Le cadeau de Noël de Bruxelles aux chevaux n’est pas celui de Paris

Depuis le 22 décembre dernier, les chevaux non exclus de l’abattage peuvent légalement être traités par des substances dites « essentielles » et normalement interdites en productions animales en raison de l’absence de limites maximales de résidus (LMR) chez les chevaux ou dans une autre espèce. La Commission européenne vient en effet de faire paraître, après un an de consultations, un règlement directement applicable en droit français, sans transposition⁽¹⁾. La première liste de médicaments essentiels aux équidés non exclus de l’abattage comprend soixante et onze substances dans de nombreuses classes thérapeutiques.

C’est la première fois depuis plus de vingt ans que les administrations européennes acceptent que des animaux “consommables” soient traités par des médicaments dont les LMR n’ont pas été évaluées.

Un temps d’attente de six mois pour les substances essentielles sans LMR

Pour les chevaux traités par ces substances théoriquement interdites en productions animales, le vétérinaire doit enregistrer les traitements sur le livret d’identification. En outre, un temps d’attente minimal de six mois devra être respecté entre la dernière administration et l’abattage. Sinon, la viande des chevaux abattus sera saisie. Toutefois, ce cadeau de Noël de Bruxelles n’est pas vraiment celui des administrations parisiennes. En effet, sur ces soixante et onze substances, vingt (28 %) ne sont matériellement pas accessibles aux praticiens français. Il s’agit alors le plus souvent de médicaments humains dits « hospitaliers » auxquels les vétérinaires n’ont pas (encore) accès. Depuis plusieurs mois, le ministre de l’Agriculture indique que « rien ne s’oppose » à la parution de la liste des médicaments hospitaliers qui deviendraient ainsi accessibles aux vétérinaires. Mais cette liste semble toujours coincée au ministère de la Santé. En outre, certains médicaments d’urgence, voire de réanimation, de la liste européenne ne sont pas du tout commercialisés en France. Et l’urgence de leur emploi ne permet pas d’engager une procédure d’importation qui nécessite aujourd’hui d’identifier le cheval bénéficiaire de tels traitements plusieurs semaines à l’avance…

Sur le terrain, les praticiens équins ont déjà, de longue date, toujours (heureusement) privilégié le traitement des chevaux par rapport à l’application excessive des textes sur les LMR. Le règlement légalise donc ces pratiques pour soixante et onze substances dont, par exemple, la griséofulvine, l’acépromazine, le métoclopramide, le diazépam, la dobutamine, l’adrénaline, la morphine et la rifampicine. En outre, la contre-indication aux chevaux non exclus de l’abattage figurant dans les notices d’emploi des médicaments équins par l’absence de LMR ou de temps d’attente apparaît désormais bien obsolète dans un nombre important de cas.

• (1) Voir sur Planete-vet.com la liste des substances essentielles et le règlement (CE) n° 1950/2006 du 13/12/2006 (JOUE du 22/12/2006).