Les cristalloïdes permettent une expansion volumique rapide - La Semaine Vétérinaire n° 1254 du 27/01/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1254 du 27/01/2007

Choix du soluté de réanimation

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Alexandre Balzer

Fonctions : Titulaire d’un CEAV
de médecine interne, praticien
à Bellerive-sur-Allier (Allier).
Article issu de la conférence « Urgence, réanimation, imagerie : les abdomens aigus » présentée le 4/11/2006 lors d’une journée organisée par l’Afvac Centre à Vichy.

La fluidothérapie représente une étape essentielle du traitement lors d’abdomen aigu. Si le choix du soluté dépend de l’état de l’animal, certaines constantes existent.

Les abdomens aigus comprennent un ensemble d’affections abdominales. Selon les causes, les méthodes et les moyens de réanimation diffèrent. Connaître les différents modes d’action et les effets de tous les solutés disponibles est essentiel afin de sélectionner le plus adapté à la situation et à l’animal. Il est évident que les caractéristiques du soluté à choisir ne sont pas identiques lors d’une dilatation-torsion de l’estomac, d’une obstruction urétrale ou encore d’une rupture de la rate.

L’eau, qui représente environ 60 % du poids vif de l’animal, se répartit en trois secteurs distincts : le secteur intracellulaire (deux tiers de l’eau ou 40 % du poids du corps), le secteur extracellulaire (un tiers de l’eau ou 20 % du poids du corps) et, enfin, l’eau indisponible, en faible quantité. Le secteur extracellulaire peut encore être subdivisé en deux milieux : le milieu circulant (25 % de l’eau de ce secteur) et le milieu interstitiel (75 % de l’eau de ce secteur). L’équilibre est maintenu grâce à la pression hydrostatique (due à la pompe cardiaque), à la pression oncotique (due aux concentrations protéiques) et à la loi de l’osmose.

Lors de l’apparition de déséquilibres, certains secteurs peuvent être appauvris en eau. Un pli de peau persistant et l’enfoncement des globes oculaires sont observés quand le milieu interstitiel manque d’eau. Lorsque les pertes concernent le milieu circulant, de la tachycardie apparaît. Pour leur part, la soif ou la perte de poids sont caractéristiques d’une perte d’eau dans le secteur intracellulaire.

Les solutés de réanimation doivent remplir trois objectifs majeurs

Pour un bon remplissage vasculaire, il convient d’utiliser un soluté avec un fort pouvoir d’expansion volumique (PVE), ainsi qu’une action rapide et durable. Le PVE est une notion qui intègre la quantité de liquide qui reste dans le milieu intravasculaire après la perfusion de ce liquide.

Pour corriger une déshydratation, le soluté doit avoir une action rapide, diffuse dans le secteur intéressé et permettre une correction pour certains électrolytes.

Afin de relancer la diurèse, il est nécessaire de privilégier un soluté à action rapide, sur une courte durée, avec une élimination urinaire. Une faible concentration en potassium et un pH élevé sont de mise.

Les solutés classiquement disponibles sont le Ringer lactate, le glucose à 5 %, le bicarbonate de sodium, le NaCl à 0,9 %, le NaCl à 7,5 % et les macromolécules.

Le pouvoir d’expansion du Ringer lactate est limité à 25 % environ, pour une durée de deux heures. Lors de son utilisation, 75 % du volume perfusé passent dans le milieu interstitiel en quelques minutes. Ce soluté agit en augmentant la pression hydrostatique du sang et en créant une hémodilution.

Le glucose à 5 % est une solution isotonique d’eau sucrée sans aucun électrolyte. Le glucose étant rapidement métabolisé, perfuser avec du glucose à 5 % revient à perfuser de l’eau pure. Par osmose, 92 % du volume injecté diffuse dans les différents secteurs hydriques ; seuls 8 % restent dans le milieu vasculaire.

Le bicarbonate de sodium a essentiellement pour but de corriger les états d’acidose, par exemple lors d’intoxication à l’éthylène glycol ou de syndrome de Fanconi. Il est particulièrement utile pour des corrections de la réserve alcaline lorsque celle-ci est inférieure à 15 meq/l (valeur normale : 25 mEq/l). La quantité à perfuser est à calculer avec rigueur selon la formule : quantité de bicarbonates (mEq) = PV (kg) x 0,3 x déficit de la réserve (mEq). Ainsi, pour un animal de 20 kg dont la réserve alcaline est de 10 mEq/l, il faut perfuser 90 mEq (20 x 0,3 x 15). La moitié sera perfusée en trente minutes, l’autre en six heures.

Le NaCl à 0,9 % possède un pouvoir d’expansion de 25 %, pour une durée de deux heures. Comparativement au Ringer lactate, la différence est essentiellement une absence d’apport de potassium et un pH un peu plus élevé. Ce soluté agit en augmentant la pression hydrostatique du sang et en créant une hémodilution. Le pouvoir d’expansion du NaCl à 7,5 % est de 500 %. En effet, il se produit un fort appel d’eau par phénomène d’osmose en direction du milieu circulant, et cela au détriment des autres secteurs hydriques. Il est ainsi nettement contre-indiqué en cas de déshydratation. La durée d’action du NaCl à 7,5 % est de vingt minutes environ.

Un soluté macromoléculaire maintient l’eau dans le secteur vasculaire plus de six heures

Le pouvoir d’expansion des macromolécules (cristalloïdes) est de 100 à 140 %, pour une durée d’action de six heures environ. Aucun mouvement hydrique n’a lieu lors de la perfusion d’un tel soluté. Le volume à perfuser est donc égal aux pertes. Trois types de solutés contenant des macromolécules existent : les gélatines fluides modifiées (Plasmibel®, Plasmion®), les dextrans (Plasmacair®) et les hydroxylamidons (HEA, Elohes®, Hesteril®, Voluven®). Ces solutés présentent des qualités volumiques croissantes.

Le choix du soluté dépend, bien entendu, de l’observation clinique, mais certaines constantes sont observées selon les affections lors d’abdomen aigu.

En cas de pertes sanguines, un remplissage vasculaire efficace est recherché. Lors d’hypovolémie faible, un soluté cristalloïde isotonique est suffisant, au débit de 5 à 10 ml/kg/h. Lors d’hypovolémie moyenne, un soluté isotonique est également appréciable. Le débit est simplement augmenté à 30 ml/kg/h pendant vingt minutes avant de revenir à un débit de 5 à 10 ml/kg/h. Lors d’hypovolémie sévère, un soluté colloïde au débit de 5 ml/kg/h pendant dix minutes permet un rattrapage de la volémie avant un entretien par un soluté cristalloïde isotonique au débit de 10 ml/kg/h.

Pour relancer la diurèse, le soluté de choix est le NaCl à 0,9 % ou, éventuellement, le Ringer lactate. Le volume et le débit de la perfusion dépendent de la quantité d’urine émise après la levée de l’obstruction.

En présence d’un pyomètre, le but est de lutter contre la déshydratation intracellulaire (soif) et extracellulaire (pli de peau persistant et urémie) par l’emploi alternatif de glucose à 5 % et de Ringer lactate, à raison de deux tiers de glucose pour un tiers de Ringer.

Lors de pancréatites, de péritonites et d’obstructions, les solutés ont pour but de corriger une éventuelle déshydratation. Le volume à perfuser est alors calculé par la formule suivante : volume (l)= poids (kg) x taux de déshydratation. Cette quantité peut être majorée par une correction des pertes. Elle s’élève à 20 ml/kg/j en cas de diarrhée et à 4 ml/kg/effort en cas de vomissement.

En présence de syndrome de dilatation torsion de l’estomac, le choc hypovolémique provient de la compression des veines cave et porte. En raison des grandes quantités à perfuser, il est intéressant de commencer par 4 ml/kg de NaCl à 7,5 %, puis 20 ml/kg de HEA et, enfin, de prendre le relais avec du Ringer lactate.

Le choix du soluté est raisonné. Si à chaque situation correspond un soluté idéal, il convient de garder en mémoire que l’examen clinique prime et que le choix dépend aussi de l’état de l’animal.

  • Voir aussi l’article « Fluidothérapie et remplissage vasculaire » par Julien Guillaumin, Le Point vétérinaire, n° 263, mars 2006, pp. 32-37.

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