytes. Cela conduit à « une résorption réduite des lipides alimentaires qui restent bloqués dans les entérocytes, d’où une présence accrue de gouttelettes lipidiques dans ces cellules. Une diminution dose-dépendante en cholestérol sérique en triglycérides est aussi notée ».

Cette action périphérique conduit à observer également un effet satiétogène, avec une diminution, voire une perte d’appétit. Ce médicament n’est évidemment pas recommandé chez les jeunes chiens encore en croissance, mais seulement chez les adultes âgés de plus de dix-huit mois. Il s’agit d’une aide médicale ponctuelle à la perte de poids et non d’un traitement “à vie” des chiens qui ont tendance à grossir. Ce traitement s’inscrit donc « dans le cadre d’un programme global de prise en charge du poids incluant des modifications du régime alimentaire et/ou du style de vie (augmentation de l’exercice) », souligne l’EMEA.

Un schéma 3-2-3 pour une perte de poids de 5 à 10 % en huit semaines

Le schéma thérapeutique validé comprend trois semaines de traitement, deux semaines de “repos”, puis à nouveau trois semaines de traitement. La solution orale s’administre avec le repas pour augmenter la biodisponibilité de la molécule (de l’ordre de 55 à 69 %) à la dose de 0,63 mg/kg/j soit 1 ml/8 kg. La restriction alimentaire peut être prescrite dès le premier jour de traitement (J1) ou après la première période de traitement (J21) pour éviter la reprise de poids durant la période sans traitement. Le chien est pesé de nouveau pour ajuster la dose d’emploi avant la seconde période de cure de trois semaines (J35). « Le traitement devrait être limité à un seul cycle complet 3-2-3 par chien », indique l’Agence européenne du médicament. Les résultats des deux essais cliniques multicentriques comparatifs contre placebo chez 360 chiens au global permettent de l’espérer (voir figure). Les deux tiers des chiens traités par Yarvitan® présentent une perte de poids supérieure à 5 % et la moitié une perte de poids de 7,5 % en huit semaines. Un second cycle 3-2-3 est possible après quatre semaines sans traitement en cas de résultat jugé insuffisant ou de “rechute”.

Les effets indésirables sont décrits comme « bénins, transitoires, dose-dépendants et réversibles à l’arrêt du traitement » et avec une incidence environ du double par rapport au placebo dans les essais cliniques. Il s’agit de vomissements, de diarrhées ou de selles molles, plus rarement de léthargie. Le fort taux de liaison du mitratapide aux protéines plasmatiques (> 99 %) n’a pas conduit à observer des interactions avec les AINS ou IECA qui présentent aussi de tels taux élevés de liaison aux protéines plasmatiques.

La solution buvable sera conditionnée dans des flacons (avec seringue doseuse) de trois tailles différentes : 55 ml (soit un cycle complet 3-2-3 d’un chien jusqu’à 10 kg), 120 ml (pour un chien jusqu’à 22 kg) et 210 ml (jusqu’à 40 kg).

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