Considérez-vous que l’arsenal thérapeutique vétérinaire est suffisant ? - La Semaine Vétérinaire n° 1254 du 27/01/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1254 du 27/01/2007

Entre nous

FORUM

Des molécules mériteraient d’être plus accessibles

Arnaud Portal, praticien à Auray (Morbihan)

J’exerce une activité à 90 % canine. L’arsenal thérapeutique qui nous est proposé pour ces espèces me semble dans l’ensemble satisfaisant. Je note cependant que certaines molécules mériteraient d’être plus facilement accessibles et devraient être commercialisées par les laboratoires vétérinaires. Ainsi, la fameuse spironolactone, que j’utilise personnellement beaucoup en canine, nous est promise depuis des années. Il serait bon également de pouvoir traiter les gastrites avec des médicaments vétérinaires (oméprazole, cyproheptadine), de même que les glaucomes. Enfin, il est devenu complexe de se procurer certains anticancéreux, ce qui ne nous permet pas d’appliquer facilement les protocoles de chimiothérapie préconisés, notamment pour le traitement des lymphomes ou de certains cancers mammaires métastasés. Je suis un peu plus optimiste en ce qui concerne les morphiniques, puisque la commercialisation du butorphanol est déjà annoncée. En ce qui concerne ces traitements, j’utilise des médicaments à usage humain que je fais reconditionner assez facilement, car j’ai la chance d’avoir une épouse pharmacienne. En effet, de plus en plus d’officines rechignent à préparer les reconditionnements. Pour les chiens et les chats, les médicaments dont nous disposons sont bien adaptés, mais je n’en dirais pas autant pour les NAC. Il faut en effet se livrer à de savants calculs pour adapter les médicaments à ces espèces. Enfin, je pense qu’il est nécessaire que les laboratoires nous proposent des présentations, en vrac, même si cela occupe beaucoup de place sur nos petites étagères, car la clientèle apprécie ce type de formule.

L’arsenal est quasi nul pour certaines espèces

Philippe Vanhée, praticien à Verrières-le-Buisson (Essonne).

J’exerce une activité canine, mais surtout NAC, spécifiquement dédiée aux rongeurs domestiques (cochon d’Inde, chinchilla, rat, gerbille, souris, hamster, hamster nain, écureuil de Corée, octodon) et aux lapins de compagnie. L’arsenal thérapeutique qui nous est proposé est quasi nul pour les rongeurs et les lagomorphes qui ne représentent pas un marché suffisant. Ainsi, la possibilité d’employer des médicaments vétérinaires ou humains hors AMM, ainsi que des préparations extemporanées nous est indispensable pour essayer de pallier cette carence. J’espère que le droit persistera d’utiliser ces substances, sinon nous serions handicapés dans notre capacité de traitement. De toute façon, le peu de médicaments qui nous sont proposés concernant ces espèces ne sont pas efficaces. La majorité sont à diluer dans l’eau de boisson, alors que ce mode d’administration est inefficace chez les nouveaux animaux de compagnie.

En ce qui concerne la thérapeutique des NAC, c’est l’observance qui prédomine. Il est donc fondamental que les médicaments soient faciles à administrer. Il serait bon de voir se développer des formes liquides administrables per os, ou des formes injectables proposant des dilutions adaptées à des animaux pesant quelques grammes (souris, hamsters nains) et n’entraînant pas de nécrose locale au point d’injection. Je pense que le marché du lapin nain (600 000 en 1997) est non négligeable. Quelques médicaments spécifiques pourraient se révéler rentables pour les laboratoires…

La tendance globale est à la diminution de l’arsenal thérapeutique dont nous disposions

Emmanuel Lagarde, praticien à Lignières (Cher).

Praticien en rurale, je m’inquiète de la disparition de médicaments que nous utilisions fréquemment, et qui sont remplacés par des molécules beaucoup plus complexes et onéreuses. Nous avons ainsi assisté à la disparition de l’acépromazine (qui n’a d’ailleurs pas trouvé de produit de substitution), du chloramphénicol ou encore de pénicillines toutes simples. La tendance globale est à la diminution de l’arsenal thérapeutique dont nous pouvions disposer. Les produits économiques et pratiques sont désormais remplacés par des molécules certes efficaces, mais coûteuses. Ces changements handicapent évidemment les éleveurs, d’une part en raison de l’augmentation du coût des traitements et d’autre part en raison de la technicité que demande l’utilisation des molécules restant à notre disposition. Nous pouvons constater l’utilisation en première intention d’antibiotiques dont ce n’est absolument pas l’indication principale. Attendons-nous ainsi à voir apparaître dans l’avenir des souches bactériennes résistantes. En ce qui concerne les bovins, nous avons encore le choix des traitements et, d’une façon générale, j’emploie des produits avec AMM. Il est beaucoup plus difficile de n’utiliser que des médicaments avec AMM (qui n’existent qu’en faible nombre) pour d’autres espèces comme les chevaux ou les caprins. Cette situation n’est pas sans conséquence, il est ainsi facilement possible d’être confronté à des problèmes d’efficacité ou de résidus dans le lait des caprins, car les médicaments que nous utilisons ne sont pas adaptés au métabolisme de ces animaux. Je constate également qu’il est de plus en plus difficile de se procurer certains produits. Nous pouvons ainsi regretter qu’il faille se rendre dans les pharmacies des hôpitaux pour obtenir certains anticancéreux (cisplatine par exemple), ce qui n’est pas évident dans le cadre d’un exercice en zone rurale, à plus de 80 km du premier CHU.

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