Le pimobendane est désormais un traitement validé de l’insuffisance cardiaque - La Semaine Vétérinaire n° 1251 du 06/01/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1251 du 06/01/2007

Etude Vetscope

Formation continue

ANIMAUX DE COMPANIE

Auteur(s) : Carole Ballin

Dans cette étude, le pimobendane a permis d’améliorer significativement les symptômes et la durée de survie.

Le pimobendane bénéficie d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour la cardiomyopathie dilatée (CMD) et l’insuffisance valvulaire chez le chien dans toute l’Europe depuis les années 1997-1999, mais seulement dans l’indication CMD en France et en Suède. Dans le but d’obtenir l’extension d’indication de l’AMM à l’insuffisance valvulaire dans ces pays (obtenue en 2004), le laboratoire Boehringer-Ingelheim a mis en place l’étude Vetscope, dont les résultats viennent d’être publiés dans un article du Journal of American Animal Hospital Association(1).

Molécule inodilatatrice, le pimobendane, par ses propriétés de sensibilisateur calcique, améliore la contractilité et la relaxation du myocarde lors d’insuffisance cardiaque. Par l’inhibition de la phosphodiestérase III, il possède des propriétés vasodilatatrices. Il est également lusitrope, vasodilatateur coronarien, antioxydant et antiagrégant plaquettaire, et diminue la pression artérielle pulmonaire.

L’étude Vetscope menée conjointement, entre novembre 2001 et juillet 2003, dans plusieurs centres d’études en France, en Belgique, en Italie et en Suisse, visait à évaluer l’efficacité du pimobendane sur les symptômes et la durée de survie lors d’insuffisance cardiaque liée à une endocardiose valvulaire chez le chien, en comparaison avec un traitement de référence, le bénazépril.

Soixante-seize chiens souffrant d’insuffisance cardiaque d’origine valvulaire de classe II ou III de la classification ISACHC (c’est-à-dire symptomatiques) ont été inclus dans l’étude multicentrique internationale en double aveugle et randomisés en deux groupes de traitement, pimobendane (0,4 à 0,6 mg/kg/j en deux prises, n = 41) ou bénazépril (0,25 à 0,5 mg/kg/j, n = 35). Le furosémide (jusqu’à 8 mg/kg/j) et les anti-arythmiques étaient autorisés dans les deux groupes, à l’exclusion de la digoxine. Après une période d’observation de cinquante-six jours, l’investigateur pouvait inclure l’animal dans une période de suivi optionnelle afin d’obtenir des données sur le temps de survie à long terme. A partir de ce moment, tous les traitements complémentaires étaient autorisés. Cependant, les chiens appartenant au groupe bénazépril ne pouvaient recevoir du pimobendane, tout ajout de ce dernier dans le groupe “bénazépril” étant considéré comme un échec.

L’étude s’est effectuée en double aveugle jusqu’à J56, puis l’aveugle a été levé

L’évaluation de l’efficacité clinique est fondée sur la gravité des signes cliniques, selon la classification ISACHC, et les paramètres secondaires recueillis sont le temps de survie, les paramètres cliniques (tolérance à l’exercice, appétit, rythme respiratoire), radiographiques (J0 et J56) et échocardiographiques (J0, J7 et J56), ainsi que la dose nécessaire de furosémide.

A J56, l’évolution du score ISACHC et la survie sont significativement meilleures dans le groupe pimobendane que dans le groupe bénazépril. Une amélioration de la classe d’insuffisance cardiaque est notée dans 84 % (31/37) des cas pour le groupe pimobendane et dans 56 % (15/27) pour le groupe bénazépril (résultat statistiquement significatif, avec p = 0,023). Un retour à la classe Ib (ISACHC, asymptomatique) s’observe chez 76 % (28/37) des chiens sous pimobendane et 48 % (13/27) de ceux sous bénazépril.

Durant la période optionnelle de traitement à long terme, la survie médiane dans le groupe pimobendane (430 jours) est presque deux fois plus longue (p = 0,002, différence statistiquement significative) que dans le groupe bénazépril (228 jours).

Les exclusions pour raisons cardiaques (mort ou euthanasie d’origine cardiaque, aggravation majeure des symptômes) sont moins nombreuses dans le groupe pimobendane (2/41) que dans le groupe bénazépril (7/35).

Ces effets positifs s’expliquent sans doute par l’ensemble des propriétés du produit, mais le mécanisme principal invoqué est son effet vasodilatateur mixte qui, couplé à son action inotrope, assure le maintien du débit cardiaque, limitant ainsi la mise en route des mécanismes compensateurs.

Les principales limites de l’étude sont la subjectivité de la classification ISACHC, un nombre d’animaux restreint et l’absence de double aveugle sur le long terme.

Cependant, elles sont compensées par des valeurs objectives pour la comparaison en termes de temps de survie, des différences statistiques hautement significatives et toutes dans le sens d’une supériorité du groupe pimobendane, quel que soit le paramètre étudié.

Même si, désormais, le pimobendane peut être considéré comme un élément fondamental du traitement de l’insuffisance cardiaque liée à l’endocardiose valvulaire du chien, les résultats de l’étude Quest sont attendus pour mi-2007. La phase d’inclusion de cette étude prospective multicentrique qui vise à une comparaison du pimobendane versus bénazépril lors de maladie valvulaire dégénérative est actuellement terminée. 260 chiens atteints ont été suivis sur une période de trois ans. Jens Häggström (Suède) supervise ces travaux et le laboratoire Boehringer, leur instigateur, s’est engagé à publier tous les résultats.

  • (1) J. Am. Anim. Hosp. Assoc., 2006, n° 42, pp. 249-261.

CONFÉRENCIÈRE

Christine Drouard-Haelewyn, praticienne à Mouvaux (Nord).

Article réalisé d’après la conférence « Endocardiose valvulaire : intérêt au long terme du traitement par le pimobendane. Résultats de l’étude Vetscope », présentée lors du congrès de l’Afvac 2006.

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