Limiter les complications évite le syndrome de dysfonctionnements organiques multiples - La Semaine Vétérinaire n° 1252 du 13/01/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1252 du 13/01/2007

Gastro-entérologie et gestion postopératoire

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ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Isabelle Desjardins-Pesson

Après une chirurgie de colique, une évaluation clinique et un suivi de laboratoire réguliers sont essentiels.

Les complications majeures des chirurgies de colique sont l’endotoxémie, la nécrose ischémique des segments intestinaux lésés, l’hypo­protéinémie et la diarrhée. L’endotoxémie modérée à sévère conduit régulièrement à un syndrome de dysfonctionnements organiques multiples.

La surveillance clinique est étroite pendant quarante-huit heures

Les chevaux sont surveillés étroitement pour tout changement d’attitude, d’appétit, toute douleur, distension abdominale, la production et la consistance des crottins et les mictions. Toutes les quatre à six heures, pendant vingt-quatre à quarante-huit heures, les fréquences cardiaque et respiratoire, la température, les bruits digestifs, la couleur des muqueuses et le temps de remplissage capillaire (TRC) sont notés. Si un dysfonctionnement gastro-intestinal ou une endotoxémie sont suspectés, un tube naso-gastrique est passé pour vérifier l’absence de reflux. Une palpation transrectale est indiquée en cas de douleur ou de distension abdominale.

Si une diarrhée se déclare, le cheval doit être isolé et des salmonelles ou des toxines clostridiennes sont recherchées dans les crottins.

Une tachycardie modérée (50 à 70 bpm) est habituellement présente dans les douze à vingt-quatre heures après la chirurgie, puis la fréquence cardiaque diminue rapidement.

La fréquence respiratoire varie, une tachypnée peut indiquer une douleur (abdominale ou autre) ou une complication respiratoire (pleuropneumonie par exemple).

Une hyperthermie suggère une endotoxémie ou une infection qui doit être identifiée.

Les bruits gastro-intestinaux sont réduits naturellement dans les vingt-quatre premières heures. Les muqueuses doivent être humides et le TRC inférieur à deux secondes chez les chevaux bien hydratés. La plaie de laparotomie est surveillée quotidiennement pour la présence d’écoulements. Dans ce cas, un prélèvement bactériologique est soumis et un traitement antibiotique décidé selon les résultats de l’antibiogramme.

Il importe d’évaluer le poids du cheval plusieurs fois par semaine, surtout chez les juments gestantes ou en lactation et chez les animaux qui ont développé des complications.

En matière de suivi de laboratoire, l’hématocrite et les protéines totales sont à vérifier toutes les six à douze heures pendant soixante-douze heures après l’intervention. Une hyperfibrinogénémie légère à modérée est fréquente après une laparotomie. Une baisse soudaine du fibrinogène sanguin peut indiquer une coagulopathie (coagulation intravasculaire disséminée).

Les électrolytes et l’équilibre acido-basique sont aussi surveillés et corrigés si nécessaire. Le calcium ionisé, le magnésium, le potassium sont souvent bas chez les chevaux après l’opération pour coliques en raison d’une endotoxémie. Une fluidothérapie intraveineuse est envisagée immédiatement si la créatinine sanguine est anormalement élevée.

La densité urinaire spécifique est suivie. Un cheval bien hydraté et qui reçoit des fluides intraveineux a une urine isosthénurique.

Les traitements de soutien permettent de limiter l’apparition de complications

La fluidothérapie intraveineuse isotonique et polyionique est le traitement de support principal des chevaux en phase postopératoire. De 1 à 100 ml/kg/h sont administrés pour contrer les effets cardio-vasculaires de l’endotoxémie. Le débit est augmenté si le cheval montre des signes de choc endotoxique. La mesure de la pression veineuse centrale peut être utilisée pour évaluer les effets de la fluidothérapie.

Les colloïdes sont des solutions contenant des molécules de haut poids moléculaire qui augmentent la pression oncotique du plasma et, secondairement, le volume plasmatique. Ceci permet d’accroître la pression artérielle, le débit cardiaque et la libération d’oxygène. Ils sont conseillés lors d’endotoxémie (pour augmenter l’expansion du volume plasmatique) et lors d’hypo­protéinémie. Le plasma est un colloïde naturel qui accroît le taux protéique et apporte des protéines actives, comme l’antithrombine III, des protéines de la phase aiguë, du complément, des facteurs de coagulation et des anticorps anti-endotoxines. De 2 à 4 ml/kg sont nécessaires pour maintenir le taux protéique plasmatique au-dessus de 40 g/l.

Les antibiotiques sont administrés avant l’intervention et dans les deux heures qui suivent le début de l’intervention, mais ils ne doivent pas être utilisés pour compenser des fautes d’asepsie. Ils permettent de limiter la dissémination des bactéries à travers la paroi intestinale endommagée. Ils peuvent favoriser l’apparition d’une diarrhée postopératoire, notamment une salmonellose ou une clostridiose, en raison du déséquilibre de la microflore qu’ils engendrent.

La flunixine méglumine est un AINS administré en routine aux chevaux qui subissent une laparotomie, pour ses propriétés anti-inflammatoires et anti-endotoxémiques.

La polymixine B à la dose de 1 000 à 5 000 UI/kg en intraveineuse deux à trois fois par jour combat l’endotoxémie. Il n’existe pas d’études prospectives évaluant ses effets chez les chevaux en coliques. Cette molécule est potentiellement néphrotoxique et neurotoxique, donc à utiliser avec précaution chez les chevaux déshydratés.

La pentoxyfylline, dérivé des méthylxanthines, améliore la déformabilité des globules blancs et rouges, la viscosité sanguine, abaisse l’agrégation plaquettaire, cause une vasodilatation et améliore la micro-circulation. Elle est donnée oralement (8,5 mg/kg toutes les douze heures).

L’héparine, aux propriétés anticoagulantes, est indiquée après l’intervention, surtout lors de volvulus du côlon, car les chevaux concernés ont tendance à développer des coagulopathies. Elle n’engendre pas de thrombocytopénie ni de baisse de l’hématocrite. Des saignements de la plaie et intra-abdominaux sont une complication possible. L’hématocrite doit être surveillé toutes les six heures au minimum. L’héparine de faible poids moléculaire est moins liée aux protéines et plus biologiquement active à faibles doses, d’où une activité prévisible.

Le support nutritionnel est indispensable en phase postopératoire de coliques. Un jeûne est maintenu pendant six à douze heures, puis la nourriture est graduellement réintroduite en trente-six à soixante-douze heures.

  • Source : conférence de Pamela A. Wilkins (université de Pennsylvanie, Etats-Unis) au congrès de l’Avef, le 13 octobre 2006 à Versailles.

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