Le taux de succès du traitement médical est élevé lors de dysfonctionnement cæcal - La Semaine Vétérinaire n° 1254 du 27/01/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1254 du 27/01/2007

Les troubles digestifs chez les chevaux hospitalisés

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Isabelle Desjardins

La nécessité d’une intervention chirurgicale sans essai de traitement médical préalable est à reconsidérer.

Le dysfonctionnement cæcal est caractérisé par une impaction et/ou une distension cæcale. Les facteurs de son apparition chez des chevaux hospitalisés pour tout autre motif médical ou chirurgical (excluant les coliques) ont fait l’objet d’une étude rétrospective conduite à l’université de Montréal entre 1984 et 2004. Trente-deux chevaux d’âges et de races variés ont été inclus. 68,7 % d’entre eux avaient subi une intervention chirurgicale orthopédique, 12,5 % une opération des tissus mous, 15,6 % une procédure mineure (trépanation sinusale ou sternothyrohyodectomie) ou étaient hospitalisés pour un autre motif (infection orthopédique, pneumonie sévère) (3,2 %). Tous les chevaux avaient reçu des antibiotiques, des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS, diverses molécules) et avaient été soit anesthésiés (81 %), soit tranquillisés (19 %).

Les signes qui précèdent le dysfonctionnement cæcal sont majoritairement non spécifiques

Les signes cliniques les plus fréquents précédant le dysfonctionnement cæcal étaient une diminution de la fréquence de défécation (81,2 %), une baisse ou une absence de borborygmes intestinaux (68,7 %), de la dysorexie à l’anorexie (59,3 %) et des signes d’inconfort abdominal (46,8 %).

Vingt-quatre chevaux, soit 75 %, ont reçu un traitement médical seul, et un cheval est mort rapidement de rupture cæcale une fois le diagnostic établi. Le traitement médical mis en œuvre après l’identification du dysfonctionnement cæcal par palpation transrectale a consisté en l’administration d’eau, d’huile minérale et/ ou de sulfate de magnésium, ainsi qu’en une fluidothérapie intraveineuse cristalloïde (1 à 4 l/h) et la marche en main.

Sept chevaux (22 %) ont subi une opération (laparotomie exploratrice ventrale et typhlotomie, avec ou sans by-pass), sans essai de traitement médical, en raison des risques de rupture cæcale que les propriétaires ne voulaient pas prendre. Le délai diagnostique, c’est-à-dire le temps écoulé entre le premier symptôme évocateur noté et le diagnostic par palpation transrectale n’était pas significativement différent entre les deux groupes (de zéro à quatre jours versus de zéro à neuf jours). Une différence significative a été mise en évidence entre le délai diagnostique et la durée du traitement subséquent.

La durée de l’hospitalisation était comprise entre quatre et trente-huit jours pour le groupe “traitement médical” et entre quatre et quarante-sept jours pour le groupe “traitement chirurgical”. Une différence significative existait entre la durée du traitement médical (en moyenne 4,6 jours) et la durée du traitement postchirurgical (en moyenne vingt-six jours).

87,5 % des chevaux à traitement médical exclusif ont survécu au lieu de 71 % des chevaux opérés. Un tiers des chevaux pour qui un traitement médical été instauré ont développé des complications : rupture cæcale (12,5 %), diarrhée (8,3 %), endotoxémie (4,1 %), thrombophlébite septique (4,1 %) ou hyperlipémie (4,1 %). En revanche, 100 % des chevaux à traitement chirurgical ont développé des complications : rupture cæcale (28,6 %), coliques récurrentes (28,6 %), infection de plaie de laparotomie (57,1 %), pneumonie (14,3 %), salmonellose (14,3 %), iléus (14,3 %), ulcères gastriques (14,3 %), thrombophlébite septique (14,3 %) et insuffisance rénale aiguë (14,3 %).

Suivre la production de crottins, l’appétit, les bruits digestifs

Les auteurs concluent que le taux de succès du traitement médical est élevé lors de dysfonctionnement cæcal chez les chevaux hospitalisés et que la nécessité d’une intervention chirurgicale sans essai de traitement médical préalable est à reconsidérer, d’autant que l’incidence des complications postopératoires est élevée.

Le suivi attentif de la production de crottins, de l’appétit, des bruits digestifs et des palpations transrectales quotidiennes en cas de doute permet d’identifier précocement les dysfonctionnements cæcaux et de limiter le degré de distension, d’atonie et de rupture cæcale par un traitement agressif approprié.

  • Source : M. A. Schambourg, S. Laverty, M. Marcoux : « Dysfonctionnement cæcal chez 32 chevaux hospitalisés », conférence présentée au congrès de l’Avef, Versailles, le 12/10/2006.

VOIR AUSSI

• R. Launois : « Que pouvons-nous offrir en chirurgie digestive et avec quel pronostic ? », Pratique Vétérinaire Equine, 2006, vol. 38, numéro spécial “Chirurgie équine”, pp. 107-117

• F. Pénide, B. Baup : « L’impaction du cæcum nécessite un traitement rapide. L’option chirurgicale est à retenir lors de non-réponse au traitement médical », La Semaine Vétérinaire, 2002, n° 1055, p. 24.

• P. Cirier : « Principes généraux du traitement des coliques en pratique ambulatoire », Pratique Vétérinaire Equine, 2005, vol. 37, n° 145, pp. 27-31.

• X. Gluntz : « Pièges de l’examen du cheval en coliques », Pratique Vétérinaire Equine, 2005, vol. 37, n° 145, pp. 15-19.

• X. Gluntz : « Examen clinique du cheval en coliques », Pratique Vétérinaire Equine, 2005, vol. 37, n° 145, pp. 7-13.

• X. Gluntz : « Les coliques font partie des urgences », Pratique Vétérinaire Equine, 2005, vol. 37, n° 145, p. 3.

• P. Cirier, X. Gluntz : « A propos d’un cas d’intussusception iléocædale traitée sans anastomose », Pratique Vétérinaire Equine, 2003, vol. 35, n° 139, pp. 47-51.

• P. Cirier, X. Gluntz : « A propos d’un cas d’intussusception cæcocolique traité chirurgicalement », Pratique Vétérinaire Equine, 2003, vol. 35, n° 138, pp. 45-48.

• F. Rossignol, R. Corde : « Impaction et hypertrophie de l’iléon chez un cheval : traitement chirurgical et réalisation d’un by pass iléocæcal », Pratique Vétérinaire Equine, 2000, vol. 32, n° 126, pp. 55-61.

• K. Alexander, L. Boure, N. Cote : « Les intussusceptions cæco-coliques chez le cheval », Pratique Vétérinaire Equine, 1999, vol. 31, n° 124, pp. 43.

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