Le porc n’est pas la source majeure des infections humaines à Yersinia enterocolitica en Suisse

L’infection humaine à Yersinia enterocolitica est commune en Europe du Nord, en Scandinavie et au Japon, et présente aux Etats-Unis et dans d’autres pays. Les gastro-entérites engendrées sporadiquement ou par foyer par les souches virulentes sont parfois suivies de séquelles rhumatoïdes inflammatoires chez l’adulte. La bactérie (Gram -) a la particularité de persister davantage sur des viandes conditionnées sous vide, et peut se développer à des températures de 0 à 42 °C. A température tiède, la salaison ou les bactéries lactiques inhibent sa croissance.

Le Bureau fédéral de santé publique de Berne (Suisse) a publié les résultats d’un programme de surveillance des résistances de Yersinia enterocolitica⁽¹⁾. Les 386 souches étudiées étaient issues de patients humains, de fèces de porcs et de viande porcine vendue au détail.

Les souches étudiées ont été testées vis-à-vis de seize agents antimicrobiens et de deux promoteurs de croissance appartenant à la famille des antibiotiques (carbadox et olaquindox), utilisés pendant vingt-cinq ans dans ce pays. Aucune souche n’apparaît résistante à ces derniers. Il en est de même pour plusieurs antibiotiques : ceftriaxone, céfuroxime, ciprofloxacine, gentamicine, kanamycine, néomycine ou polymyxine. En revanche, de hauts niveaux de résistance sont constatés vis-à-vis de l’ampicilline, de la céfalothine et de l’association amoxicilline/acide clavulanique.

Le porc ne serait pas la source majeure des infections humaines à Y. enterocolitica en Suisse. En effet, les profils de résistance des isolats identifiés dans les deux espèces diffèrent. Ainsi, moins de 10 % des isolats issus de patients et des souches issues de fèces de porcs sont résistantes à la streptomycine, au sulfonamide, à l’association triméthoprime/sulfaméthoxazole, à la tétracycline, au triméthoprime seul et au chloramphénicol, alors que les souches provenant de viande porcine vendue au détail sont toutes sensibles à ces antimicrobiens. Une différence de sérotypes apparaît aussi entre les isolats “hospitaliers” (groupes 03 et 09) et les souches issues de porcs vivants (autres groupes).

La résistance concomitante à plusieurs agents antimicrobiens est rare dans cette étude. Deux souches fécales présentant un même profil de résistance à six antimicrobiens se révèlent non liées entre elles (étude électrophorétique par détermination du “pulsotype”). Parmi les quatre isolats hospitaliers qui présentent des résistances à cinq antimicrobiens, deux sont similaires, mais ils proviennent de membres d’un même foyer.

• (1) A. Baumgartner et coll. : « Antimicrobial resistance of Yersinia enterocolitica strains from human patients, pigs and retail pork in Switzerland », Int. J. Food Microbiol., à paraître en 2007.

• Voir également www.liste-hygiene.org/YERSINIA.htm